Inde : travailler plus pour gagner… autant

Le discours officiel ne change que très peu : la crise est là, mais elle ne devrait que marginalement toucher les SSII indiennes, voire même les renforcer à long terme. Sur le terrain, pourtant, les conséquences de la crise se font déjà sentir, avec un allongement officieux du temps de travail.

Officiellement, la plupart des employés de SSII indiennes sont censés travailler 8 heures par jour. Et tant pis si, dans la bouche du syndicaliste Karthik Shekkar, ces 8 heures semblent parfois se transformer en 16 : les conditions de travail dans les SSII indiennes manquent de transparence. Reste que, plus ou moins officiellement, les SSII indiennes commencent, crise oblige, à demander à leurs collaborateurs de travailler plus longtemps, sans compensation financière particulière.

Selon nos confrères de Times of India, TCS a déjà demandé une heure de labeur quotidien supplémentaire à ses salariés. Mais la SSII indienne n’est pas seule dans ce cas : la filiale indienne d’Accenture aurait suivi le mouvement en demandant, dans une circulaire interne, une heure de plus par jour à ses salariés à compter du premier janvier prochain. Portant ainsi le temps de travail officiel hebdomadaire de 40 à 45 heures.

Contrôles des horaires drastiques

Chez HCL Technologies, la journée de travail dure 9 heures, depuis octobre 2006, contre 9 h 30 chez Wipro et 9 h 15 chez Infosys. Comme nous l’ont indiqué des salariés de SSII rencontrés en Inde, les horaires étaient jusqu’ici assez flexibles. Désormais, selon Times of India, les contrôles seraient drastiques.

L’augmentation du temps de travail permet notamment aux SSII indiennes de protéger leurs marges alors que leurs clients devraient augmenter la pression sur les prix, sinon chercher à obtenir une facturation au forfait, indépendante du temps de réalisation, mais qui ne représente actuellement que 30 % environ des projets dans les SSII indiennes.

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De plus en plus de syndiqués

Mais ce contexte pourrait aussi servir de tremplin au syndicat Unites dont nous avions rencontré le secrétaire général, Karthik Shekkar, à Bangalore au mois de juillet 2008. Dans un entretien avec nos confrères du quotidien indien Business Standard, Karthik Shekkar revendique ainsi « une augmentation conséquente » du nombre de ses adhérents depuis deux mois, soit désormais 10 % des 2 millions de salariés des SSII et entreprises de BPO en Inde.

Unites projette d’engager une procédure à l’encontre des SSII installées en Inde qui cherchent à faire travailler leurs collaborateurs au-delà des 8 heures quotidiennes prévues par la législation indienne, dans l’Indian Factories Act de 1948. De leurs côtés, les SSII se défendent en assurant ne pas dépasser la limite légale de 48 heures hebdomadaires.

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Des situations disparates

Les cinq principales SSII indiennes continuaient, lors de leur dernier trimestre fiscal, d’afficher des marges brutes confortables – jusqu’à plus de 45 % pour TCS – exception faite de Wipro, à 29,4 %. La marge brute de ce dernier recule d’ailleurs doucement mais régulièrement depuis le second trimestre 2006.

En effet, le résultat brut de Wipro a clairement fléchi au cours du troisième trimestre 2008 ; celui de HCL Technologies et celui de Satyam semblent également se stabiliser, sinon commencer à refluer.

Les prochains résultats trimestriels des SSII indiennes sont attendus pour la mi-janvier. Ils seront probablement observés avec une grande attention.

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