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Guerre en Ukraine : la Deutsche Bank apprend à faire sans le support russe
Le basculement des équipes support russes de la banque vers d’autres centres informatiques pourrait bien être le premier d’une longue série. La plupart des multinationales occidentales auraient des considérations similaires.
La Deutsche Bank vient de tester sa résilience face à la perte potentielle d’un centre technologique en Russie, suite à l’invasion de l’Ukraine par ce pays. La banque allemande, comme la plupart des grandes multinationales, a déployé un maillage de centres informatiques dans le monde pour réduire son exposition aux risques dans une région particulière. « La Russie n’est que l’un des multiples centres technologiques que nous possédons dans le monde », a-t-elle précisé dans un communiqué.
Le centre informatique russe de la Deutsche Bank compte environ un millier de salariés, lesquels assurent la maintenance de logiciels de trading et de banque d’affaires. « Il est certain que l’invasion de l’Ukraine aura un impact sur la banque, comme sur de nombreuses entreprises. Mais nous avons rigoureusement testé notre résilience opérationnelle et sommes convaincus que le fonctionnement quotidien de nos activités de trading ne sera pas affecté. Aucun code ni aucune donnée ne sont hébergés dans le centre technologique russe », indique la banque dans son communiqué.
Le communiqué de la Deutsche Bank ajoute : « nous suivons la situation de près et nous pourrions adapter notre approche le cas échéant. Nous avons réduit considérablement notre exposition à la Russie ces dernières années et les risques sont bien contenus. »
L’Europe de l’Est et la Russie, des maillons informatiques stratégiques
Au fil des ans, l’Europe de l’Est et la Russie sont devenues des emplacements stratégiques pour implanter des unités informatiques. Ils offrent aux grandes entreprises basées en Europe occidentale des services plus proches de chez elles que l’Inde, longtemps privilégiée. Ces régions disposent également d’une main-d’œuvre scientifique et technologique hautement qualifiée, héritage de l’ère soviétique.
Dans une situation de conflit local, l’idée du maillage de centres technologiques est de pouvoir s’appuyer sur les ressources d’autres régions du monde, sans que la fermeture d’un centre particulier impacte l’activité globale.
Peter Schumacher, PDG de la société de conseil en gestion The Value Leadership Group, estime toutefois que le véritable enjeu est plutôt le transfert de connaissances.
« Je pense que la Deutsche Bank va transférer du travail en Inde. Elle ne peut pas le faire vers l’Allemagne, car elle n’y a pas assez de personnel informatique disponible. Mais outre réaffecter des tâches, il faut aussi transférer le savoir-faire. Cela prendra à minima un mois. »
Selon Peter Schumacher, ce communiqué de la Deutsche Bank n’est que le premier d’une longue série concernant l’impact de la guerre en Ukraine sur l’informatique des entreprises occidentales. Il s’attend notamment à voir un train d’annonces concernant Epam Systems, un prestataire américain spécialisé dans le développement d’applications qui compte plus de 9 000 collaborateurs en Ukraine, 9 500 en Biélorussie et 6 000 en Russie.
Pour l’heure, Epam Systems s’est contenté de publier un communiqué consensuel, dans lequel le prestataire explique brièvement cesser de vendre des services de développement aux entreprises russes, contribuer financièrement à l’aide humanitaire et poursuivre ses activités actuelles depuis ses autres centres de développement.