L’administration d’infrastructures à distance, nouvel eldorado de l’offshore ?

Pour certains, ce serait la troisième vague de l’externalisation et, surtout, de l’offshore en matière de services informatiques, après le développement et la maintenance logicielle, et l’externalisation des processus métiers. De fait, l’externalisation de l’administration à distance d’infrastructures IT semble clairement en croissance. Même si, en France, le phénomène reste timide.

L’externationalisation offshore de l’exploitation des infrastructures IT est-elle sur le point de connaître son grand soir? Certains mouvements le laissent à penser. Ainsi, Microsoft a récemment confié à Infosys, pour trois ans, l’exploitation de son infrastructure et de ses applications. Ce n’est pas une première, mais c’est un pas significatif. Surtout, les opérations de fusion/acquisition en la matière n’ont pas manqué, récemment, et tout particulièrement en Inde. Mphasis, filiale locale de HP, s’est ainsi offert Fortify Infrastructure Services. MindTree a, de son côté, jeté son dévolu sur 7Strata, un spécialiste de l’administration d’infrastructures à distance basé à Chennai.

Les SSII indiennes tirent les fruits de la croissance

HP justement, déjà bien présent sur le marché des services d’externalisation d’infrastructures - un domaine représentant plus de 10 % de son chiffre d’affaires consolidé pour l’exercice 2009 - illustre bien la tendance : il y attribue l’essentiel de la croissance de son CA dans les services par rapport à l’exercice précédent. Et les résultats des principales SSII indiennes viennent confirmer le phénomène.

Au premier trimestre 2010, HCL a ainsi réalisé 151,8 M$ de chiffre d’affaires avec ses services liés à l’infrastructure, soit 77,9 % de mieux qu’un an plus tôt. La SSII a notamment profité d’un important contrat de six ans conclu avec Xerox en avril 2009, pour l’exploitation de neuf centres de calcul à travers le monde. Ou encore de celui conclu un mois plus tôt avec la Reader’s Digest Association, pour sept ans et 350 M$. Sans rentrer dans les détails, TCS indique de son côté que la part des services d’infrastructure est passés de 8 % du CA pour l’exercice 2009, à 8,4 % pour l’exercice 2010, clos le 31 mars dernier. Soit 532 M$, contre 463 M$ un an plus tôt; une progression de près de 15 %. Chez Wipro, les services d’infrastructure ont contribué à hauteur de 21,1 % au chiffre d’affaires dans les services IT de l'exercie écoulé  - contre 19,6 %  un an plus tôt. Soit 926 M$ contre 847 M$; une croissance sur un an de 9,3 %. Et l’on retrouve la même tendance chez Infosys, où la part des services d’administration d’infrastructures est passée de 6,3 % du CA (294 M$) lors de l’exercice 2009, à 7,2 % (346 M$) pour l’exercice 2010, clos le 31 décembre dernier.

Un marché français encore timide

Néanmoins, pour Lionel Saler, directeur général du cabinet de conseil en management des SI Nexsys, le marché français est encore loin de la maturité : «les entreprises se posent beaucoup de questions car, sur l’infrastructure, beaucoup de choses émergent actuellement». Du coup, selon lui, «le marché n’est peut-être pas encore complètement stabilisé» et «les offres restent difficiles à comparer». Bref,  en France, l’externalisation - y compris offshore - de l’administration des infrastructures ne devrait sensiblement décoller que d’ici un an ou deux : «pour l’instant, on commence juste à voir des études d’opportunité». En outre, pour Lionel Saber, externaliser l’exploitation de son infrastructure n’est peut-être pas aussi anodin qu’il pourrait y paraître. Car cela peut supposer de remettre à plat pas mal de contrats et, indirectement, de processus internes.

Du coup, les projets de ce type sont fréquemment noyés dans des contrats de plus grande ampleur. Les indications de TCS, pour ses principaux nouveaux marchés conquis au premier trimestre 2010, abondent clairement dans cette direction. La SSII indique ainsi avoir signé avec «une entreprise de services financiers basée en Europe pour ses objectifs stratégiques sur l’offshore IT, l’infrastructure, le BPO et le KPO». En plus de trois autres projets apparemment très structurants intégrant un volet d’administration d’infrastructures IT. Et, justement, si l’on en croit les informations du blog Cortis, IBM aurait précisément remporté un contrat complet de ce type avec la SNCF.

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