Malgré les embargos, l’Iran développerait un supercalculateur

Le gouvernement iranien annonce qu’il disposera en 2020 d’une super-machine dédiée à l’intelligence artificielle, alors qu’il ne peut théoriquement pas acheter les processeurs pour la construire.

L’Iran indique plancher sur la construction d’un supercalculateur dédié à l’intelligence artificielle qui pourrait être mis en service dès l’année prochaine. A priori, ce projet devrait impliquer des négociations pour aboutir, le gouvernement américain ayant encore récemment menacé de sanctionner Téhéran si un tel chantier devait être lancé. Néanmoins, l’Iran a déjà su par le passé contourner les embargos.

Cette annonce vient d’un tweet posté en fin de semaine dernière par le ministre iranien des Technologies de l’information et des communications, Mohammad-Javad Azari Jahromi. Selon la traduction qu’en livre Google, ce supercalculateur serait cent fois plus performant que les précédents. Il servirait à améliorer les activités commerciales qui compteraient sur l’intelligence artificielle pour se développer. Le nom du système serait « Simorgh », en référence à un oiseau mythique.

Problème, dans sa situation, l’Iran devra nécessairement aller chercher sur le marché noir les processeurs américains Intel, AMD, IBM ou autres GPU NVidia susceptibles d’équiper sa machine. Un problème que le pays a déjà rencontré et qu’il aurait réussi à contourner.

En 2007, par exemple, l’université de technologies d’Amirkabir avait révélé, photos à l’appui, avoir assemblé une machine Linux basée sur 216 cœurs AMD Opteron. L’Iran s’est par ailleurs targué d’avancées significatives dans le supercalcul à deux reprises, en 2011 et 2014, sans toutefois donner plus de précisions. Il est probable que ce sont à ces systèmes que le ministre se réfère, lorsqu’il parle de performances cent fois meilleures.

Un développement mystérieux

Il est possible néanmoins que l’Iran n’utilise pas de processeurs américains. La Chine est en effet sur les rangs pour développer localement un nouveau type de processeur ARM, dans le but de dominer d’ici à 2021 le TOP500, le palmarès des supercalculateurs. Une hypothèse que rejette néanmoins Steve Conway, co-directeur de recherche au cabinet d’analystes Hyperion Research.

« Les processeurs chinois sont certainement très puissants, mais les logiciels qui savent les exploiter restent à écrire. Je reste persuadé que l’Iran préférera utiliser encore cette fois des technologies américaines, plus éprouvées », dit-il.

Il précise que, selon une étude interne, 90 % des utilisateurs de supercalculateurs interrogés envisagent de s’en servir pour le développement d’applications basées sur l’intelligence artificielle. Car ces machines sont optimisées pour la manipulation d’énormes volumes de données, ce sur quoi repose le fonctionnement d’algorithmes comme TensorFlow.

L’Iran n’a jamais fait entrer de supercalculateur dans le Top500 et aucun organisme indépendant n’a pu vérifier ses compétences en matière de HPC. Il n’empêche que le pays jouit de compétences scientifiques et d’une ingénierie en avance sur ses voisins. En 2016, l’Iran se plaçait à la 15e place mondiale dans un rapport dressé par la National Science Foundation qui évaluait les capacités scientifiques de chaque pays, à la lumière des articles que ses ingénieurs avaient publiés dans les revues dédiées et les conférences qu’ils avaient données.

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