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IBM mise sur Linux et le libre avec ses mainframes LinuxOne

Big Blue a profité de la LinuxCon pour dévoiler une nouvelle ligne de grands systèmes Linux et annoncer le support de technologies comme Chef, Docker, MongoDB ou, PostGresQL.

IBM a profité de la LinuxCon de Seattle pour dévoiler deux grands systèmes fonctionnant uniquement sous Linux, les modèles LinuxOne Emperor et LinuxOne RockHopper. Séparément, IBM a aussi effectué une contribution massive de code à la communauté Open Source afin d’amorcer le projet « Open Mainframe » - une large partie du code contribué porte sur les capacités d’analyse prédictive et de détection de panne des mainframes et vise à enrichir les capacités de Linux en la matière. Enfin, Big Blue a annoncé une série d’accords avec de multiples éditeurs libres afin de porter et supporter leurs logiciels sur Mainframe LinuxOne.

Le pari du Scale-up face au Scale-out

Côté matériel l’annonce n’apporte rien de vraiment nouveau puisque les machines LinuxOne ne sont en fait que des System z13. Seule différence, ils sont sans doute packagés pour ne faire fonctionner que Linux et tarifés de façon plus attractive que des Mainframes « standard ».

Selon Big Blue, un mainframe LinuxOne peut accueillir jusqu’à 8000 VM linux et plusieurs centaines de milliers de conteneurs Docker dans un châssis unique. L’idée générale est qu’une telle configuration peut concurrencer efficacement une architecture scale-out composée de plusieurs racks de serveurs x86 et de leurs équipements de connectivité SAN et Ethernet (ou InfiniBand).

IBM met en avant les vertus de l’approche intégrée en terme de compacité, de consommation énergétique, de simplicité de configuration et d’administration et de sécurité. Le discours n’est pas nouveau, mais il est de nature à séduire certaines entreprises déjà équipées de mainframes et pourrait aussi, si les prix sont attractifs (et l’annonce ne fait aucune mention de tarifs, mais évoque de nouveaux modèles de paiement à l’usage) séduire certains grands clients faisant tourner Linux à très grande échelle pour des applications critiques et intensives.

Reste que l’on ne pourra s’empêcher de remarquer qu’en soutenant OpenStack, Big Blue fait aussi le pari inverse de cette approche scale-up en rendant possible la mise en œuvre de cloud de machines scale-out (Power ou x86) à très grande échelle. La vérité étant probablement que les deux approches sont encore appelées à cohabiter pour longtemps, le temps que les applications d’entreprises existantes s’adaptent aux nouvelles architectures scale-out ou soient progressivement remplacées par de nouveaux logiciels.

Linux : le choix de Big Blue pour enrayer la décroissance des applications mainframes historiques

Tom Rosamilia, un vétéran de Big Blue qui a la lourde tâche de relancer l’activité systèmes de Big Blue après le désinvestissement sauvage des systèmes x86 décidé par Virginia Rometty, la CEO de Big Blue, a expliqué qu’un tiers des clients Mainframe font aujourd’hui tourner Linux sur leurs machines. C’est à la fois beaucoup et peu (et un témoignage de l’inertie des applications cœurs sur Mainframe), au vu des efforts technologiques et tarifaires déployés par Big Blue pour encourager l’adoption de Linux sur ses machines. Pour mémoire, IBM a accordé un grand nombre de licences IFL (Integrated Facility for Linux) gratuites ou de licences IFL remisées à ses clients Mainframes pour faire démarrer l’usage de l’OS au pingouin sur System z.

Big Blue n’a plus le choix. Les environnements historiques mainframe, n’ont aucun avenir sinon celui de faire tourner les applications développées depuis 40 ans pour la plate-forme de Big Blue. Certes les besoins en MIPS vont croissant chaque année avec l’augmentation du nombre de transactions, mais cette croissance n’est pas suffisante pour compenser la baisse du prix du MIPS. Il faut donc impérativement amener aux mainframes de nouvelles applications sous peine de voir la plate-forme s’étioler et finir par s’éteindre comme toutes les plates-formes mainframe et mini concurrentes.

Le choix de Linux est donc logique : l’OS est celui qui connaît la plus forte croissance du marché, et il est la cible des développements de la plupart des éditeurs (ce qui ne veut pas forcément dire que ces derniers supportent leurs applications sur Mainframes). Surtout Linux est l’OS cible utilisé par la nouvelle génération d’applications conteneurisées et par les middleware et frameworks ouverts qu’elles utilisent.

Autant de technologies que Big Blue peut très bien supporter lui-même sur Mainframe ou en partenariat avec des tiers (c’est le cas de technologies comme Apache Spark ou Node.js par exemple).

Adapter le mainframe à l’ère des applications conteneurisées

C’est justement pour donner une chance au Mainframe dans ce monde des applications de nouvelles générations qu’IBM a mis les petits plats dans les grands en matière de logiciel. La firme a en particulier veillé à ce que ses machines supportent les dernières technologies Linux et les derniers frameworks de développement open-source.

Big Blue va ainsi supporter Apache Spark, Node.js, MongoDB, MariaDB, PostgreSQL, Chef et Docker sur ses system z et va aussi étendre le choix en matière d’hyperviseur. KVM sera ainsi supporté sur systèmes centraux IBM aux côtés de z/VM, le vénérable hyperviseur des System z. Ces annonces s’ajoutent aux efforts déjà menés par Big Blue autour du PaaS CloudFoundry maison, BlueMix, et d’OpenStack (qui pourrait à terme être amené à orchestrer les éléments d’infrastructure virtuels du Mainframe). Autant d’outils qui visent à garantir que le Mainframe pourra faire tourner dans de bonnes conditions les applications de nouvelle génération.

IBM a également annoncé qu’une troisième distribution Linux va venir rejoindre Red Hat et Suse sur Mainframes, à savoir Ubuntu. L’arrivée de la distribution du Sud Africain Canonical est une reconnaissance de la montée en puissance d’Ubuntu sur le marché des entreprises. C’est aussi sans doute une façon d’accélérer l’adoption d’OpenStack sur grands systèmes IBM, Ubuntu OpenStack étant aujourd’hui l’environnement le plus utilisé par les grands déploiements OpenStack.

IBM peaufine ses arguments pour encourager l'adoption des systèmes LinuxOne

A première vue, IBM a profité de l'été pour réviser ses gammes et n'a pas ménagé ses efforts pour la rentrée du mainframe. Reste désoramais à faire  la preuve que le mainframe peut être compétitif avec des clusters de serveurs x86 et à encourager l'adoption des systèmes LinuxOne.

Le premier objectif devrait être atteint (en partie) en multipliant les benchmarks favorables. L'un des premiers produits par IBM pour les systèmes LinuxOne annonce le support de 30 milliards d’interactions RESTful par jour sur des instances dockerisées de Node.js et MongoDB, soit 470 000 opérations de lecture/écriture sur base de données par seconde. Mais comme d’habitude, il faudra prendre ces résultats avec les pincettes d’usage et surtout étudier au peigne fin les conditions tarifaires de Big Blue, afin que les promesses des nouvelles machines ne se terminent en cruelles désillusions pour ceux qui les auraient adoptées.

Pour le second, rien de tel que des environnements de développement gratuits pour les étudiants et les développeurs. IBM va travailler avec plusieurs universités pour mettre en place des clouds Linux One gratuits pour les premiers et proposera aux seond d’accéder à son propre cloud LinuxOne de façon gratuite afin de faciliter le développement et le test d’applications « Linux » sur mainframes. Ce cloud de grands systèmes Linux sera basé sur des machines situées à Dallas, Pékin et Boeblingen (en Allemagne).

 

 

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