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IA militaire : Safran finalise l’acquisition de Preligens

Safran a annoncé avoir bouclé le rachat de Preligens et renomme l’entreprise Safran.AI. L’industriel compte poursuivre le développement des solutions de l’ETI et en développer de nouvelles dans les domaines de l’aéronautique, du spatial et de la défense.

[Mise à jour le 2 septembre 2024] Selon les termes évoqués lors des négociations exclusives débutées en juin, Safran a annoncé l’acquisition, le 2 septembre, de Preligens. L’ETI est rattachée à Safran Electronics & Defense et se nomme désormais Safran.AI.

[Article original du 26 juin 2024] L’industriel de la défense Safran a confirmé être entré en « discussions exclusives » avec Preligens en vue de racheter la scale-up spécialisée dans l’IA au service du renseignement pour un montant estimé à 220 millions d’euros.

Ce fut l’un des sujets phares lors d’Eurosatory, le salon de la Défense et de la Sécurité ayant eu lieu à Paris entre le 17 et 21 juin 2024. Safran s’apprête à acquérir Preligens.  

La société fondée en 2016 sous le nom d’EarthCube a mis au point une plateforme d’analyse d’images vidéo, satellites et de signaux acoustiques reposant sur l’intelligence artificielle. Elle est consacrée au renseignement militaire et à la sécurité civile. Aujourd’hui, Preligens propose sa plateforme « Mult-Int » AI Factory et deux produits. Robin est une solution ROIM (renseignement d’origine image) consacrée à la surveillance de sites stratégiques capable de détecter, via des modèles de computer vision, des objectifs et des véhicules militaires à partir d’images satellitaires commerciales et « souveraines ». Xerus est un outil de cartographie permettant de « détecter et vectoriser automatiquement les routes, les bâtiments et les protections passives ». En clair, il s’agit d’un outil de reconnaissance aidant les forces armées à préparer leurs interventions dans les zones de conflit.

Une pépite en difficulté

En 2020, l’entreprise avait levé 20 millions d’euros en série A. Courtisé par la branche d’investissement de la CIA, Preligens avait finalement reçu le soutien financier de la DGA à travers le fonds Definvest, géré par Bpifrance. En octobre 2022, la DGA avait annoncé l’attribution du marché TORNADE (Traitement Optique et Radar par Neurones Artificiels via Détecteurs) à Preligens afin d’équiper le renseignement militaire français en logiciels géo-int. Un contrat d’une valeur maximale de 240 millions d’euros sur sept ans faisant du ministère des Armées le client principal de Preligens.

L’entreprise assure également avoir déployé ses outils auprès « des principales agences de renseignement au sein de l’OTAN et des pays alliés ».

Seulement, voilà, avec un chiffre d’affaires de 28 millions d’euros en 2023 (et 4 millions de pertes), Preligens a subi plusieurs déconvenues, à commencer par la difficulté à élargir sa clientèle, expliquait en mai dernier au Monde Jean Yves Courtois, président de Preligens nommé en 2023. Preligens n’aurait pas obtenu suffisamment tôt les agréments pour travailler avec les armées étatsuniennes. Au vu de ces résultats, la société a licencié 26 personnes, toujours selon Le Monde. De son côté, Safran rappelle que Preligens a aujourd’hui 220 employés, dont 140 ingénieurs.

Du fait de sa taille et de son activité sensible, Preligens a écarté la possibilité de lever des fonds. Aucun fonds d’investissement européen n’avait la taille nécessaire pour soutenir sa croissance.

Safran s’impose devant Telespazio et Hexagon AB

Preligens s’est mis à la recherche d’un acquéreur dès le mois de février 2024. S’en sont suivies de longues tractations afin de déterminer qui allait reprendre Preligens sous son aile. Rapidement, deux noms de repreneurs sont apparus sur le dossier : le Français Safran et Telespazio, filiale du groupe italien Leonardo et de Thales. Thales, seule, s’est un temps montrée intéressée par l’entreprise et ses technologies, comme le rapportaient les Échos en février dernier. Un quatrième acteur, le Suédois Hexagon AB, avait remis une offre à la société spécialisée dans la géo-intelligence.

Suivant les différents éléments révélés par les Échos et la Tribune, une information concernant une fourchette de prix comprise entre 300 et 350 millions d’euros circulait avant que Thales se retire du projet d’acquisition.

Safran semble donc avoir battu l’offre d’Hexagon AB. Il compte reprendre « l’un des leaders de l’intelligence artificielle (IA) dédiée aux industries de l’aérospatiale et de la défense, pour une valeur d’entreprise estimée à 220 millions d’euros », a-t-il confirmé le 24 juin.

« L’acquisition de Preligens permettrait d’accélérer l’adoption de l’IA au sein du Groupe, et ainsi optimiser notre agilité et notre efficacité », affirme Olivier Andriès, directeur général de Safran, dans un communiqué de presse. « Avec de multiples applications, cet apport représenterait une étape majeure pour le développement de nos activités dans la défense et le spatial, et nous permettrait également de déployer des méthodes d’inspection numérique pour renforcer la qualité et la sécurité des vols ».

« Nous sommes enthousiastes à la perspective de renforcer nos activités aux États-Unis, de définir ensemble des applications innovantes basées sur l’IA et d’être à la pointe des technologies IA pour l’Industrie 4.0 », ajoute Jean-Yves Courtois.

La finalisation de la transaction est prévue au troisième trimestre 2024, après l’obtention des accords réglementaires « habituels » et la consultation des représentants du personnel de Preligens.

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