La crise américaine éclipse les résultats de Sun

Le constructeur américain a vu ses ventes ralentir fortement au premier semestre 2008, le dernier de son exercice fiscal. Ce ralentissement a affecté fortement ses résultats. L'offre de serveurs haut de gamme est l'une des premières victimes du tassement de la croissance, et les ventes de serveurs d'entrée de gamme, quoiqu'en forte progression, ne suffisent pas encore à compenser le recul de l'activité historique du constructeur. Quand à la stratégie Open Source, elle peine pour l'instant à porter ses fruits, du moins dans les comptes de Sun.

2008 ne restera sans doute pas dans les annales pour Sun Microsystems. Le constructeur de serveurs, connu aussi pour ses solutions logicielles autour de Java et pour sa base de données MySQL, a en effet vu ses ventes stagner (+0,1% par rapport à 2007) et son bénéfice net reculer de près de 15% à 403 M$. Plus grave pour Sun, l'année s'est particulièrement mal terminée, notamment du fait de la contraction des dépenses des entreprises aux Etats-Unis.

Sun avait déjà annoncé un recul de ses ventes pour son 3e trimestre fiscal (-0,5%) et ce recul s'est accentué au 4e trimestre (-1,4%). La progression de la marge brute, notamment liée à la réduction de l'effort de R&D et à des mesures d'économies, a toutefois permis de limiter la casse côté résultat. Pour l'ensemble de l'année Sun affiche ainsi un bénéfice net de 403 M$ contre 473 M$ en 2007. Mais là encore, la fin de l'année a été difficile. Au 3e trimestre, Sun avait déjà affiché une perte de 34 M$, contre 67 M$ de bénéfice l'année précédente. Pour le 4e trimestre, le résultat s'effondre de 88 % et passe de 329 M$ en 2007 à 88 M$. Le trimestre à venir ne s'annonce guère plus rose, Sun prévoyant un 1er trimestre fiscal 2009 difficile du fait de son exposition aux aléas du marché américain.

Le cash grillé en rachat d'actions

Le plus surprenant est sans doute la décision du management de Sun de jeter son cash par les fenêtres en soutenant le titre à grands coups de plan de rachats d'actions, alors qu'il pourrait profiter de la faiblesse des marchés pour effectuer quelques rachats de sociétés à bon compte (comme vient de le faire IBM avec Ilog). La firme a ainsi déjà dépensé 2 Md$ au cours de son année fiscale 2008 en rachats d'actions et devrait ajouter un milliard supplémentaire en 2009 pour faire bonne mesure. Pas sûr que cela suffise à contenter des actionnaires, qui ont vu le cours de l'action divisé par deux au cours de l'année écoulée. D'ailleurs, le titre de Sun a chuté de plus de 10 % après l'annonce des résultats. Preuve qu'il ne suffit pas de rebaptiser son action "Java" pour la faire rebondir…

Les serveurs de volume et MySQL en forte croissance

sun server2008On peut toutefois noter quelques points positifs pour la société dans les résultats publiés hier. Tout d'abord ses ventes de serveurs x86 progressent toujours à un rythme très supérieur à celui du marché. Sun aurait ainsi livré plus de 110 000 serveurs x86 cette année. La firme confirme aussi la bonne santé de son offre d'entrée de gamme à base de puces Sparc T1 et T2. Cette gamme a encore vu ses ventes bondir de 61 % au 4e trimestre. Pour l'ensemble de l'année, elle a rapporté près de 1,1 Md$ en chiffre d'affaires. Ces bons résultats ne sont toutefois pas parvenus à compenser l'érosion en valeur des ventes de systèmes Sparc haut de gamme. Il sera à ce propos intéressant de voir si la nouvelle gamme de serveurs à base de puces Sparc64 VII parvient à inverser la tendance, en attendant l'arrivée des systèmes "Supernova" à base de puces Rock dans la seconde moitié de 2009.

Logiciel : succès d'estime, déceptions économiques

Autre source de satisfaction pour Sun : la hausse continue des ventes de MySQL, qui ont encore progressé de 44 %. En mai, à JavaOne, Sun ne cachait d'ailleurs pas son intention de faire de MySQL un business à plus de 100 M$ avant la fin de l'année 2008.

Reste qu'il faudra sans doute plus que le succès de MySQL pour relancer la croissance globale de la société. Dans le logiciel notamment, l'accroissement de la base installée ne se traduit pas nécessairement par une hausse équivalente des revenus (notamment pour ce qui concerne Solaris et Java). Et l'offre de middleware Java pour entreprises de la firme, Java Enterprise System, ne connaît qu'un succès d'estime avec 2 millions de licences vendues depuis son lancement. Pas de quoi rivaliser avec les poids lourds du marché que sont IBM et Oracle. Preuve que l'Open Source n'est pas forcément gage de succès économique, malgré ce que répète inlassablement le patron de la firme, Jonathan Schwartz.

    

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