Rififi dans la communauté Debian : naissance du fork Devuan

En désaccord avec les orientations techniques choisies par la communauté et face à l’impossibilité de trouver un compromis, un groupe de développeurs Debian, défenseurs de l’héritage UNIX pur et dur de la distribution Linux, ont brandi la réponse ultime à la guerre de tranchées : le fork. Nom de code : Devuan.

En désaccord avec les orientations techniques choisies par la communauté et face à l’impossibilité de trouver un compromis, un groupe de développeurs Debian, défenseurs de l’héritage UNIX pur et dur de la distribution Linux, ont brandi la réponse ultime à la guerre de tranchées : le fork. Nom de code :  Devuan.

A l’origine de ce désaccord, le remplacement d’un composant clé dans la gestion des services de Debian, systemd qui doit succéder à sysvinit. Ce composant, qui devrait être intégré à la prochaine version 7 de Debian « Jessy » vient rompre, selon ses détracteurs, avec les fondamentaux idéologiques et philosophiques de la distribution et créer une dépendance qui « menace de-facto la liberté de développement et a des conséquences sérieuses pour Debian, tant en upstream qu’en dowstream », résume ainsi le groupe d’opposants à systemd, qui se fait baptiser « The Veteran Unix Admin » (VUA), sur la mailing-list Debian.

Surtout, il apparaît que ce problème soit l’étincelle qui ait mis le feu aux poudres et révèle en fait des dissensions politiques et de gouvernance qui vont au-delà de l’aspect technique. « Le problème n’est évidemment pas uniquement technique : l’appel au fork par VUA fait référence au manque de positions communes parmi les différentes perceptions au sein du projet Debian, dans sa gouvernance et sa mission. Plusieurs tentatives de médiation ont échoué », écrit encore ce groupe de vétérans UNIX.

Il faut ajouter que le fork, qui consiste à prendre le code source d’un programme pour en créer une nouvelle branche, un nouveau logiciel, représente l’une des armes absolues dans une communauté Open Source. Et le cas Debian n’est pas une première. Suite à une divergence entre la communauté du logiciel d’intégration continue Hudson et Oracle, la communauté du projet Open Source avait décidé de prendre à son compte le logiciel pour le faire évoluer hors du giron du géant du IT. Etait alors né Jenkins. Citons également LibreOffice, fork d’OpenOffice. En France, signalons en outre que les désaccords entre l’éditeur Mandriva et sa communauté de développeurs et d’utilisateurs ont donné naissance Mageia.

Debian, justement réputée pour sa philosophie très respectueuse des principes du logiciel libre, a probablement souffert du rapprochement de la distribution Linux avec le projet Gnome, explique encore le groupe sur la mailing-list.

Une v1 au printemps 2015

L’heure est donc à rallier la communauté derrière Devuan et à récupérer les très précieuses donations qui permettront de faire évoluer le projet en parallèle. L’idée étant de « suivre un chemin différent de celui que systemd et GNOME essaient d’imposer à tout le monde », reprend encore le projet Devuan. Logiquement, les travaux autour de cette nouvelle distribution s’adosseront aux composants Debian, comme le précise le site du projet. Mais pas seulement : « nous prévoyons de faire évoluer de nombreux outils utilisés historiquement dans le processus de développement de Debian », précise-t-il.

« Pour son installeur et ses dépôts, Devuan utilisera un dérivé de Debian, les modifiant si nécessaire, avec pour objectif principal de supprimer systemd. Il héritera du workflow de développement de Debian mais en le guidant sur d’autres chemins : sans fioriture comme une distribution de base minimaliste doit l’être », explique plus loin le site du projet.  Une première version doit voir le jour au printemps 2015, calée sur l’arrivée de Debian 7 « Jessie », de façon à ce que les utilisateurs puissent migrer facilement vers Devuan 1.  “Un nouveau départ”, illustre le Veteran UNIX Admin.

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