CradlePoint arrive en France pour connecter les professionnels en WWAN

À défaut de trouver une 5G privée déjà fonctionnelle en France, l’équipementier propose des routeurs en 4G/5G publique qui permettent aux véhicules, objets et équipes nomades de se passer d’une connexion filaire.

En attendant la 4G/5G privée, l’équipementier américain CradlePoint, filiale d’Ericsson, arrive en France pour proposer aux professionnels des routeurs en 4G/5G publique. L’intérêt ? Permettre aux transports publics, aux objets intelligents installés dans des endroits impossibles, ou encore aux entreprises qui emménagent dans de nouveaux locaux, d’être connectés sans fil.

Ou plutôt, si. Les appareils sont bien connectés au routeur qu’ils endossent, via un petit câble Ethernet. C’est d’ailleurs tout l’intérêt : ce lien physique fait dramatiquement défaut quand on voudrait partager la connexion d’un smartphone avec, au hasard, une caméra de vidéosurveillance ou un mini serveur embarqué dans une voiture. En revanche, plus besoin d’une ligne fibre ou ADSL pour tout relier à Internet.

« Voici ce que je vous propose : nous descendons dans la rue et je vous montre, en une minute trente, dix cas d’usage », lance Christian Hoareau, qui a créé la filiale française l’année dernière.

« Combien coûterait de faire passer une fibre sous la chaussée jusqu’à ce feu tricolore, pour réguler la circulation à distance ? Êtes-vous prêt à faire une saignée dans les murs historiques et épais de ce musée afin d’y placer en hauteur une borne Wifi ? Cette boutique qui ouvre ses portes aujourd’hui, combien de jours va-t-elle devoir attendre avant que son opérateur installe la fibre et qu’elle puisse enfin démarrer son activité ? Cette compagnie d’autobus veut proposer du Wifi à bord, mais ils ne vont pas y amener Internet avec un câble. Selon vous, combien de temps peut tenir ce parking souterrain si les usagers ne peuvent plus en sortir parce que la fibre qui relie les caisses enregistreuses est tombée en panne ? … »

« Nous proposons […] des boîtiers qui font venir Internet à vos équipements en passant par le réseau cellulaire. »
Christian HoareauArea director, CradlePoint

« Nous proposons la réponse universelle à tous ces problèmes : des boîtiers qui font venir Internet à vos équipements en passant par le réseau cellulaire. Soit votre cas d’usage ne peut pas utiliser de câble, soit nous sommes votre assurance d’être toujours connecté en cas d’indisponibilité du réseau filaire », dit notre interlocuteur.

Comme un routeur WAN, mais cellulaire

Les boîtiers de CradlePoint ne sont pas les seuls routeurs à proposer une connexion de secours vers un réseau cellulaire. Mais Christian Hoareau argumente qu’ils sont les seuls dont c’est la fonction première. « Nos boîtiers sont équipés d’antennes performantes, qui vous assurent un haut débit, contrairement aux antennes cellulaires que l’on trouve dans les smartphones ou les routeurs filaires. Ils permettent ainsi à cinquante ou cent utilisateurs, selon le modèle, de travailler ensemble sur la même connexion. »

Pêle-mêle, une équipe de tournage lui aurait acheté un boîtier pour télécharger ses vidéos vers les studios beaucoup plus rapidement qu’elle ne le faisait auparavant depuis un smartphone. Un projet de cliniques d’appoint dans les campagnes, installées dans des containers mobiles, l’a contacté pour que ses équipements médicaux communiquent plus rapidement avec le CHU régional.

En réalité, les boîtiers de CradlePoint ont tout d’un routeur WAN ; le constructeur parle d’ailleurs de WWAN (Wireless Wide-Area-Network)

Côté réseau local, les boîtiers CradlePoint partagent leur connexion cellulaire en Wifi ou via plusieurs connecteurs Ethernet. Selon le constructeur, lorsqu’un boîtier est utilisé en solution de secours d’une connexion fibre ou ADSL, le boîtier se connecte en Ethernet sur la box de l’opérateur, détecte lorsque la connexion tombe et reroute les connexions vers son modem cellulaire.

Côté apparence, la catalogue du constructeur présente une petite vingtaine de modèles qui vont de l’élément à poser sur une étagère au boîtier durci à visser sur autre chose, en passant par le module conçu pour résister à la pluie.

Côté réseau cellulaire, la plupart des boîtiers disposent de deux emplacements pour des cartes SIM, autorisant l’accès à deux réseaux cellulaires.

« Pour autant, nos boîtiers n’ont pas deux modems, il n’est donc pas possible d’utiliser deux réseaux en même temps. Le cas d’usage consiste plutôt à basculer sur le réseau d’un opérateur de secours, si le premier est victime d’une panne, ou si vous avez déjà utilisé toute la capacité qu’il vous accorde dans son abonnement mensuel », précise le patron de la filiale française. À ce sujet, la solution est programmable pour envoyer une alerte par e-mail lorsqu’un plafond est bientôt atteint.

Des apps dans les boîtiers, un cloud pour tout administrer

« NetCloud est la tour de contrôle de votre flotte de boîtiers. »
Christian HoareauArea director, CradlePoint

Mais pour Christian Hoareau, l’intérêt de la solution serait tout autant dans la fonction matérielle que dans les perspectives offertes par ses couches logicielles.

Les boîtiers sont pilotés par un service cloud, baptisé NetCloud. « NetCloud est la tour de contrôle de votre flotte de boîtiers. Ils permettent à une entreprise de voir depuis une console unique l’ensemble des connectivités, avec leur bande passante, et d’envoyer de nouveaux paramètres de configuration à tous les appareils. Vous pouvez par exemple choisir de diffuser la même ambiance sonore dans toutes les boutiques de votre réseau », illustre-t-il.

NetCloud permet par ailleurs d’interagir avec sur les réseaux distants, sans que ceux-ci aient besoin d’une adresse IP fixe, ce qui n’est pas possible sur un réseau cellulaire public. NetCloud sert ainsi de passerelle aux collaborateurs nomades pour se connecter en VPN à un site, ou aux administrateurs du siège pour dépanner en SSH les postes et les serveurs.

Les boîtiers en eux-mêmes fonctionnent sous le système NC-OS. Celui-ci ne fait pas qu’offrir les services d’administration réseau classiques que l’on trouve sous un Linux. Il exécute également des containers Docker.

« Il vous suffit de télécharger des containers prêts à l’emploi depuis l’app-store de Docker, pour exécuter depuis un boîtier un serveur d’impression, un serveur web, une application de relevé des métriques, de pilotage d’objets connectés, etc. »

La solution de CradlePoint est facturée à l’abonnement, via des contrats d’un, trois ou cinq ans renouvelables. Au terme du contrat, le constructeur laisse l’entreprise continuer d’utiliser les boîtiers. En revanche, nombre de fonctions ne sont plus accessibles depuis NetCloud.

Pour les intégrateurs

« Il vous suffit de télécharger des containers prêts à l’emploi depuis l’app-store de Docker, pour exécuter depuis un boîtier un serveur d’impression, un serveur web, [...] etc. »
Christian HoareauArea director, CradlePoint

Christian Hoareau concède que nombre de ses clients directs sont en réalité des opérateurs alternatifs ou des intégrateurs de réseau WAN.

Ceux-ci proposent ainsi à leurs clients un réseau cellulaire de secours, en sus de celui filaire, qu’ils ont déployé pour eux.

Dans cette perspective NetCloud est une plateforme dite « multitenant » – comprendre avec suffisamment de niveaux hiérarchiques dans les droits d’administration pour qu’un prestataire puisse piloter les flottes de tous ses clients depuis une seule console et les laisser accéder directement à des fonctions, sans qu’ils se voient les uns les autres.

On notera que, en France, un opérateur alternatif peut construire son propre réseau filaire, mais il ne peut que revendre de la bande passante sur les réseaux cellulaires des quatre opérateurs nationaux.

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