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La feuille de route IA d’IBM et d’HashiCorp prend forme
Lors de la conférence annuelle HashiCorp, les deux sociétés ont dévoilé leur intention de prendre en charge les agents IA et les interfaces en langage naturel pour les outils d'automatisation IT.
IBM et HashiCorp développent actuellement un projet de graphe de connaissances. Il vise à jeter les bases de l’automatisation de l’infrastructure as code à l’aide d’agents IA. Le tout en s’appuyant sur des outils familiers de gestion du cloud.
Jusqu’alors, HashiCorp s’est montré prudent quant à l’adoption de la GenAI. En 2023, il a ajouté la prise en charge des tests Terraform générés par l’IA. Il a toutefois pris du retard par rapport à ses concurrents. Le projet Infragraph, lancé en version bêta privée la semaine dernière, marque une nouvelle étape prudente. Il s’agit de fournir aux agents IA un contexte sur les ressources informatiques, les référentiels de données et leurs interconnexions.
« La plupart des grandes entreprises disposent de centaines de systèmes d’enregistrement. Les données sont très fragmentées. Les modes d’accès, de requêtage, les modèles de données, les contrôles d’accès s’avèrent différents pour chacun d’entre eux. Il faut exposer tout cela à l’IA de manière cohérente et utile », expose Armon Dadgar, cofondateur et directeur technique de HashiCorp, lors d’une présentation à la HashiConf le 26 septembre.
« C’est là que nous rencontrons beaucoup de difficultés », affirme-t-il. « Si nous voulons réellement tirer le meilleur parti de ces bots, nous devons les intégrer à nos systèmes et les rendre accessibles à nos outils ».
Les porte-parole ont effectué une démonstration lors du keynote d’ouverture. Une version préliminaire du graphe de connaissances incluait une infrastructure codée en Terraform, les images machine Packer et les données AWS. Une fonctionnalité appelée Graph Explorer affichait un inventaire des ressources informatiques AWS, des espaces de travail Terraform et des données de compilation Packer, ainsi qu’un ensemble de requêtes prédéfinies sur ces systèmes. Ces requêtes concernaient notamment une liste des instances EC2 datant de plus de 30 jours. Elles ciblaient également une liste des ressources créées avec la dernière version de Terraform et des informations sur la correspondance entre les ressources AWS et les espaces de travail Terraform. Selon les responsables de l’entreprise, le projet Infragraph disposera des connecteurs à Azure, Google Cloud, d’autres outils HashiCorp et IBM, des systèmes de contrôle de version tiers et des outils de cybersécurité.
L’idée d’utiliser un graphe de connaissances pour guider des agents IA n’est pas nouvelle. De nombreux fournisseurs IT, notamment Dynatrace, Microsoft Azure, Atlassian, Pulumi et ServiceNow, privilégient également cette approche. La technologie n’est pas non plus novatrice, mais les experts IT affirment qu’ils sont prometteurs pour organiser et visualiser les environnements informatiques à l’ère de l’IA.
Les utilisateurs de HashiCorp évaluent l’automatisation IT par l’IA
Certains clients de HashiCorp n’attendent pas que la feuille de route complète se concrétise pour aller de l’avant. Armon Dadgar a estimé lors de son discours d’ouverture que 30 à 40 % du code Terraform était déjà généré à l’aide d’outils d’IA. Les clients utilisent également HashiCorp Consul pour gérer les agents IA, selon une présentation donnée lors d’une session en petits groupes par Steffen Wagner, directeur technique de terrain chez HashiCorp.
« Dans les systèmes distribués, si vous exécutez un grand nombre de microservices, ceux-ci doivent s’enregistrer quelque part pour dire : “Je suis l’instance numéro cinq de ce microservice. Vous pouvez me joindre sous ce nom d’hôte” », explique Steffen Wagner. « Et si vous pensez aux agents, c’est la même chose… un nouvel agent doit s’enregistrer quelque part de manière centralisée pour dire : “Je suis là. Voici mon identité, voici mon URL, voici mon objectif.” Nous voyons beaucoup de clients utiliser Consul comme registre d’agents IA. »
L’automatisation IA pourrait accélérer l’approvisionnement en infrastructure dans les environnements de grandes entreprises. Par exemple, Benchling, l’éditeur d’une plateforme cloud dédiée à la recherche biomédicale, utilise Terraform pour gérer 165 000 ressources d’infrastructure cloud dans 350 espaces de travail.
« Nous demandons aux développeurs de vérifier toutes les fonctions “Terraform apply” dans les espaces de travail de production », indique Christian Monaghan, directeur de l’ingénierie chez Benchling. « C’est fastidieux lorsque nous avons autant d’espaces de travail. Nous aimerions donc utiliser une sorte de système d’interprétation IA qui dirait : “D’accord, au lieu d’effectuer 50 fois la même série de modifications, nous pouvons l’utiliser une seule fois, puis évaluer toutes les autres [pour voir si elles] sont fondamentalement identiques” ».
Un autre participant à la HashiConf s’est dit impatient d’essayer Project infragraph pour la découverte de services et la création de rapports BI en langage naturel, que des agents IA soient impliqués ou non.
« J’ai entendu des employés de HashiCorp dire : “Nous voulons que vous puissiez communiquer avec votre infrastructure” », lâche un ingénieur cloud senior d’une entreprise du classement Fortune 500 située sur la côte Est. Il a souhaité rester anonyme, car il n’est pas autorisé à s’exprimer au nom de son employeur dans la presse.
« C’est génial, car je ne veux pas passer au crible les fichiers d’état et trouver des ressources juste pour avoir une idée de ce à quoi cela ressemble », poursuit-il. « En substance, vous disposez d’un petit modèle de langage local pour votre infrastructure, que vous pouvez utiliser pour trouver des modèles optimaux. Nous sommes une petite équipe de plateforme. Nous voulons mettre en place des workflows optimaux, mais il faut trouver le temps de donner la priorité à ce travail. Ou bien vous pouvez utiliser cet infragraph. C’est comme ça que je vois les choses évoluer ».
Feuille de route IA : HashiCorp et IBM sèment des indices
Les responsables d’HashiCorp ont donné d’autres indices lors de la conférence sur leurs projets d’automatisation des agents IA. Par exemple, la société a amélioré l’intégration entre son outil de gestion des secrets Vault et le projet open source Secure Production Identity Framework For Everyone (SPIFFE). Cette nouvelle intégration inclut la prise en charge de la création de documents d’identité vérifiables SPIFFE. Cela permet aux utilisateurs d’échanger des jetons Vault existants contre des informations d’identité SPIFFE utilisées pour l’accès de système à système.
« Cela devient un modèle particulièrement important lorsque nous parlons de ces charges de travail IA de nouvelle génération », souligne Armon Dadgar.
« Comment établir des modèles de communication d’agent à agent ou d’utilisateur à agent qui nous fournissent une preuve cryptographique solide de l’identité de notre interlocuteur ? SPIFFE offre une bonne norme pour y parvenir, en plus des protocoles standard tels que OIDC [OpenID Connect]. »
IBM avait également annoncé son intention d’intégrer la propriété intellectuelle de HashiCorp à son outil IBM Concert AIOps avant la fusion des deux sociétés. Toutefois cette intégration n’a pas été incluse dans le lancement général de Concert en 2024. Selon les responsables de HashiCorp la semaine dernière, l’avenir de cette intégration reste « à déterminer ». Jason Andersen, analyste chez Moor Strategy & Insights, estime que le projet Infragraph pourrait contribuer à la faciliter.
« Je pense qu’IBM voit toujours cette opportunité, mais l’équipe Concert accorde également la priorité à la résilience et à davantage de [fonctions] en temps réel », estime Jason Andersen. « Infragraph, qui est un [outil] davantage axé sur le temps réel, pourrait donc être la clé pour finalement établir ce lien ».
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