Comme Databricks, Snowflake acquiert un spécialiste de PostgreSQL

Le spécialiste du data warehousing cloud ne fait pas de mystère sur ses ambitions : proposer une offre réunissant des capacités analytiques et transactionnelles. Outre le fait de poursuivre le bras de fer avec Databricks, Snowflake entend prendre des parts de marché aux hyperscalers.

Lors de son sommet annuel, Snowflake a annoncé son intention d’acquérir Crunchy Data pour un montant non dévoilé. Selon une personne proche du dossier interrogé par CNBC, l’éditeur paierait environ 250 millions de dollars.

Cette société fondée en 2012 et basée à Charleston, en Caroline du Sud, développe une distribution commerciale de la base de données open source PostgreSQL.

En sus d’une offre de support sur site intégrant des fonctionnalités de sécurité supplémentaires, Crunchy Data a conçu un opérateur Kubernetes et un système de déploiement automatisé et hautement disponible pour le SGBD relationnel.

À noter que Crunchy Data a pour clients Thales, Orange, Kyndril, SAS, ou encore le département de la sécurité intérieure étatsunien.

Depuis 2019, l’éditeur développe une version managée de son SGBD, nommée Crunchy Bridge. Plus récemment, il a mis sur pied un entrepôt de données basé sur PostgreSQL nativement compatible avec le format de tables open source Apache Iceberg. Autant dire que la société est hautement compatible avec la philosophie de Snowflake.

L’annonce n’est pas anodine : son concurrent Databricks a dévoilé le rachat pour 1 milliard de dollars de Neon. Si comme son adversaire, Snowflake a vaguement mis en avant l’intérêt de cette base de données appréciée par les développeurs pour l’IA agentique, il ne fait pas de mystère sur ses intentions.

Snowflake Postgres : un pas de plus vers le translytique

« L’annonce de notre projet d’acquisition de Crunchy Data représente une autre raison pour laquelle Snowflake est la destination ultime pour tous les besoins des entreprises en matière de données et d’IA », déclare Vivek Raghunathan, SVP de l’ingénierie chez Snowflake, dans un communiqué de presse. « Nous nous attaquons à un marché massif de 350 milliards de dollars et à un besoin réel pour nos clients d’apporter Postgres au Data Cloud ».

Avant même la finalisation de l’acquisition soumise à des approbations légales (une opération qui serait « imminente »), l’éditeur a dévoilé le lancement futur de la préversion privée de Snowflake Postgres. Il s’agit purement et simplement d’intégrer Crunchy Bridge ainsi que ses atouts présumés en matière de performance de sécurité. Ce serait un complément à Unistore. Pour rappel, en 2022, Snowflake avait introduit des tables hybrides et un moteur orienté lignes pour les charges de travail translytiques (HTAP). Malgré l’engouement des clients de l’éditeur pour cette fonctionnalité, Unistore ne serait pas compatible avec toutes les applications PostgreSQL.

Une stratégie commune à Databricks et à Snowflake

 Pour rappel, PostgreSQL est avant tout une base de données transactionnelle, opérationnelle. Snowflake est, par nature, un SGBD analytique.

« [Comme nous], Snowflake estime que Postgres est la principale base de données opérationnelle et souhaite intégrer Postgres dans le Data Cloud », confirme Paul Laurence, cofondateur de Crunchy Data, dans un billet de blog. « Avec cette annonce, nous ciblons le marché du traitement transactionnel en ligne (OLTP), en tirant parti de la portée de Snowflake et des solutions flexibles et évolutives de Crunchy Data pour les charges de travail d’entreprise et les développeurs ».

« Cette démarche vise essentiellement à contrer la domination des hyperscalers qui se manifeste par une ampleur et une portée considérables. »
Adam RonthalV-P et analyste, Gartner

« Si l’on avait encore des doutes sur le fait que PostgreSQL est le dénominateur commun pour l’accès aux données en dehors des grandes bases de données commerciales, cette acquisition par Snowflake les lève » plussoie Holger Mueller, analyste chez Constellation Research, dans un billet de blog. « Cette acquisition renforce la position de PostgreSQL en tant que lingua franca pour l’accès aux données. Il est bon de voir Snowflake et d’autres fournisseurs soutenir [cette technologie] et le langage de requête SQL ».

D’après Adam Ronthal, vice-président et analyste chez Gartner, à l’instar de Databricks, Snowflake veut prendre des parts de marché aux fournisseurs de cloud et à Oracle. « Cette démarche vise essentiellement à contrer la domination des hyperscalers qui se manifeste par une ampleur et une portée considérables », écrit-il sur LinkedIn. « Les hyperscalers sont encore actuellement dans une période de “nombrilisme intentionnel” où ils essaient de faire mûrir leurs propres écosystèmes. Snowflake et Databricks semblent penser qu’il est préférable d’essayer de créer leur propre écosystème plutôt que de s’appuyer sur ceux qui sont existants ».

Est-ce la bonne approche ? « C’est probablement la bonne approche à court terme. Je ne crois pas que ce soit une stratégie à long terme », avance-t-il. En clair, tant que l’offre repose sur les infrastructures des hyperscalers, ceux-là sont gagnants, « même quand leurs produits natifs ne sont pas sélectionnés »..

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