Pour son programme GenAI, Safran renouvelle son engagement avec AWS
Afin de concrétiser son programme d’adoption de l’IA générative, Safran annonce une « collaboration stratégique » avec AWS. L’équipementier aéronautique français estime qu’il peut respecter ses exigences de souveraineté tout en menant ses ambitions numériques avec des partenaires américains.
Lors de l’AWS Summit Paris 2025, alors que les relations géopolitiques se tendent entre l’Europe, la France et l’Administration Trump, Safran – le DSI du fabricant du moteur du Rafale (entre autres) et le propriétaire de la pépite du renseignement Preligens (Safran.AI) – a réaffirmé son attachement au cloud d’AWS.
En 2021, l’actuel directeur général de Safran a mis en place un plan de transformation numérique visant à accélérer la mise sur le marché de ses moteurs et équipements.
« C’est une transformation en profondeur de tous nos métiers : engineering, manufacturing, support et service », affirme Frédéric Verger, directeur groupe du digital et des systèmes d’information chez Safran. « Les enjeux, c’est la compétitivité de Safran et le succès de ses développements futurs ».
80 % des données de Safran sont « éligibles au cloud »
Au même moment, le motoriste et équipementier aéronautique a fait d’AWS son cloud de prédilection. « 80 % de nos données sont éligibles au cloud, le reste étant soit des données régulées ou d’une criticité particulière », signale Frédéric Verger.
Safran a mis en place une landing Zone perçue comme un cloud privé, une zone isolée derrière un VPC et protégée avec la majorité des services de sécurité d’AWS. L’entreprise y déploie principalement des services de stockage et de traitements de données, dont Amazon S3, RDS, Redshift, DynamoDB, Glue, Amazon Bedrock, SageMaker et les capacités de calcul EC2.
« Quatre ans plus tard, nous ne regrettons pas ce choix », assure le chief digital officer. « L’offre est complète, l’accompagnement de très bon niveau, l’écosystème excellent et la fiabilité opérationnelle est incroyable », vante-t-il.
« Encore récemment, un de mes directeurs d’IA factory me mentionnait qu’il n’avait subi aucune interruption de services sur Amazon SageMaker ces trois dernières années ».
Ce renouvellement de la confiance de Safran envers AWS se fait à l’aune d’un « programme ambitieux d’adoption de l’IA générative ».
« En 2024, nous avons concrétisé en quelques mois une dizaine de projets d’IA générative tous représentatifs et utiles pour l’ensemble de nos sociétés », affirme le DSI. « Nos data scientists les ont menés sur Amazon Bedrock avec des patterns d’architecture unifiée ».
L’IA générative provoquerait un « nouvel âge d’or du knowledge management »
L’un de ces projets implique l’indexation de plus de 1 200 documents relatifs à des procédures et des instructions destinées aux ingénieurs spécialistes de la conception des moteurs d’avion. « Entre autres, l’assistant identifie les exigences réglementaires relatives à une thématique particulière », illustre Frédéric Verger.
Pour les équipes d’ingénieurs support, responsables de la réparation des nacelles (les coques qui enrobent les moteurs d’avion), Safran a mis au point un assistant « qui extrait, dans des historiques et des bases de données les plus diverses, de plus de dix ans de réparation, les cas les plus semblables à un besoin d’un client ».
« Nous avons évalué que les cas d’usage [GenAI] déployés en 2024 nous ont fait économiser 1 million d’euros sur une période de dix-huit mois. »
Frédéric VergerDirecteur groupe du digital et des systèmes d’information, Safran
Safran a estimé que cet assistant-RAG fait économiser aux ingénieurs support, traitant plus de 7 000 requêtes de services client par an, environ 4 200 heures de recherche.
« Nous avons évalué que les cas d’usage [GenAI] déployés en 2024 nous ont fait économiser 1 million d’euros sur une période de dix-huit mois », lance le chief digital officer et DSI.
En 2025, 20 projets d’IA générative sont en cours. « Beaucoup des cas d’usage que nous déployons valorisent le savoir-faire de Safran. Nous pensons que nous sommes au début d’un nouvel âge d’or du knowledge management », avance Frédéric Verger.
C’est pour concrétiser ces projets que le groupe annonce une « collaboration stratégique » avec AWS. Le « generative design » est aussi à la feuille de route de l’équipementier.
Ce programme autour de l’IA générative s’accompagne d’un plan de conduite du changement sur cinq ans. Il s’agit de former plus de 72 000 employés à travers 15 parcours d’apprentissage spécialisés. Les salariés du groupe auraient déjà complété plus de 35 000 modules de formation à la GenAI. « Toutes les formations techniques ont été assurées en partenariat avec AWS ».
Les partenaires américains, « des atouts inégalables »
Ainsi, Safran prétend pouvoir allier le respect des exigences de souveraineté avec d’autres fournisseurs, et des partenariats d’envergure avec des acteurs américains.
« Dans le monde des entreprises, les groupes américains, ce sont soit des clients, soit des fournisseurs, soit des concurrents, soit des partenaires », liste Frédéric Verger.
« Quand ce sont de vrais partenaires, au meilleur niveau, comme GE Aerospace pour nos moteurs d’avion ou AWS pour nos services cloud, ce sont des atouts inégalables », lance-t-il. « Ensemble, nous faisons évoluer et transformons les métiers de Safran, nous construisons l’avenir de Safran et nous contribuons à la décarbonation de l’aérien ».
Selon le rapport intégré 2024 de Safran, l’année dernière, 26 % de sa masse salariale (soit plus de 25 000 collaborateurs) était réparti entre l’Amérique du Nord et le Brésil. Environ 50 000 salariés étaient embauchés en France. L’activité équipements & défense a représenté 39 % de son chiffre d’affaires en 2024, soit 10,6 milliards sur un total de 27,3 milliards d’euros. L’activité propulsion aéronautique vaut pour la moitié du CA..
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