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CDO et DSI : quelles différences ?

Les CDO (Chief Data Officer) et les DSI (Directeurs des Systèmes d’Information ou CIO, Chief Information Officer) occupent des fonctions bien distinctes au sein des directions générales. Ces deux rôles jouent pourtant un rôle clé pour améliorer la collecte de données et leur exploitation dans l’entreprise.

Historiquement, les DSI ont été les grands artisans du passage de l’entreprise de l’ère analogique à celle du numérique, en déployant les infrastructures nécessaires pour des transactions et des processus plus modernes. Cette évolution continue d’ailleurs aujourd’hui avec la transformation digitale – qui ne se limite pas à choisir telle ou telle technologie à la mode.

Ces infrastructures IT, dont les DSI ont été les architectes, ont produit une masse considérable de données : en 2023, le monde a créé, capturé, copié et consommé 123 zettaoctets de données (un chiffre qui devrait atteindre 182 zettaoctets en 2025, selon une étude de Statista).

Ces données aident les décideurs à améliorer les opérations et à mieux comprendre les besoins clients. Mais elles ne sont qu’une partie de l’équation.

L’émergence du « big data » a rendu nécessaire la création d’un nouveau poste : celui de Chief Data Officer (CDO).

Depuis son apparition en 2002, cette fonction s’est largement répandue. Son objectif est de garantir que les utilisateurs disposent des données nécessaires pour générer des insights exploitables et activables.

Progressivement, le CDO a repris une grande partie des responsabilités liées aux données qui incombaient autrefois au DSI. Dans certaines organisations toutefois, le DSI conserve encore la main sur la stratégie data.

Aujourd’hui, les deux rôles sont complémentaires. Le DSI met en place l’infrastructure IT nécessaire pour générer, stocker, partager et sécuriser les données. Le CDO veille à ce que ces données répondent aux standards de qualité qu’il définit.

Les missions du CDO

Le CDO est responsable de la stratégie data de l’entreprise : gestion, gouvernance, exploitation.

Selon l’enquête Chief Data Officer Survey 2024 de Deloitte, 49 % des CDO interrogés priorisent l’adoption de l’IA (dont l’IA générative, mais pas que), 42 % travaillent sur la construction du business case pour justifier les investissements data, et 35 % se concentrent sur la gouvernance et sur l’analytics.

En plus de s’assurer que l’entreprise dispose des moyens nécessaires pour prendre des décisions basées sur les données (data driven), le CDO veille aussi à fournir les données qui alimenteront les systèmes d’automatisation comme l’IA et le machine learning.

Il définit les règles de collecte, de stockage, d’usage et de partage des données pour rester conforme aux lois, aux réglementations locales, aux politiques internes, et aux principes éthiques adoptés par l’entreprise.

Il fixe également les standards de qualité et de volume de données nécessaires pour générer des analyses fiables. Par exemple, un organisme de santé qui étudie des millennials (ou génération Y) atteints de maladies chroniques devra collecter un volume de données suffisant pour représenter correctement ce groupe.

Le CDO s’appuie souvent sur des cadres méthodologiques (des frameworks) pour aider les collaborateurs à respecter ces règles et pour mesurer leur application.

Les missions du DSI

Même lorsque l’entreprise a un CDO, le DSI reste central pour les fonctions data. Selon la même enquête de Deloitte, 23 % des CDO déclarent même être rattachés hiérarchiquement au DSI.

Concrètement, le DSI est responsable de déployer les technologies nécessaires pour générer, stocker et transporter les données au bon moment, vers les bonnes personnes ou machines, tout en respectant les règles du CDO.

En parallèle, le DSI continue d’assumer ses missions classiques : implémentation, maintenance et gestion de l’infrastructure IT, et adaptation de l’environnement technologique en fonction des objectifs de l’entreprise.

D’après l’étude CIO Priorities 2025 d’Info-Tech Research Group publiée en janvier, de nombreux DSI se concentrent actuellement sur l’accès aux données pour aller vers l’IA, sur les compétences IT de demain (formation, recrutement, etc.), et sur la gestion des risques liés aux nouvelles technologies.

Pourquoi CDO et DSI doivent-ils collaborer ?

Même si leurs domaines sont différents, CDO et DSI travaillent main dans la main. Ensemble, ils doivent :

  • Recenser les systèmes numériques qui collectent des données et inventorier les types de données collectées.
  • Concevoir l’infrastructure (logicielle, matérielle, réseau) pour collecter, stocker, sécuriser et transférer les données selon les besoins.
  • Identifier les technologies supplémentaires à adopter à l’avenir pour soutenir la stratégie data de l’entreprise.
  • Piloter les déploiements d’infrastructure IT de manière rentable.
  • Définir des objectifs communs autour de l’IA et de la GenAI, des technologies très gourmandes en données.
  • Élaborer des stratégies pour générer encore plus de valeur grâce aux nouvelles technologies.

Comment mesurer le succès du CDO et du DSI ?

Traditionnellement, les CDO étaient évalués sur la disponibilité et la qualité des données ; les DSI sur la disponibilité de l’infrastructure et la maîtrise des coûts.

Mais aujourd’hui, les entreprises privilégient de plus en plus des indicateurs de valeur. Concrètement, elles mesurent si (et dans quelle proportion) les initiatives data ont permis d’améliorer :

  • La satisfaction client
  • La gestion des risques
  • L’engagement des collaborateurs
  • La réalisation des objectifs stratégiques
  • Le time-to-market
  • Le chiffre d’affaires

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