Smarteo Water : les coulisses de l'IoT du nouvel acteur français de la « Smart Water »

La PME nordiste aide les collectivités locales à optimiser leur gestion de l'eau. Elle a fait le choix des compteurs connectés, d'un réseau agnostique, d'OpenDataSoft pour consolider les données de multiples sources - une application originale d’un outil initialement créé pour l’Open Data - et du Cloud français.

C’est aux milliers de communes françaises qui gèrent elles-mêmes leur service des eaux que s’adresse Smarteo Water, une startup du nord de la France. Celle-ci importe les compteurs connectés de l’israélien Arad et propose aux communes une offre complète depuis l’installation de ces compteurs de nouvelle génération, un accompagnement dans la mise en place du réseau d'antennes pour collecter les données par radio et une offre de service pour analyser et exploiter ces données.

City Flow, son logiciel de supervision, assure la télérelève des compteurs des abonnés mais aussi l'analyse des données. « Nous nous positionnons comme intégrateur du système de télérelève, depuis la pose du compteur jusqu'à la mise à disposition de l'information dans un logiciel » résume Loïc Charron, co-fondateur de Smarteo Water, qui ajoute : « Notre véritable valeur ajoutée, ce sont les algorithmes que nous avons développés et qui permettent de localiser où se trouvent les fuites, où une canalisation est en train de geler, où risque de se produire une rupture, et qui détectent les fraudes ».

 Open Data et réseau agnostique

La startup alimente ses algorithmes avec les données de sources diverses. « Nous croisons les informations issues de différents capteurs, comme par exemple le volume d'eau qui sort d'un château d'eau et la somme des volumes d'eau consommés et mesurés par les compteurs des maisons desservies. C'est ainsi que l'on détermine le volume des fuites sur cette branche du réseau. L'important pour nous est d'être capables de collecter des données issues de différentes sources et surtout de les croiser entre elles ».

Smarteo Water s'appuie sur le réseau Sigfox, le réseau LoRa d'Objenious (Bouygues Telecom) et sur celui d'Orange pour collecter les données des compteurs et des capteurs posés sur le réseau d'eau.

Il s'interface aussi avec des sources de données Open Data, notamment la météo et le système d'information des régies de gestion de l'eau. « Les collectivités se sont déjà dotées de logiciels pour gérer leur réseau de distribution d'eau, et des capteurs ont déjà été posés sur ces réseaux. Notre enjeu, c'est de nous connecter à cet existant pour échanger des informations avec ce patrimoine applicatif, comme le logiciel de facturation des abonnés. Les échanges sont le plus souvent automatisés et réalisés via FTP ou par appels d'API lorsque c'est possible ».

Une plateforme hébergée dans le Cloud français d'Outscale

Afin de séduire les collectivités légitimement soucieuses de protéger les données personnelles de leurs administrés et appliquer la réglementation relative à la protection des données personnelles, le cahier des charges édicté à la création de la plateforme logicielle de la startup incluait une conformité avec le RGPD.

« Nous avons privilégié un opérateur Cloud qui respecte les contraintes liées au droit des personnes, et sur ce plan nous nous devions de rassurer les collectivités quant à la sécurisation de leurs données », explique Loïc Charron

Plutôt que monter sa plateforme sur Microsoft Azure ou Amazon Web Service, Smart Water fait le choix d'Outscale (groupe Dassault Systèmes), opérateur Cloud français qui a pu garantir à la startup que ses données ne quitterait par l'hexagone.

Le fondateur de l'entreprise a même souhaité aller plus loin que ce qu'imposera la réglementation européenne le 25 mai prochain, plus loin dans le sens de la transparence de ses algorithmes. « Nous avons souhaité proposer aux collectivités un outil transparent et non pas un fonctionnement de type boîte noire. Techniquement, nous avons la capacité de montrer ce que nous faisons avec les données. La collectivité a accès au code et à l'ensemble des traitements qui sont réalisés sur notre plateforme. Les collectivités demandent de savoir ce qu'il advient de leurs données, comment elles sont traitées. Elles veulent aussi être en capacité de comprendre les informations que nous leur communiquons : pour quelles raisons avons-nous signalé que telle ou telle canalisation présente une fuite, comment cette information a été calculée. C'est le type de transparence que nous souhaitons offrir."

OpenDataSoft : un WordPress français de la donnée IoT

Plutôt que d'embaucher des développeurs, Loïc Charron a privilégié une approche progicielle pour mettre en place la plateforme.

« Partir d'une page blanche et tout construire en interne - ou en nous appuyant sur un prestataire - nous aurait coûté un temps fou et demandé de fortes compétences en développement. C'est un investissement colossal pour une start-up. Nous avons préféré trouver dans le monde de l'IoT et du Smart City une solution équivalente à ce que représente aujourd'hui WordPress dans le monde de la gestion de contenu web. Nous voulions une plateforme qui nous permette de concevoir de façon simple et rapide notre gestion de données, notre interface et les traitements à appliquer à nos données.»

Plutôt que se tourner vers les fournisseurs de plateformes IoT qui sont aujourd'hui nombreux, l'entrepreneur s'est tourné vers OpenDataSoft, un éditeur plutôt connu pour sa solution de publication de données en Open Data. « OpenDataSoft a simplifié la mise en place de notre service. La solution a été conçue de base pour intégrer des données et pouvoir les croiser entre-elles, ce qui est véritablement essentiel pour nous. Nous voulions l'outil le plus communicant, le plus flexible.»

Ce choix peut paraître surprenant de prime abord, mais après avoir testé la solution, Loïc Charron a considéré que 99% des besoins fonctionnels définis dans son cahier des charges étaient couverts par OpenDataSoft et que la proximité avec l'éditeur (français) allait faciliter la mise en place du logiciel.

De fait, les adaptations réalisées par l'équipe de Smarteo Water se sont limitées à quelques développements en Angular / JavaScript et la startup a effectivement pu concentrer ses moyens sur le développement de ses algorithmes. « La plateforme s'est avérée suffisamment souple pour que nous puissions faire ce que nous souhaitions simplement, en adaptant les traitements implémentés dessus. Nous sommes aujourd'hui une équipe d'une dizaine de personnes, et encore à l'heure actuelle, aucun d'entre nous n'est à la base développeur informatique.»

Après l'intégration - réalisée sans recours à des développeurs chevronnés pour paramétrer l'outil - Smart Water s'est appuyé sur les données réelles d'un premier client pour travailler sur les algorithmes qui vont aujourd'hui apporter de la valeur ajoutée à son offre.

L'entreprise compte aujourd'hui 4 clients sur sa plateforme pour 3 000 à 4 000 capteurs déployés. L'objectif de Loïc Charron est d'atteindre 20.000 capteurs en fin d'année.

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