Comment Kisio Digital veut éviter d’être captif des fournisseurs de terminaux

Pacôme Lesage, son Pdg, estime que les fournisseurs établis des spécialistes des mobilités tendent à enfermer ces derniers dans leurs prisons dorées. Pour s’en échapper, il s’est tourné vers Famoco.

Kisio Digital, filiale de Keolis, a équipé les bus et tramways du groupe à Orléans de terminaux signaux Famoco, dans le cadre de sa stratégie de numérisation dite « PlanBookTicker ». En octobre 2017, Laurent Kocher, directeur exécutif marketing, innovation et services et Keolis, expliquait l’ambition : « donner à chacun sur son mobile la meilleure information sur son trajet et le choix de son parcours multimodal, et la possibilité d’acheter et utiliser son titre de transport en le validant de façon totalement dématérialisée ». Mais pourquoi Famoco, qui est loin d’être le seul à produire des terminaux métiers durcis ou à proposer des solutions pour les administrer ?

Pacôme Lesage, Pdg de Kisio Digital explique ce choix en soulignant les spécificités du monde de la billétique : « les industriels billéticiens savent mettre en place des systèmes robustes, qui fonctionnent bien. Mais ils sont souvent coûteux, fermés, un peu obscurs, notamment lorsqu’il s’agit de les faire évoluer. En fait, chaque acteur un peu industriel a créé ce que l’on appelle en anglais un walled garden ».

Un écosystème captif, en somme, pas forcément compatible avec les ambitions de Kisio Digital : « notre métier ne supporte plus cette distinction avec d’un côté de l’information voyageur et de l’autre de la billetterie. Tout cela converge, avec des services liés à la mobilité des personnes, que ce soit pour de l’achat, de la validation, de l’information, de l’itinéraire, etc. D’où le besoin de se transformer et de se faire intégrateur global de services de mobilité ».

Dans ce cadre, Kisio Digital a cherché à travailler avec des partenaires traditionnels, « mais très vite, nous avons été confrontés au fait que les billéticiens ne voulaient pas vraiment discuter, ou alors, il fallait mettre 100 000 € sur la table tout de suite. On ne va très loin comme ça. Et les transporteurs renvoyaient aux exigences des billéticiens. Assez vite, nous nous sommes dits que nous avions besoin d’une maîtrise de bout en bout ».

La recherche du bon partenaire n’était pas finie : « dans un premier temps, nous avons commencé par travailler avec une entreprise britannique qui produisait les valideurs déployés dans des tramways à Orléans. Mais là encore, il fallait compter quelques milliers d’euros par valideur. Ils sont robustes, durent longtemps, mais l’obsolescence se manifeste assez vite au niveau des évolutions possibles avec le logiciel embarqué ».

C’est alors qu’est venue la rencontre avec Famoco, explique Pacôme Lesage : « ils produisent des terminaux professionnels, et l’on peut y installer du logiciel spécifique, pour les contrôleurs. Nous avons voulu creuser plus avant avec l’idée de les faire entrer dans le monde du transport où ils n’étaient pas encore très présents ».

La perspective était alléchante : « il y avait là la possibilité de construire une offre très compétitive au niveau du prix, avec un environnement semi-ouvert, une forte évolutivité, des capacités d’administration en temps réel à distance, etc. Alors nous avons noué un partenariat ».

Et celui-ci a débouché sur la création d’un terminal « qui peut aller au-delà du valideur. Nous le voyons comme une plateforme modulaire qui permet du paiement, du rechargement de carte billétique virtuelle, la localisation de bus, etc. On peut aller très loin et imaginer de nouveaux services aux voyageurs ».

L’approche a séduit au-delà : « des personnes de la RATP, de Transdev, sont venus nous voir », indique Pacôme Lesage. Alors aujourd’hui,  nous réfléchissons à la manière d’aller plus loin, à l’étranger notamment, car l’appareil a du potentiel. Après, tout dépend des briques de services que l’on déploie dessus ».

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