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Réseau : le NaaS, prochaine coqueluche des intégrateurs, après le SD-WAN

Le NaaS correspond à un équipement réseau que l’on achète et que l’on pilote comme un service cloud. Le SD-WAN, qui est parfois vendu ainsi, pourrait finalement être noyé dans les offres NaaS.

Dans le domaine des réseaux, après le SD-WAN, les intégrateurs pourraient bientôt vouloir vendre aux entreprises un nouveau concept commercial : le NaaS, ou Network-as-a-Service.

À la base, il s’agit toujours d’installer physiquement des équipements réseau sur site. En revanche, plus question de les acheter une bonne fois pour toutes ni de les piloter depuis une console locale. Avec le NaaS, l’entreprise loue l’équipement, en payant une facture mensuelle qui correspond à un paramètre d’usage (nombre d’utilisateurs connectés, quantité de trafic, etc.). Et tout le pilotage se fait depuis une console en ligne, dont on donne éventuellement les clés à un prestataire.

L’argument ? Dans les bilans comptables de l’entreprise, le NaaS sera rangé dans la même catégorie que les logiciels SaaS et autres ressources souscrites en cloud. Le fait de vendre des équipements physiques d’infrastructure comme des services cloud est une mode actuelle à laquelle ont déjà cédé des fournisseurs tels que Dell, via Apex, et HPE, via GreenLake.

Étendre les consoles cloud du SD-WAN au reste du réseau

Selon l’étude 2023 State of Network Edge Survey, sponsorisée par Graphiant et menée par Eleven Research, près de 90 % des entreprises seraient demandeuses de NaaS pour mieux répondre aux évolutions constantes des besoins de leurs succursales.

Rappelons que, via le SD-WAN, les entreprises ont déjà eu accès à une « cloudification » de la fonction de passerelle réseau entre le LAN interne et Internet. Il s’agissait déjà d’un paiement mensuel calculé selon le nombre de connexions et des consoles SaaS pour doser, là, la bande passante de la téléphonie, là, celle des appareils qui remontent des données au siège, ou, là, celle qui connecte les collaborateurs à certains services web. Quand cette console SD-WAN intègre aussi des réglages de sécurité (firewalls, droits d’accès, etc.), on parle de SASE.

En NaaS, la console en ligne étend ses réglages au réseau interne. Il devient possible de régler la bande passante des serveurs de fichiers, de déployer des copies d’un cluster applicatif avec la même configuration IP que celle du cluster original développé au siège, etc.

En soi, le NaaS ne remet pas en cause l’installation d’une appliance de routage physique ou virtuelle entre le LAN et Internet – ce qu’est un SD-WAN. Mais comme le terme SD-WAN a été résumé pour de nombreux acheteurs à un service de routage piloté en ligne et payable par souscription, il est probable que, par abus de langage, des fournisseurs présenteront le NaaS comme une évolution du SD-WAN. La seule évolution réelle, précisons-le, est purement commerciale : le fournisseur fait payer plus de fonctions sur la facture.

Évidemment, il s’agira pour les fournisseurs de NaaS de proposer aux entreprises de remplacer le SD-WAN précédemment installé par un concurrent. Avec l’argument de pouvoir gérer toutes les fonctions depuis une seule console, voire de confier leur gestion à un seul prestataire.

L’enjeu d’une console unique pour tous les réseaux

Rendre la connectivité plus efficace serait, selon Graphiant, l’un des objectifs les plus importants des entreprises. Les responsables réseau interrogés dans l’étude ont ainsi indiqué qu’il était souhaitable de pouvoir régler ensemble les connexions internes, celles vers les partenaires et celles vers les services cloud que leur entreprise utilise. Ces objectifs seraient bien plus souvent mentionnés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a trois ans.

Selon ces responsables, l’absence d’une console globale poserait un vrai problème d’élasticité. Il faudrait notamment répéter sur plusieurs outils les mêmes règles de sécurité qui s’appliquent à des ressources en différents endroits. On pense par exemple à un serveur applicatif local et sa copie de secours en cloud. Ces efforts iraient croissant avec l’évolution des activités. L’étude note que les entreprises interrogées sont déjà de grandes consommatrices de services en cloud, dont des serveurs (61 % d’entre elles) et du stockage (81 %) en IaaS, ainsi que des applications en SaaS (97 %).

Une autre étude datée de janvier 2023 et réalisée par ABI Research estimait déjà que plus de 90 % des entreprises consommeraient au moins un quart des services réseau via une offre NaaS d’ici à 2030. Mais l’adoption du NaaS devrait prendre du temps à démarrer ; PME comme grands comptes redoutent des coûts cachés et des problèmes de maîtrise. Une fois cette crainte passée, la bascule pourrait se faire très rapidement. ABI Research parle même d’une « priorité absolue » pour les entreprises à ce moment-là.

D’ici là, le SASE continue son bonhomme de chemin, avec une croissance continue des ventes qui devraient, selon Gartner, culminer cette année à 9,2 milliards de dollars, soit 39 % de ventes en plus par rapport à 2022.

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