Les syndicats de France Télécom attaquent... l’organisation du marché de la téléphonie mobile

La CFE-CGC/UNSA France Télécom - Orange a jeté un gros pavé dans la marre, demandant à l’autorité de régulation des postes et des télécommunications d’enquêter sur Free Mobile et sur la réalité de son respect de ses obligations réglementaires. Mais derrière ce qui ressemble à une attaque en règle du nouveau venu de la téléphonie mobile, c’est plutôt l’organisation de ce marché, voire même son régulateur, que visent les syndicats.

Cela ressemble à une attaque contre Free Mobile. Les syndicats CFE-CGC et Unsa ont annoncé ce mercredi 25 janvier avoir saisi l’autorité de régulation des postes et des télécommunications (Arcep), «en raison d’une forte préoccupation relative au respect par Free Mobile de ses obligations réglementaires.» Ils indiquent avoir «de fortes inquiétudes quant au niveau d’investissement réalisé par Free Mobile dans son réseau et à la couverture qui en résulte.» Ce n’est pas nouveau en soi. Le 18 janvier, déjà, les syndicats avaient émis de tels doutes. Dans un communiqué, ils écrivaient alors que «les équipes techniques d’Orange s’interrogent : le réseau de Free Mobile, supposé écouler 27 % des communications, ne serait pas activé, du moins pas dans son intégralité.» De fait, Free Mobile doit couvrir 27 % de la population en voix et 25 % en data, des chiffres calculés «à partir de la densité moyenne d’habitants dans chacune des communes.» Et surtout une obligation «effective à toute heure de la journée, notamment aux heures chargées», et correspondant à «un taux de disponibilité à l’extérieur des bâtiments, d’au moins 95 % dans la zone de couverture.»

Interrogé par la rédaction, Sébastien Crozier, porte-parole de l’intersyndicale CFE-CGC & Unsa, estime que le réseau de Free Mobile devrait écouler environ 35 % du trafic. Et de s’appuyer pour cela sur des éléments statistiques : «on sait que les gens utilisent leur mobile à 70 % de chez eux. Là où ils sont appelés. Et qu’ils préfèrent appeler avec leur mobile à cause de son répertoire.» Or, dans son communiqué, l’intersyndicale assure que «tout porte à croire que, depuis le lancement de ses services, Free Mobile a dégradé la couverture de son réseau qui assurait une couverture théorique suffisante mais n’est en réalité pas dimensionné pour faire face à une utilisation en phase commerciale.» Et d’aller jusqu’à indiquer qu’il «semblerait que Free mobile ait paramétré ou éteint ses équipements dès le lancement commercial de ses offres (donc postérieurement aux mesures effectuées par l’Arcep) pour basculer sur le réseau de son opérateur hôte.» 

Des rumeurs persistantes mettent en cause l’activation réelle du réseau de Free Mobile, voire sa configuration. Selon Xavier Niel, entendu à l’Assemblée Nationale ce mercredi 25 janvier, Bouygues Telecom aurait même envoyé des huissiers contrôler la réalité de sa couverture. Mais selon Xavier Niel, Free aurait activé un millier d’antennes sur le territoire. Une polémique injustifiée ? Peut-être tout simplement un faux débat : comparées aux ressources en fréquences dont disposent ses concurrents, Free n’a pas vraiment d’autre choix que celui d’adopter une stratégie du coucou. Pour son lancement, mais probablement aussi de manière durable. Sébastien Crozier résume ainsi la situation : «si Free est un super MVNO, il faut le dire !» Et de renvoyer l’Arcep et l’État dos-à-dos.

Car pour Sébastien Crozier, cette demande d’enquête vise autant Free Mobile que le régulateur, que l’intersyndicale entend mettre «face à ses contradictions.» Mais derrière l’Arcep, c’est en fait le législateur qui est visé, avec sa définition des «conditions d’organisation du marché.» Pour le président de la CFE-CGC/UNSA, «l’hyper-concurrence est destructrice d’emplois et de valeur.» Et de souligner les délocalisations «depuis 10 ans» dans le secteur des télécommunications, avant de déplorer l’absence d’obligations sur l’emploi et l’investissement dans les licences 4G. Dans plusieurs communiqués précédents, l’intersyndicale évoquait une perte «vraisemblable» de plus de 10 000 emplois.

Pour Sébastien Crozier, il s’agit de «dénoncer systématiquement toutes les composantes de ce qui détruit de l’emploi et de l’investissement.» La course au low cost semble en être une : «on casse des emplois et on ne les remplace pas.» D’ailleurs, il n’oublie pas les offres des trois opérateurs principaux : «tout le monde s’est lancé dans une logique de low cost. Nous pensons que c’est un souci.» Sosh, par exemple, «pose des tas des problèmes. Il y a destruction des marges mais surtout perte de la part variable des commerciaux dans les boutiques» qui, quand ils ne sont pas occupés à autre chose, ne rechigneraient pas à aider les clients à prendre un abonnement Sosh sur Internet...

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