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Croissance de +7,5 % pour le numérique en 2022 (Numeum)

L’organisation professionnelle Numeum évalue les résultats du secteur numérique français à 60,9 mds € (+7,5 %). Elle anticipe un bilan record sur le front de l’emploi. La croissance devrait rester de mise en 2023.

L’organisation professionnelle, Numeum évalue les résultats du secteur numérique français à 60,9 mds € (+7,5 %). Elle anticipe un bilan record sur le front de l’emploi. La croissance devrait rester de mise en 2023.

Rendez-vous incontournable des entreprises de l’écosystème français du numérique, le panorama semestriel de Numeum a été rendu public ce 15 décembre.

Son bilan s’avère largement positif, comme le laissaient déjà escompter les prévisions avancées en juillet pour le premier semestre 2022. Celles-ci sont même en légère hausse de 0,1 point à 7,5 % de croissance sur l’ensemble de l’année.

Des hausses d’activité sur tous les fronts

Les revenus générés par les entreprises de l’IT en France devraient avoisiner les 61 milliards d’euros. Et tous les pôles du secteur affichent de fortes hausses.

Comme souvent, ce sont les éditeurs (et les plateformes cloud) qui réalisent la meilleure année avec une progression de +11,3 %. Suivent les activités d’Ingénierie et de Conseil en technologies (ICT) à +7,4 %.

Les ESN, ex-SSII, ferment la marche à +5,1 %. Cependant, ce sont ces acteurs qui pèsent toujours le plus lourd dans l’écosystème français avec 31,9 milliards d’euros attendus en 2022. C’est plus que le logiciel (21,6 milliards d’euros) et le conseil en technologies (7,4 milliards) cumulés.

Les « dynamiques de croissance sont assez variées », note Benoît Darde, président de la Commission affaires économiques de Numeum, mais cette croissance est présente dans chaque activité. L’organisation et ses représentants ne font pas mystère de leur satisfaction, établissant notamment un parallèle avec les prévisions de hausse du PIB français (+2,6 %) sur la période.

Jusqu’à 40 000 emplois nets créés en 2022 ?

« Nous sommes sur un secteur qui, cette année, a certainement encore créé beaucoup d’emplois », ajoute le directeur associé de Wavestone. « Avec 4,5 milliards d’euros d’activité en plus, on peut espérer battre le record sur la création nette d’emplois. En 2021, nous avions enregistré 34 000 créations nettes ».

La confirmation devra cependant attendre juin 2023. Mais le représentant de Numeum veut croire à un « record absolu » pour le secteur, anticipant des créations autour de 40 000 emplois, voire plus.

Ce cru 2022, les entreprises le doivent à une hausse des projets dans « tous les secteurs, qui ont besoin d’investir dans leurs assets numériques. » Le premier client (avec un poids de 30 % et une hausse annuelle de 9,3 %), c’est l’industrie. Il devance la banque-assurance et les services, « aussi de forts vecteurs de croissance sur cette année. »

Cette dynamique économique et d’emploi n’est cependant pas sans accentuer des tensions déjà vives sur le recrutement. L’IT française a besoin de « ressources et de compétences, et celles-ci sont rares », avertit Benoît Darde.

Les prestataires sont par conséquent poussés à d’importants investissements RH pour trouver et fidéliser les collaborateurs. Numeum témoigne de nombreux projets RH pour améliorer les conditions de travail, intégrer les « nouveaux modes de travail » et développer les formations.

 

Inflation des salaires IT

« Nous travaillons énormément sur les recrutements. C’est un sujet difficile, qui demande beaucoup d’efforts. Il en va de même pour la fidélisation des talents », renchérit le spécialiste des affaires économiques de l’organisation sectorielle.

Cette « guerre des talents » est synonyme d’augmentation des salaires et donc de la masse salariale. Ce n’est toutefois pas une spécificité des fournisseurs. « Cette tendance s’observe aussi dans les équipes de nos clients comme le confirment nos discussions avec le Cigref. C’est une réalité également pour les startups. »

Le turnover est lui aussi en hausse. Il évolue ainsi, parmi les sociétés de services, entre 17 % et plus de 25 %. Cette mobilité des effectifs affecte également les entreprises utilisatrices, tient à ajouter Godefroy de Bentzmann, le co-président de Numeum.

Un marché désormais international des profils IT experts

« C’est un événement déjà ancien, qui s’est accéléré. De plus, les clients ont engagé des recrutements après des années de gel. Depuis fin 2020, les salaires se sont réellement emballés », constate le PDG de Devoteam.

Pour les entreprises, le développement du travail à distance pourrait ajouter encore un peu plus de tension en internationalisant le marché du travail. Des acteurs IT étrangers – eux aussi sous tension – commenceraient à recruter des collaborateurs en France. Ces effets sont encore difficiles à mesurer globalement, signale Godefroy de Bentzmann. Mais ils seraient déjà bien tangibles sur les profils experts.

La pratique du télétravail favoriserait par ailleurs une dynamique de l’emploi en région, souligne Véronique Torner, vice-présidente chargée du numérique responsable de Numeum.

5,9 % de prévision de croissance pour 2023

Si l’emploi est à la fois un domaine de satisfaction et une source de difficultés, il n’empêche pas, malgré tout, le secteur numérique hexagonal d’être optimiste pour 2023. Numeum table pour l’année sur une nouvelle hausse d’activité à +5,9 % et 64,5 milliards d’euros. Une prévision qualifiée de « prudente ».

En dépit d’un contexte économique complexe, les budgets IT ne feraient pas figure de variable d’ajustement à ce jour, comme cela pouvait l’être par le passé. Les DSI prévoient en majorité une hausse ou stabilité de leurs dépenses. En termes de priorités, les professionnels des systèmes d’information font le choix du « business », et notamment de la confiance.

 « On ne fait pas de business dans le digital sans confiance », argue Benoît Darde pour expliquer l’importance de la cybersécurité (priorité pour 60 % des DSI, devant la Data et l’amélioration de l’expérience client).

En valeur, la sécurité n’est cependant pas le premier poste de dépense à environ 3,3 milliards d’euros. « C’est un petit marché », rappelle Godefroy de Bentzmann, même s’il reste « stratégique » en raison d’une hausse en 2022 de 11,3 %.

La cybersécurité équivaut en moyenne à 6 à 7 % des budgets IT. Elle n’en demeure pas moins une préoccupation des DSI, en particulier du fait de l’actualité de la menace et des enjeux d’image liés à ce risque.

D’autres thématiques IT intéressent les décideurs, dont celle plus globale de la manière de mener à bien sa « transformation digitale », un marché de 7,6 milliards d’euros (+10,2 %).

Cloud & intégration SI (15,3 milliards), Big data (2,3 milliards d’euros à +22,1 %) et IoT (5,9 mds € à +19,1 %) constituent aussi des réservoirs de croissance.

Ces « dynamiques », malgré des « légers signes de ralentissement », alimentent la confiance des fournisseurs en matière de création de valeur. L’industrie numérique « est un atout pour la France », revendique Benoît Darde. « Il faut le faire savoir », ajoute-t-il.

Ce défi de notoriété est stratégique. L’attractivité du secteur auprès « des nouvelles générations » permettra d’alimenter les besoins croissants de compétences. « Il faut absolument dynamiser le secteur. Cela tire la croissance du pays », insiste Benoît Darde.

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