SailGP, une vitrine technologique pour Oracle

En tant qu’organisateur de la course à la voile SailGP, le fournisseur de cloud a carte blanche pour déployer ses technologies. Son but ? Prouver qu’Oracle peut à la fois améliorer le sport, l’expérience auprès des fans et éventuellement répondre au cas d’usage des entreprises.

La deuxième saison de SailGP, la compétition internationale de voile créée par Larry Ellison, fondateur d’Oracle et le champion de voile Russel Coutts ; débutera le 24 avril prochain à Hamilton, aux Bermudes.

Elle verra s’affronter huit équipes originaires d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Japon, du Danemark, de France, d’Espagne, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La particularité de cette compétition tient dans le fait que toutes les équipes pilotent le même bateau, un catamaran F50.

Apparu pour la première fois lors de l’America’s Cup sous la dénomination AC50, ce dernier est équipé de foils, des sortes d’ailes plongées dans l’eau qui soulèvent le catamaran au-dessus du niveau de la mer, lui permettant d’augmenter considérablement sa vitesse. La SailGP est réputée pour être l’une des courses à la voile les plus rapides au monde avec des pointes à plus de 50 nœuds (92 km/h), là où les navires des courses offshore (au large) atteignent généralement 40 nœuds (74 km/h).

Malgré six membres d’équipage, ce mécanisme repose fortement sur des moteurs électriques et l’électronique embarquée. La plupart des commandes des foils sont à portée de main du barreur. La barre du F50 ressemble tout bonnement à un volant de Formule 1.

Et comme en F1, Oracle profite de la compétition pour mettre en valeur ses technologies. Seulement, en tant qu’organisateur, le fournisseur a carte blanche. La totalité du dispositif technique, de la remontée de données des navires à la diffusion de la compétition, repose sur ses services.

Des services cloud Oracle de la poupe à la proue

Ainsi, chaque catamaran est bardé de capteurs qui envoient 30 000 points de données par seconde, soit 240 000 au total, vers Oracle Cloud Infrastructure (OCI) via FastConnect. L’année dernière, chaque F50 disposait de 400 capteurs qui remontaient 12 000 points de données par seconde.

FastConnect est un service de réseau dédié et privé. « Nous n’installons pas d’équipements sur site. Toutes les données sont gérées depuis le Royaume-Uni », assure Warren Jones, CTO de SailGP. « Lors de l’événement aux Bermudes, nous aurons deux liens FastConnect qui feront transiter les données des bateaux vers New York, puis Londres. Nous avons une latence d’environ 80 millisecondes entre les Bermudes et Londres ».

Ces données sont envoyées vers les serveurs d’Oracle Stream Analytics, un middleware de traitement d’événements, qui envoient simultanément les données à l’Autonomous Datawarehouse, le service de diffusion d’Oracle, les applications SailGP et aux équipes participantes à SailGP. Un « prétraitement » est effectué depuis Oracle Stream Analytics afin de ne générer qu’un seul flux de données. « Des bateaux à l’arrivée des données dans Oracle Stream Analytics, nous avons un délai d’environ 150 ms. Les métriques sont ensuite traitées afin de calculer la vitesse des F50, la distance entre chaque équipe, entre autres, à l’aide de modèles de machine learning », explique Warren Jones.

IoT, analytique, et réseaux dédiés

« Ensuite, nous utilisons des topics Kafka pour faire transiter les données vers les clients tiers : les flux de télédiffusion, l’application SailGP et celle dédiée aux athlètes pour qu’ils aient accès aux données en quasi-temps réel sur l’eau », ajoute-t-il. « Nous avons aussi un lien FastConnect depuis notre data center londonien, parce que les données nourrissent nos interfaces 2D et notre package d’effets graphiques de réalité augmentée ».

Certains traitements de machine learning sont spécialement effectués pour les spectateurs. « Nous avons 50 à 100 métriques qui alimentent un algorithme capable de détecter les manœuvres d’attaque par les équipes. Le modèle obtenu permet de savoir si elles étaient intentionnelles ou non, d’indiquer aux téléspectateurs si elles étaient efficaces », déclare Warren Jones. « Nous pouvons aussi prédire quelle équipe gagnera potentiellement la course suivant les étapes franchies et les manœuvres enregistrées ».

« Je ne pense pas que vous voulez devenir trop bon avec l’analyse prédictive. Cela pourrait gâcher l’événement pour certains spectateurs, mais je sais que nous avons beaucoup travaillé sur ce sujet l’année dernière », précise Edwin Upson, vice-président groupe, Cloud Engineering and Delivery chez Oracle.

Lors de la première saison de SailGP, Oracle avait tiré dix flux différents. Cette fois-ci, toutes les équipes et les applications profitent des mêmes données. Si Warren Jones défend l’ouverture du processus, permettant aux athlètes de partir sur un pied d’égalité ou de rattraper leur retard, c’est aussi un moyen de réduire la difficulté technique qu’une segmentation plus poussée pourrait provoquer.

SailGP donne lieu à six événements de deux jours par an, trois régates par jour. Qu’arrive-t-il aux données à la fin de la saison ? C’est là que le fournisseur justifie le stockage à froid des données sur Oracle Autonomous Datawarehouse. « Nous avons utilisé les données pour déterminer le fonctionnement des foils, leur comportement à basse et haute vitesse suivant différentes conditions et divers réglages. Lors d’une phase de test, nous avons remarqué qu’un des foils à l’avant d’un des bateaux avait moins de résistance et avait permis à l’équipe d’aller plus vite », indique le CTO.

« Nous pouvons aussi rendre le sport un peu plus sûr parce que nous pouvons tester les modifications du bateau, simuler l’effet de ces modifications, avant de demander aux athlètes de le piloter », renchérit Edwin Upson.

Dans le cadre de cette saison 2, la capture d’information en provenance des foils a également été améliorée. « Nous avons ajouté des capteurs. Nous pouvons établir la pression subie par le foil en temps réel dans le but de mieux comprendre les limites de l’aile », assure Warren Jones.

De fait, les foils se sont imposés comme un must have pour les skippers, mais les ingénieurs ont encore du mal à déterminer leur comportement et les casses ne sont pas rares lors des courses inshore ou offshore.

SailGP, voulu comme un modèle d’innovation auprès des entreprises

« Lorsque nous discutons avec des entreprises en provenance d’autres secteurs, je constate que la vitesse à laquelle SailGP adopte les nouvelles technologies et les innovations leur ouvre les yeux. »
Adwin UpsonVP groupe, Cloud Engineering and Delivery, Oracle.

Les organisateurs de SailGP prévoient d’autres améliorations autour du traitement des données et des applications. « Entre chaque événement, nous préparerons un sprint qui introduira quelque chose d’assez avancé et testera les limites de la technologie afin de mettre à jour les applications », précise Edwin Upson. La prochaine manche de la saison aura lieu en juin, cela laisse donc un peu moins de deux mois à Oracle d’optimiser l’existant. Par la suite, chaque manche de SailGP sera espacée d’environ un mois jusqu’en octobre prochain.

Évidemment, Oracle joue du fait que la plupart des technologies utilisées au cours de la compétition sont les siennes. Les cas d’usage présentés les années suivantes ont en partie convaincu Red Bull Racing pour étendre le même concept à son écurie de formule 1. Cependant, Edwin Upson voit un attrait au-delà du sport et du divertissement.

« Lorsque nous discutons avec des entreprises en provenance d’autres secteurs, je constate que la vitesse à laquelle SailGP adopte les nouvelles technologies et les innovations leur ouvre les yeux », vante-t-il. « Il y a beaucoup d’organisations qui embrassent ce type d’approche de conception et de livraison d’applications et qui prennent beaucoup de cycles pour arriver à ce que nous obtenons en quelques semaines, voire en quelques mois », assure-t-il. Mais, de l’aveu du dirigeant, cela demande un « travail supplémentaire » non négligeable.

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