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Early Metrics, l'agence de notation de "startups pour grands groupes"

Pour aider les grandes entreprises et les investisseurs à détecter les jeunes pousses prometteuses, la société européenne d'origine française a mis en place une méthode de notation qui analyse le potentiel de croissance et la pérennité du projet.

Comment évaluer le potentiel d’une start-up à ses débuts pour la transformer comme le partenaire d’un grand groupe ?
C’est à ces questions que la société Early Metrics, qui se présente comme une agence de notation, tente de répondre depuis 2014, date de sa création. Fondée par deux anciens du cabinet de conseil PWC, Early Metrics est ancré justement sur un marché d’entreprises qui tentent de composer avec un écosystème de start-ups de plus en plus étendu, voire fourre-tout.

Les grands groupes industriels mènent actuellement une stratégie de transformation numérique au cœur de laquelle se placent une ou plusieurs start-ups. Que ce soit pour des raisons d’image de marque – la grande vitrine Vivatech en témoigne – ou pour alimenter leurs stratégies d’innovation et de croissance, explique d’ailleurs Anaïs Masetti, Research and Content Producer chez Early Metrics. 
« C’est rare quand un grand groupe ne s’intéresse pas aujourd’hui aux start-ups », convient-elle.

C’est par exemple le cas du secteur bancaire. Ce secteur, concurrencé par les FinTech dans les services numériques, préfère composer avec ces start-ups pour créer un écosystème et les intégrer dans son portefeuille de services plutôt que de les voir comme un concurrent. D’autant que ces start-ups ont aussi un avantage que le secteur bancaire n'a pas : celui d’avoir une approche numérique native, très centrée sur le client. Pour les banques, le numérique constitue un moyen de toucher au plus près, de façon plus personnalisée, le client. Le Crédit Agricole, Barclays et HSBC font partie des clients de la société Early Metrics (L’Oréal, Carrefour Innovation et Bouygues Immobilier également).

Mais ce n’est pas tout. Car pour Anaïs Masetti, ce qui pousse de plus en plus les entreprises à lorgner ces très jeunes entreprises, c'est aussi un changement de méthode dans les directions des achats. Ce qui est nouveau, concède-t-elle. Dans ces départements, « les méthodes de travail deviennent plus flexibles dans les grands groupes. Des PoC sont notamment initiés dans des filiales de multinationales. De plus, certaines innovations ne sont le fruit que de seules start-ups. » La compétitivité des prix des start-ups vis-à-vis des grands éditeurs est un autre argument, tout comme la lassitude des entreprises face aux politiques de licencing et d’audit de ces mêmes fournisseurs IT.

Early Metrics compte donc sur ce contexte changeant pour assoir son modèle de notation, afin de servir de phare-éclaireur et détecter les jeunes pousses capables de répondre aux desiderata des entreprises. Car Early Metrics n’a pour client que les grands groupes avec un projet ou des investisseurs à la recherche de la perle rare, indique encore la responsable. « Les start-ups ne sont notées que si elles ont un intérêt pour nos clients ». La société n’affiche pas le lien avec les start-ups pour apporter plus de transparence dans la notation et conserver cette indépendance, précise-t-elle encore.

Les dessous du modèle de notation

La notation justement constitue le cœur d’Early Metrics. Cette notation, qui cible les start-ups dites « Early Stage » - c'est à dire au début de la phase de croissance -, s’adosse sur des données publiques (comme des informations financières par exemple) mais surtout sur un modèle statistique développé par la société.
Celui s’appuie sur 3 critères censés révéler le potentiel de la jeune entreprise : l’équipe en place (expérience des fondateurs, leur capacité à fédérer, les profils sont-ils complémentaires) ; le marché sur lequel la start-up se positionne (et l’impact des règlementations sur le potentiel de croissance) ; et le projet en lui-même (sa maturité technico-commerciale, la rapidité d’exécution de la stratégie, la capacité à recruter des profils adaptés …).

Un entretien de 2 heures avec les fondateurs est effectué pour récupérer ces informations et évaluer 27 critères supplémentaires plus qualitatifs. Une note sur 100 est ensuite produite. Early Metrics assure un suivi des start-ups notées une fois par an et pendant 3 ans afin de connaître leur évolution. Cela permet aussi d’ajuster la qualité de la méthode de la notation.

Cela se traduit ensuite dans la commercialisation de rapports, dont le prix varie en fonction de la profondeur des critères analysés et des analysées effectuées. De leur côté, les start-ups ayant été notées reçoivent une partie (et une seule) du rapport « qu’elles peuvent utiliser à des fins marketing ». Elles ont également la possibilité de s’entretenir pendant une heure avec un analyste d’Early Metrics.

Mais pas question de se positionner comme un cabinet de conseil, lance la responsable. Pour cela, la société noue des partenariats avec des spécialistes dont Capgemini - celui-ci a mis en place un programme Applied Innovation Exchange (AIE) pour accompagner les start-ups. Ce sont eux qui accompagnent, ensuite, les start-ups.

Présente à Londres, Paris, Berlin, Tel Aviv et avec un pied à Madrid,  la société a passé dans son filtre plus de 2 600 jeunes sociétés et en compte quelques 20 000 sourcées, sur son radar, mais non notées. Une base conséquente due au fait qu’Early Metrics analyse 16 industries, identifiées au fur et à mesure avec ses clients.
Là, « certains marchés sont plus matures que d’autres », précise Anaïs Masetti. Le retail et les fintech sont les secteurs les plus actifs, moins la santé. L’agriculture (et donc l’écosystème de l’Agritech) est le secteur montant. La société travaille actuellement à étendre sa notation aux start-ups chinoises, « les clients en Europe, dont certains en France, sont intéressés », lance-t-elle, notamment pour leur rapidité de développement des technologies, la densité de leurs innovations et de leur proximité avec les composants hardware.

 

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