Huawei, victime du lobbying de concurrents ?

[mis à jour] Les soupçons qui planent sur la sécurité des routeurs Huawei sont-ils bien justifiés ? Les preuves devant étayer des soupçons avancés pour justifier des propositions d’interdiction des équipements du Chinois se font toujours aussi rares. Mais le Washington Post lance un pavé dans la marre en évoquant un document qui aurait été utilisé par Cisco en 2011 pour détourner les prospects de ses concurrents à bas coût.

La question hante les esprits de nombreux observateurs depuis plusieurs semaines sinon mois : les propositions d’interdiction des routeurs chinois dans différents pays occidentaux sont-elles véritablement sincères, voire dépourvues d’arrière-pensées protectionnistes sinon électoralistes ? C’était le sens de certaines questions adressées directement à Jean-Marie Bockel lors d’un point presse organisée la semaine passée aux Assises de la Sécurité, à Monaco. Se défendant de tout protectionnisme et revendiquant une «totale» indépendance, le sénateur avait expliqué s’être largement appuyé sur l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information, l’Anssi, forgeant sa conviction «à partir des éléments précis, techniques [...]» rapportés par l’Agence. Reste à savoir lesquels. La rédaction a sollicité la direction de la communication de l’Anssi dans l’après-midi de ce vendredi 12 octobre pour avoir ses commentaires sur ces affirmations du sénateur et savoir si elle est prête à rendre publics d’éventuels éléments matériels à charge sur les routeurs de coeur de réseau chinois dont elle disposerait. Nous attendons des réponses à ces questions pour lundi. Des réponses qui s’avèrent d’autant plus importantes que la commission parlementaire américaine du renseignement, qui a rendu son rapport lundi dernier, suggère elle aussi une certaine prise de distance vis à vis des équipementiers chinois (en illustration, le centre de R&D de Huawei à Shenzhen). Mais sans apporter d’éléments tangibles motivant cette appréciation. Ceux-ci  seraient «cadenassés dans un rapport classifié qui n’est accessible qu’à quelques personnes du gouvernement» américain,

selon le Washington Post. Mais nos confrères ont toutefois eu accès à un document troublant : une présentation de 7 pages, datée de septembre 2011, et signée par Cisco. Selon la source auprès de laquelle le quotidien s’est procuré ce document baptisé «Huawei’s & National Security», cette présentation aurait été utilisée pour «détourner des clients de Huawei ». Autrement dit : attiser les craintes. Refusant de commenter précisément ces activités de lobbying ou ce document, un porte-parole de Cisco s’est contenté d’indiquer à nos confrères qu' «au cours des dernières années, 18 mois environ, nous avons adopté une posture plus compétitive vis à vis de nos concurrents, dont HP, Huawei, et Juniper ». Pour l’heure, le seul élément matériel public susceptible de semer le doute sur la sureté des équipements de routage des équipementiers chinois vient du chercheur en sécurité Felix Lindner, du laboratoire Recurity Labs qui, s’exprimant lors de la conférence DefCon, cet été à Las Vegas, a affirmé que les routeurs Huawei étaient dangereux «

parce que l’on ne sait pas qu’ils sont vulnérables». [Mise à jour le 15/10/2012 @ 10h25] Sollicitée par la rédaction vendredi dernier, l'Anssi nous a indiqué ne pas vouloir communiquer sur le sujet.

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