Louvois continue d’irriter l’état-major des armées

Selon La Tribune, l’amiral Edouard Guillaud souhaite l’abandon radical de Louvois et milite pour le déploiement d’un nouveau calculateur... qui n’a pas été budgétisé.

Le logiciel Louvois, qui gère la paie des militaires, n’en finit pas d’insupporter l’état major de l’armée française. L'amiral Edouard Guillaud, qui s’exprimait devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, a recommandé tout simplement l’abandon du logiciel (Louvois signifie Logiciel unique à vocation interarmées de la solde), pointant du doigt un nombre d’erreurs encore très élevé, nous apprennent nos confrères de la Tribune.fr.
Selon l’amiral, à la fin août, Louvois aurait généré un taux d’erreur supérieur à 50%, qualifiant le calculateur, en charge d’opérer les soldes des militaires, de «déficient». Impossible donc pour l’amiral, très remonté, de poursuivre l’utilisation de Louvois, qui d’autant plus «coûte cher», prônant ainsi la mise en place d’un nouveau système. Mais voilà : «Un nouveau calculateur coûte plusieurs dizaines de millions d'euros, non budgétés», a-t-il ainsi lancé, comme l’indiquent encore nos confrères.

Il faut rappeler que Louvois et ses nombreux bugs à répétition empoisonnent la vie des ministres de la Défense depuis son démarrage. En mai dernier, par exemple, Jean-Yves le Drian, le ministre en exercice, parlait quant à lui du «désastre» Louvois. Début septembre, les députés Damien Meslot et Geneviève Gosselin-Fleury ont également pointé du doigt dans un rapport sur la réorganisation de l’armée les nombreux dysfonctionnement de Louvois, parlant alors «d’échec majeur». Le rapport évoque également un «véritable scandale». Le rapport mentionne en outre «une mauvaise appréciation des risques et des contraintes dans les décisions de bascule », et parle de téléscopage des réformes.

«Les causes des dysfonctionnements de l’écosystème Louvois sont multiples – tenant au système d’information Louvois comme à son environnement technique et au mode de pilotage retenu pour la conduite du projet –, et que les responsabilités dans ce qui est un véritable scandale n’en sont que plus diluées, ce qui est profondément insatisfaisant au regard des torts causés aux militaires qui en sont victimes», indiquent les rapporteurs. Etrillant plus loin : «En tout état de cause, les rapporteurs considèrent que la dilution des responsabilités – voire l’impunité – dans l’affaire Louvois contribuent à en faire, à proprement parler un scandale».

Le rapport mentionne deux sorties de crise concernant Louvois : converser et stabiliser Louvois, ou déployer un nouveau système ; ce qui nécessiterait 3 ans de développement. L’autre solution consiste à revenir à l’ancien système - du moins pour l’armée de terre, le corps le plus touché par les dysfonctionnements - «le tempos de rectifier les erreurs de Louvois».

Rappelons que Louvois est présenté comme le responsable d’importantes erreurs de calcul de soldes, certains militaires n’ayant pas touché de salaires alors que d’autres ont bénéficié de trop-perçus. Presque 130 000 millions d’euros auraient ainsi été versés en trop. Des mesures d’urgence avaient par ailleurs été mises en place, comme le déploiement d’un numéro vert aux familles des militaires «victimes» de Louvois.

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