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Docker inscrit la gestion des containers multi-cloud sur sa feuille de route

En promettant la gestion des containers multi-cloud dans Docker Enterprise Edition, Docker se positionne face à OpenShift et Rancher.

Pas 1, pas 2, pas 3, mais multi…Pour Docker, la gestion des containers aura une saveur multi-cloud dès 2018, a promis la société lors de son événement DockerCon qui s’est tenu cette semaine aux Etats-Unis.

Appelées gestion fédérée des applications, ces fonctions prendront forme lors des mises à jour du Docker Trusted Registry (DTR) et de l'interface utilisateur de Docker Enterprise Edition. DTR devrait ainsi prendre en charge la réplication des images de containers sur les différents déploiements et y appliquera des politiques de sécurité liées à leur utilisation - le contrôle d'accès basé sur les rôles et les privilèges en lecture seule en sont un exemple.

L'interface graphique et celle en ligne de commande de Docker Enterprise Edition ajouteront quant à elle des outils de gestion pour tous les clusters contrôlés par une entreprise, y compris ceux hébergés dans Amazon Elastic Container Service for Kubernetes, Azure Kubernetes Service de Microsoft ou encore Google Kubernetes Engine.

Pour les utilisateurs de Docker Enterprise Edition, interrogés lors de la conférence, ces fonctions étaient très attendues et inscrites depuis longtemps sur leurs listes de souhaits.

« Ils ont ajouté ces fonctions car que nous leur en avons parlé maintes fois » , lance Till Schenk, architecte IT, chez Bosch, la multinationale allemande. Le groupe a passé les deux dernières années à créer son propre système de gestion des containers multi-cluster sur Docker Swarm, précise-t-il. Et selon lui, la réplication des images DTR et l'application des droits d'accès ont été particulièrement pénibles. Bosch pense évaluer Docker Enterprise Edition et ses nouvelles fonctions.

Cependant, pour une entreprise de la taille de Bosch, qui compte 62 500 employés dans la R&D, répartis sur 125 sites dans le monde, connectés au même réseau, la réplication d'images et la gestion multicluster sont loin d'être les seuls problèmes.

La plateforme de containers Bosch prend également en charge des services tiers préinstallés pour les besoins des utilisateurs internes (l'accès à Internet et la surveillance de la sécurité). L'équipe doit également surveiller l'infrastructure et collecter des logs pour suivre les performances, émettre des alertes à partir de ces données de surveillance et  faire respecter la sécurité et la conformité. Elle doit facturer les unités commerciales pour leur utilisation de la plate-forme, effectuer des contrôles de l'API et surveiller l'utilisation des licences dans l'infrastructure de containers. » Aucun fournisseur ne nous donne l'ensemble des fonctions prêtes à l’usage », rapporte-t-il.

La concurrence s’intensifie

La présence de la  gestion des containers multi-cloud chez  Docker  a de quoi séduire les entreprises, car cela place sous une même ombrelle le support de Swarm et de Kubernetes, ainsi que de celui des hôtes et containers Windows et Linux. Toutefois c’est n’est pas une première : dans le monde Kubernetes, Red Hat OpenShift et Rancher offrent déjà cette gestion de containers multi-cloud.

Red Hat OpenShift peut par exemple se reposer sur les outils de stockage distribué Gluster pour déplacer les données et les applications entre plusieurs clusters Kubernetes. Docker a certes des partenariats avec des fournisseurs de stockage distribué, comme Portworx, mais il n'en est pas propriétaire. Il ne peut donc pas offrir un support entreprise unique à cette couche. La plateforme OpenShift Container Platform embarque également une implémentation de l'API Open Service Broker API pour Kubernetes pour connecter des applications et services tiers aux clusters Kubernetes. OpenShift ne supporte pas encore les containers Windows ; ce que fait en revanche Docker Swarm.

OpenShift est sur le radar pour de nombreuses entreprises présentes à DockerCon. Selon un directeur de l'ingénierie croisé dans les allées de la conférence (il a souhaité conserver son anonymat), les entreprises pourraient aussi utiliser de concert les deux technologies : si Docker Enterprise Edition peut être préféré en interne pour les développeurs, OpenShift peut être un choix stratégique pour les services proposés la clientèle.

D'autres utilisateurs de Docker utilisent déjà les outils d'orchestration de containers de la concurrence.

Dish Technologies utilise par exemple l’implémentation Kubernetes de Rancher en production pour gérer l’aspect multi-cluster au sein d'un même datacenter et prépare un projet de gestion de containers multi-cloud pour cette année. « C'est le rêve, mais je ne sais pas s'il s'est déjà réalisé », témoigne Brad Linder, DevOps et grand évangéliste des données chez Dish Technologies.

Il compte suivre de près la feuille de route de Docker Enterprise Edition, mais comme Bosch, il pense que la gestion des containers multi-cloud à l'échelle n'est pas facile à simplifier, ni à intégrer dans un seul outil.

« Je ne pense pas que les entreprises dans leur grande majorité apprécient voire même comprennent ce qu’elles sont sur le point d'entreprendre [avec la gestion des containers multi-cloud] », ajoute le spécialiste. « La plus grande difficulté n'est pas la technologie employée, mais les problèmes organisationnels et humains. »

Sur le plan technique, son équipe passe le plus clair de son temps sur les logs, la surveillance et les alertes pour gérer son approche multi-cloud. Les deux experts sont d’accord sur un point : pourvoir observer toutes les couches de l’infrastructure est un problème épineux qui nécessite le recours à plusieurs outils. Et c'est « la partie la moins mature de l’écosystème des containers », confirme enfin Brad Linder.

 

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