Le Libre doit encore faire les yeux doux aux étudiants

Publié à l’occasion de la 6e édition de l’Open World Forum, le livre blanc «Présentation d’une filière en pleine croissance et porteuse d’opportunités» replace sur le devant de la scène la pénurie de formations dédiées aux logiciels libres en France.

«C’est sûr, si vous souhaitez travailler sur des projets innovants, il faut travailler dans l’Open Source.» Cette phrase pourrait résumer à elle seule le Livre Blanc publié à l’occasion de l’édition 2013 de l’Open World Forum. Le grand raout annuel, point de ralliement de la filière de l’Open Source et du Logiciel Libre en France qui se tient jusqu’à demain, samedi 5 octobre, à Montrouge. 

Intitulé «Présentation d’une filière en pleine croissance et porteuse d’opportunités», ce document s’adresse avant tout aux étudiants. Présentation ? Serait-on tenté de s’interroger, alors que la filière du logiciel libre en France compte plus de 300 PME dédiées, et connaît une croissance supérieure à celle de l’industrie des logiciels et services dans l’hexagone. Présentation ? Alors que l’Open World Forum connaît sa sixième édition et s'impose comme l’une des plus importantes manifestations du Libre en Europe. Présentation ? Alors que Google, Facebook et consorts ont placé dans les technologies Open Source et libres les fondations de leur infrastructure ?


En fait, faute de vraie formation en France, la filière peine à recruter, rappelle en substance le document. Si le modèle du Libre implique d’en maîtriser les mécanismes et rouages, comme le développement collaboratif ou les implications juridiques, qui tranchent avec l’économie du logiciel plus traditionnel, les étudiants ont du mal à accéder à ces connaissances et se tournent vers des filières informatiques plus classiques.
 Le document liste alors les écoles qui ont décidé de dédier un cursus aux logiciels libres. Constat : 8 formations spécialisées (voir tableau ci-dessous) recensés par le Think Tank “Education, job and Floss”. Faute de visibilité, difficile de susciter des vocations.

 

 

Déjà en 2012, Roberto Di Cosmo, directeur de l’Irill (Initiative de Recherche et Innovation sur le Logiciel Libre) pointait du doigt les carences du secteur en matière de formation : les enseignements actuels souffrent de l’absence des connaissances clés, comme des enseignements sur les bonnes pratiques des communautés, ou sur la contribution à l’Open Source.

Pourtant certaines initiatives ont vu le jour. Comme la Charte Libre Emploi par exemple. Initiée par le PLOSS, le Groupe thématique logiciel libre de Systematic et le CNLL Ploss et présentée lors de l’édition 2012 de l’Open World Forum, cette charte, qui compte aujourd’hui plus de 50 signataires, selon le site du projet, vise à «promouvoir un emploi responsable» dans le logiciel libre en cataloguant les entreprises qui s’engagent à respecter les  mécanismes de la filière. L’objectif étant ainsi d’aider les étudiants à identifier ces entreprises clés de l’écosystème. L’un des points clés de cette charte visait notamment à dynamiser la formation en proposant de reverser en priorité la taxe d’apprentissage à des établissements proposant un enseignement propre au Libre.

«Si aujourd’hui on constate un manque de formations spécialisée en matière de Logiciel Libre, l’enseignement des différentes technologies libres prend de plus en plus d’importance dans les filières générales», notent toutefois les auteurs du livre blanc. Citant l’étude Opiieec réalisée par le cabinet IDC en 2013, le livre blanc rappelle que l’Open Source fait partie des technologies abordées par les établissements supérieurs en informatique, à l’image de Linux, d’Apache ou encore de MySQL et des outils de développement.

Le déficit de formations dédiées aux logiciels libres devrait être à l’agenda des différents groupes de travail mis en place lors des Etats Généraux de l’Open Source, dont  l’objectif est de structurer, avec l’appui du gouvernement, une filière, qui peine encore à trouver son rythme et à s’insérer dans les schémas du système éducatif en France. Et de cette structuration devrait probablement naître des vocations.

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