Avec VPlex, EMC veut virtualiser le stockage dans les datacenters

Capitalisant sur la technologie de Yottayotta, EMC a dévoilé lors de sa manifestation EMC World sa technologie VPlex censée permettre de virtualiser le stockage à l'échelle d'un datacenter ou de plusieurs datacenters distants de moins de 100 km. Une version asynchrone de la technologie permettant la virtualisation du stockage à l'échelle mondiale est promise pour 2011.

EMC a profité de sa conférence utilisateurs EMC World, qui s’est ouverte ce matin à Boston, pour dévoiler une nouvelle ligne d’équipements de fédération de stockage baptisée VPlex. Il s'agit d'une solution de virtualisation et de clustering géographique qui reprend une large partie des briques technologiques issues du rachat de Yottayotta en 2006. Dans sa première incarnation, elle permet à une entreprise d’avoir une vision unifiée et virtualisée de son stockage bloc à l’échelle d’un datacenter ou de plusieurs datacenters séparés par une distance maximale de 100 km. Une version plus évoluée de la technologie, attendue en 2011, permettra d’étendre cette vision unifiée à l’échelle globale.

Une nouvelle tentative dans la virtualisation de stockage

VPlex peut être considéré comme la seconde tentative d’EMC pour virtualiser le stockage à grande échelle après l’échec d’Invista - ce dernier, quoique toujours au catalogue, ne devrait pas survivre en cas de succès de VPlex. Concrètement, la technologie s’appuie sur des appliances faisant tourner un système d’exploitation dérivé de Linux (baptisé Geo Synchrony). Chaque appliance VPlex se compose d’un à quatre « moteurs » similaires dans leur principe aux moteurs Symmetrix (à ceci près que la cohérence de cache est assurée sur un lien Fibre Channel et non pas sur une interface plus rapide comme RapidIO).

Techniquement, chaque moteur se compose de deux « directeurs », en fait des cartes serveurs bi-processeur Xeon en configuration HA, et dispose de 16 ports Fibre Channel pour la connexion à des sous-systèmes de stockage et aux serveurs hôtes. Ces moteurs peuvent être réunis au sein d’un ensemble cohérent comportant jusqu’à 4 moteurs soit 64 ports Fibre Channel et un total de 128 Go de mémoire vive utilisé principalement à des fins de cache (l’une des missions essentielles de VPlex, outre la virtualisation des volumes exposés par les baies de stockage, est d’assurer la fourniture d’un cache cohérent à grande échelle).

A l’échelle d’un unique datacenter, VPlex (en fait « VPlex Local ») permet à une entreprise de virtualiser (ou selon le terme d’EMC de fédérer) l’ensemble des baies de stockage présentes, qu’il s’agisse de baies EMC, HP, NetApp, IBM (y compris des ressources virtualisées par le SVC d’IBM). L’appliance s’installe entre les serveurs et le stockage et se charge des opérations de provisionning. Elle ajoute au passage des fonctions intéressantes comme la possibilité de concaténer des volumes physiques, de les répliquer automatiquement d’une baie à l’autre, de déplacer automatiquement des volumes physiques d’une baie à une autre...

Ce que permet en fait VPlex est d’écrire un bloc sur un LUN depuis n’importe quel serveur sur n’importe quelle partie de l’infrastructure de stockage virtualisée (une propriété particulièrement adaptée aux environnements virtuels partageant des LUN formatés avec des FileSystem tels que VMFS de VMware ou NTFS - dans sa version Clustered Shared Volume).

Des déploiements possibles à l'échelle métropolitaine

Grâce à la technologie de gestion de cohérence de cache distribuée de Yottayotta, EMC indique avoir résolu une large partie des problèmes liées à la coordination entre noeuds, y compris lorsqu’ils sont sur deux datacenters différents pour peu que la latence reste dans des paramètres tolérables. C’est la raison d’être de VPlex Metro, la version destinée à fonctionner sur deux sites distants (le maximum supporté pour l’instant). En l’état actuel de la technologie, VPlex Metro doit être déployé sur des liens WAN Fibre Channel en fibre noire ou sur un lien illuminé via un équipement DWDM sur une distance inférieure à 100 km (ce qui assure une latence inférieure à 3 à 4 ms). La configuration Metro permet ainsi de simplifier la mobilité des environnements virtuels (stockage compris) entre plusieurs sites, ce qui est particulièrement utile en cas de saturation d’une ressource locale ou en cas de besoin de failover planifié vers un second site. Il est ainsi possible de combiner VPlex avec VMotion (ou avec ses équivalents Oracle VM, XenServer et Hyper-V) pour déplacer des VM et leur stockage associé d’un site à l’autre. Dans la pratique, cela revient à avoir deux sites fonctionnant en mode actif/actif lorsque la réplication entre les deux sites est opérationnelle.

Vers une version de la technologie à l'échelle du globe

VPlex Metro est aujourd’hui possible du fait des caractéristiques synchrones que permettent les liens WAN à haute performance et à faible latence sur des distances inférieures à 100 km. Mais EMC promet aussi d’étendre les caractéristiques de VPlex à des environnements asynchrones en 2011, avec le lancement de  VPLex Geo et VPlex Global. Ces versions s’appuieront sur le même matériel qu’aujourd’hui et sur une version plus évoluée du logiciel Geo Synchrony. EMC s’est toutefois refusé à détailler comment il parviendra à surmonter l’obstacle de l’asynchrone tout en maintenant la cohérence de cache (rappelons à ce propos que Yottayotta avait montré une appliance capable de maintenir la cohérence de cache et d’assurer la réplication d’environnements de stockage sur une distance de 300 km au dessus d’un lien Gigabit Ethernet dès 2001).

Quelques questions restent aussi en suspens notamment sur les limites de VPlex lorsque les clients devront réaliser de grandes quantités d’écritures sur un site distant. Pour cela, EMC devrait plutôt encourager ses clients à utiliser les configurations Symmetrix fédérées (la fédération de noeuds Symmetrix V-Max est attendue au cours de l’année 2010). EMC a aussi laissé entendre que VPlex serait « Array aware », en clair qu’il serait à même de tirer parti des capacités natives des baies sous-jacentes. Par exemple, si VPlex est déployé au dessus d’un LUN Thin provisionné, le réplica sur le site distant sera lui aussi Thin Provisionné.

VPlex est disponible immédiatement et les prix commencent à 77 000 $ pour la version locale avec un seul moteur.

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