NSA : John Chambers en appelle à Barack Obama

Le PDG de Cisco vient d’adresser un courrier au président des Etats-Unis pour lui demander d’établir et de faire respecter un code de conduite sur l’espionnage informatique.

Manifestement, la pilule continue d’avoir du mal à passer. John Chambers, PDG de Cisco, vient en effet d’adresser un courrier à Barack Obama qu’a pu consulter le Financial Times. Et nos confrères d’expliquer que le patron de l’équipementier s’inquiète du climat de défiance généré par les multiples révélations relatives aux activités de la NSA : « nous ne pouvons pas opérer de cette façon. Nos clients nous font confiance pour leur fournir des produits qui répondent aux standards d’intégrité et de sécurité les plus élevés. » John Chambers réagit ainsi aux allégations d’interception d’équipements informatiques américains par la NSA afin d’y insérer des portes dérobées. Et d’ajouter que, si elles s’avèrent fondées, les actions correspondantes « vont miner la confiance dans notre industrie et la capacité des entreprises technologiques à livrer des produits dans le monde entier. » Au final, le patron de Cisco appelle à un encadrement plus strict des pratiques de l’agence de renseignement.

Ce n’est pas la première fois que Chambers évoque l’impact commercial du scandale Prism. Les résultats de Cisco pour le troisième trimestre 2013 ont donné une illustration concrète du risque. Alors que des analystes anticipaient une croissance de 6 % de l’activité de l’équipementier sur les marchés émergents, celle-ci a reculé de 12 %. Ainsi, Cisco a vu ses ventes reculer sur un an de 18 % en Chine, en Inde et au Mexique, de 25 % au Brésil et de 30 % en Russie, deux pays qui ont vivement réagi aux révélations liées à Prism. Pour le directeur financier de l’équipementier, cela ne fait pas de doute : ces révélations ont suscité « un certain degré d’incertitude ou d’inquiétude » et ont contribué au recul des ventes. John Chambers, patron du groupe, s’attend à ce que d’autres entreprises américaines soient pareillement affectées.

Et Cisco n’est pas le seul à s’inquiéter. Sa voix fait même écho à celles d’AOL, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo qui ont ensemble adressé , en décembre dernier, une lettre ouverte aux gouvernements du monde entier, pour leur demander de se pencher sur leurs pratiques et législations relatives à la surveillance des personnes en ligne, ainsi qu’à l’accès aux informations personnelles. Reconnaissant le besoin de protéger la sécurité des personnes, ils estimaient alors que « les lois et pratiques actuelles ont besoin d’être réformées ».

Pour l’Information Technology & Innovation Foundation, le scandale Prism pourrait coûter de 22 Md$ à 35 Md$ à l’industrie IT américaine sur trois ans, voire jusqu’à 180 Md$ selon James Staten de Forrester. Certains, comme Box, n’ont pas manqué de réagir rapidement en brandissant, comme d’autres, la promesse du chiffrement de bout en bout pour assurer leurs clients de l’imperméabilité de leurs services aux efforts de la NSA.

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