Microsoft rêve de centres de calcul livrés en briques modulaires

Apparemment bridé dans l’extension de ses centres de calcul, notamment pour répondre à l’explosion programmée de la demande liée au développement du Cloud Computing, Microsoft imagine des datacenter de quatrième génération. Des centres de calcul modulaires, pré-fabriqués et prêts à déployer.

Bernard Ourghanlian, directeur technique de Microsoft France, plante le décor : le Cloud Computing va nécessiter d’importantes ressources en termes de puissance de calcul ; les datacenters devront s’adapter. Y compris la manière dont on les conçoit afin de permettre des montées en charge et des déploiements beaucoup plus rapides qu’aujourd’hui. Et d’illustrer son propos en prenant l’exemple du centre de calcul de Microsoft dans la ville américaine de Quincy (Washington), un datacenter dit de seconde génération qui n’a été opérationnel que 18 mois après le début de sa construction, en juin 2006. Un délai « qui n’est pas raisonnable », selon Bernard Ourghanlian.

Aller plus vite

Une première étape doit être franchie avec les centres de calcul de troisième génération, construits sur la base de modules prenant la forme de containers – avec 2 500 serveurs par unité. C’est le cas d’un centre de calcul que met en place Microsoft à Chicago. Ce concept, de datacenter dans une boîte, on le connaît déjà : Sun, pour ne citer que lui, dispose déjà d’une offre de ce type, promettant des déploiements « 10x plus rapides » pour une densité « 4x fois supérieure » à celle d’un centre de calcul traditionnel.

Mais Microsoft veut aller plus loin : l’éditeur imagine un module de centre de calcul assemblé directement sur la remorque d’un camion, un module complet avec infrastructure réseau, refroidissement et alimentation électrique, prêt à livrer, à connecter et à faire entrer en production. « L’objectif est d’avoir d’un module totalement homogène, identique et réplicable, afin de construire des datacenters non pas sur site, mais en usine », explique Bernard Ourghanlian. Qui fixe un objectif : pouvoir construire un centre de calcul en 3 à 6 mois. Et d’illustrer son propos par l’image : regardez la vidéo ci-dessous.


Datacenters 4G : plus modulaires
envoyé par LeMagIT

D’abord un besoin interne

Si Microsoft s’intéresse à l'évolution de ses centres de calcul, alors qu’il n’a rien d’un constructeur, c’est d’abord pour répondre à ses propres besoins. Bernard Ourghanlian explique ainsi la réflexion de l’éditeur : « Nous sommes probablement, avec Google, les principaux consommateurs de centres de calculs dans le monde. Nous travaillons donc à définir des spécifications fonctionnelles pour datacenters afin de répondre à nos besoins. Aujourd’hui, on ne trouve rien sur le marché qui y réponde, mais on travaille en collaboration étroite avec la poignée d'acteurs présents sur le sujet. » Pour lui, « le plus important dans l’approche, c’est que l’on ne construise plus les datacenters sur place, mais qu'on parvienne à une forme de construction à la chaine. » Mais quelle peut-être l’échelle justifiant un tel besoin ? Exemple avec Windows Live : « 3 millions d'ouvertures de sessions par jour » et un nombre de serveurs se chiffrant en centaines de milliers.

Une réflexion encore ouverte

En interne, Microsoft peut compter sur un millier de personnes dédiées aux outils d’exploitation de ses centres de calcul utilisés pour les offres au public – en dehors donc du SI interne de l’éditeur –, réparties entre l’entité Global Foundation Services et Microsoft Research. Des « outils que l’on a écrits, qui ne sont pas publics » et qui n’ont pas vocation à être commercialisés.  

Reste la question de la maintenance : « il faut considérer que, dans un système de ce genre, il y a forcément une panne. Il faut concevoir un niveau de redondance, sur le plan logiciel, qui garantisse qu’il n’y a pas d’interruption de service. Avec Windows Azure, nous sommes sur un modèle de réplication des données par un facteur 3 [la donnée et deux réplicats]. A cela s’ajoute la nécessité d’interventions manuelles. Là, il est inacceptable que l’on passe son temps à aller et venir dans le container pour intervenir. L’idée, c’est de limiter les interventions, pour n'agir que lorsqu'un certain nombre de composants sont en panne. Mais on doit encore travailler sur ce point ; c’est un sujet sur lequel on apprend en marchant ». 

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