Cisco Live : un cluster de calcul IA, des sondes locales et Splunk

L’équipementier dévoile une infrastructure convergée Nexus HyperFabric, l’intégration du réseau local au monitoring de ThousandEyes, ainsi que des connexions entre FSO et Splunk.

Lors de la conférence Cisco Live qui s’est tenue la semaine dernière à Las Vegas, Cisco a dévoilé l’infrastructure convergée Nexus HyperFabric, dédiée aux projets d’IA, et l’embarquement des sondes ThousandEyes dans les équipements du réseau local.

Il a aussi détaillé comment les produits de Splunk, éditeur racheté en fin d’année dernière, commençaient à s’interconnecter avec l’architecture FSO, alors que cette dernière devait initialement les concurrencer.

Nexus HyperFabric, une infrastructure convergée pour l’IA

Le cluster Nexus HyperFabric comprend tout d’abord des serveurs UCS équipés de GPU H200 et de contrôleurs Ethernet BlueField-3 (DPU) de Nvidia. On y trouve aussi une baie de stockage Vast. Et des switches réseau Cisco 6000 dotés de connexions en 400 ou 800 Gbit/s. L’ensemble est fourni avec la pile d’outils IA Enterprise de Nvidia qui sert à façonner des applications d’IA générative à partir d’un catalogue de LLM et de modules fonctionnels NIM (notamment pour le RAG) prépackagés.

« Je reconnais que lorsque la transition vers le cloud s’est produite, nous n’avons pas réussi à nous positionner avec des offres pour le datacenter », a déclaré Chuck Robbins, PDG de Cisco (en photo), lors d’une réunion avec des journalistes et des analystes. « Nous ne commettrons pas la même erreur avec l’IA. Nous y investissons tous nos efforts et j’affirme que nous sommes bien préparés pour aider nos clients. »

La machine sera disponible d’ici à la fin de l’année. Cisco annonce déjà qu’il la déclinera avec des baies de stockage de Pure Storage et de NetApp. Dans le premier cas, l’infrastructure convergée s’appellera FlashStack AI et, dans le second, FlexPod IA.

En attendant, Cisco a annoncé vouloir investir un total de 1 milliard de dollars dans différents projets d’IA, dont le Français Mistral. Comme chez tous les fournisseurs en ce moment, Cisco va aussi mettre un chatbot d’IA générative dans chacun de ses produits. On en trouve déjà un dans la console d’AppDynamics (solution d’APM) et dans ses principales solutions de télécommunications pour collaborateurs (Webex, Call Center).

Les sondes ThousandEyes intègrent le réseau local

Avant cette édition de Cisco Live, ThousandEyes correspondait à une flotte de sondes à l’affût des goulets d’étranglement sur les réseaux externes des entreprises (comprendre sur les liens Internet qui mènent à ses succursales ou en partent). Désormais, des agents ThousandEyes seront intégrés aux équipements de réseau local Meraki (professionnels) et Catalyst (entreprises) pour mesurer aussi – et surtout anticiper – le trafic en amont et en aval des liens Internet.

Cisco a baptisé ces nouveaux agents locaux Traffic Insights et a englobé toutes les fonctionnalités de ThousandEyes sous une nouvelle marque Digital Experience Assurance. Le trait particulier de Digital Experience Assurance est qu’il n’y aura bientôt plus de console de télémétrie ThousandEyes à part : elle sera intégrée aux interfaces d’administration des équipements SD-WAN qui connectent les succursales au réseau étendu d’une entreprise. Il s’agira en l’occurrence de l’interface Meraki SD-WAN Manager et de la console SaaS Cisco Secure Access qui pilote la fonction de SD-WAN dans les routeurs Catalyst.

L’idée de l’équipementier consiste à apporter une information nouvelle sur la congestion des réseaux et, même, sur l’expérience utilisateur ressentie aux responsables de la connexion vers les applications distantes. Le SD-WAN Meraki est un équipement plutôt utilisé sur les points de vente, tandis que la fonction SD-WAN des équipements Catalyst concerne plutôt les bureaux avec de nombreux salariés.

À terme, des agents Traffic Insights seront déployés chez les fournisseurs de cloud pour donner à une entreprise une idée plus claire de la topologie réseau des ressources qu’elle loue en ligne et du trafic qui s’y déroule. Pour l’heure, de tels agents sont déjà en cours de déploiement chez AWS.

Splunk doucement conjugué aux télémétries de Cisco

Cette édition de Cisco Live était aussi particulièrement attendue pour les annonces que Cisco devait y faire concernant l’intégration de Splunk dans ses produits. Ils s’intègrent, donc, doucement. Et la partie la plus visible de cette conjugaison devrait concerner dans un premier temps la visualisation des métriques de Cisco, au travers des consoles de Splunk orientées cybersécurité.

Pour mémoire, lors de la crise pandémique du Covid19, Cisco fut pris de court par le gel de la production de nouvelles puces accélératrices Silicon One, censées relancer la vente de ses équipements réseau aux hyperscalers. En guise de parade, le fournisseur changeait alors totalement son fusil d’épaule et se lançait dans le développement d’une grande console de monitoring, FSO, sur la base de ses activités dans l’APM avec la gamme de logiciels AppDynamics.

En fusionnant le monitoring réseau et le monitoring de la réactivité des applications, FSO devait marcher sur les plates-bandes du géant de la télémétrie : Splunk. L’ambition était grande et, sur le papier, pas si compliquée à atteindre. Techniquement, il devait juste s’agir de coudre entre elles, via une API, toutes les consoles d’administration que Cisco avait déjà développées pour ses différentes gammes de produits.

Las, malgré les promesses, FSO n’est toujours pas packagé en juin 2023. Trois mois plus tard, le fournisseur, au pied du mur, rassure les marchés financiers en annonçant qu’il va plutôt racheter Splunk, pour 28 milliards de dollars.

D’un point de vue technique, Splunk apporte la pièce qui manquait à FSO pour fonctionner : un pot commun central, où sont réunies toutes les données de télémétrie, pour mieux les analyser, de manière transversale. Du point de vue commercial, Cisco ne semble pas encore prêt à faire le deuil de ses interfaces historiques au profit de celles développées pour analyser les données de Splunk.

Donc, dans un premier temps, Splunk récupère dans sa base de données de travail les relevés qui viennent d’AppDynamics et de ThunderEyes, via l’API mise au point pour FSO. Et si ces données restent visualisables via les consoles de visualisation de Cisco pour les développeurs et les ingénieurs réseau, elles le deviennent aussi via les consoles de Splunk pour les métiers de la cybersécurité. Officiellement, la marque FSO n’a pas disparu.

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