Ambuj Goyal, IBM Software : « moins d'argent dans l'applicatif, plus dans la gestion »

Rencontré à l'occasion d'un événement européen à La Haye (Pays-Bas), le directeur général de l'activité gestion de l'information s'explique sur la stratégie d'IBM. Une stratégie qui colle à une vision : les investissements des entreprises vont migrer de l'applicatif vers la gestion de l'information. Voilà SAP et Oracle prévenus...

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La vision Information on demand va de la donnée au décisionnel. Est-ce à dire que nous nous orientons vers un marché unifié, loin de ce que nous connaissons aujourd'hui, tant dans les DSI des grands comptes que chez les intégrateurs ?

Ambuj Goyal : Ce n'est pas un marché intégré, mais au contraire très fragmenté. Ce que je pense, c'est qu'une partie des investissements consacrés à l'applicatif va se réorienter sur la gestion de l'information. Depuis deux à trois ans, les DSI ne veulent plus investir davantage dans SAP. L'automatisation des tâches, via l'applicatif, est entré dans une ère dominée par la consolidation, la réduction des coûts.

Par contre, les DSI recherchent plus de simplicité dans leur gestion de l'information de l'entreprise. Dans le monde de la donnée, les problèmes d'intégration sont nombreux. Alors que, sur toute la chaîne de ces outils de gestion de l'information, il s'agit de répondre au même besoin : fournir la bonne information au bon moment aux métiers demandeurs dans l'entreprise. Que cette information soit structurée ou pas importe peu à ces derniers. C'est à la plate-forme technique d'extraire les bonnes données de ces deux sources d'information et de les assembler. C'est pour répondre à ce besoin que nous avons créé la gamme Infosphere.

Est-ce que votre vision, Information on demand, n'est pas trop conceptuelle ou globale pour des DSI qui réfléchissent encore plutôt en termes de silos applicatifs ?

A.G. : Ce n'est pas qu'une vision, ce sont aussi des agendas pour chaque industrie. Une série d'étapes pratiques et courtes. Nous voulons éviter les projets de plusieurs années, qui peinent à se concrétiser. Même si la démarche, elle, s'inscrit clairement sur un horizon à plusieurs années. Lors de la conférence, nous avons par exemple cité l'expérience assez avancée de notre client Zurich Assurance. Or, celui-ci n'en est qu'à la quatrième étape de notre agenda pour les services financiers; et il y en a 17 !

On parle donc d'une démarche de fond, sur vingt ans avec un tas d'étapes intermédiaires. Pour moi, il s'agit là de la plus importante opportunité aujourd'hui sur le marché de l'IT. Comme le furent les applications packagées il y a deux décennies. C'est pourquoi IBM a dépensé entre 9 et 10 milliards de dollars en acquisitions ou en développement sur notre gamme de gestion de l'information.

IBM est relativement isolé dans sa façon d'aborder ce marché. Vos deux principaux concurrents, SAP et Oracle, qui ont comme IBM mis sur la main sur un grand acteur du décisionnel, partent eux de l'applicatif...

A.G. : La stratégie de ce deux acteurs consiste à tout intégrer dans leur applicatif. Alors que nous sommes indépendants de tout applicatif. Nous nous orientons donc sur une voie totalement différente. Et, dans le passé, cette stratégie a fait ses preuves quand un besoin d'intégration s'est fait sentir. Il y a aujourd'hui plus de portails Websphere que Netweaver dans l'univers SAP. Tout simplement parce que les DSI ont besoin d'intégrer d'autres applicatifs que ceux d'un unique fournisseur.

Quelle est la principale raison qui a guidé le rachat de Cognos ?

A.G. : C'est un peu comme la partie émergée de l'iceberg. Avant ce rachat, nous avions fait un travail de fond sur de nombreux segments, mais toujours sous la surface de l'eau. Les outils de Cognos deviennent notre interface avec les utilisateurs. J'ajoute que l'intégration des deux sociétés étaient faciles, en raison des liens de partenariat qui unissaient Cognos à IBM, mais aussi à FileNet.

Avec FileNet, vous étiez concurrents sur un certain nombre de segments. Tant cet éditeur qu'IBM dispose ainsi de son propre référentiel documentaire. Prévoyez-vous d'unifier ces référentiels ?

A.G. : Certainement pas ! 75 % de nos clients ont plus de trois référentiels dans leur organisation. Ce dont ils ont besoin, c'est de mieux répondre aux demandes émanant de leurs métiers, pas de travailler sur l'endroit où réside l'information. Nous n'avons pas besoin d'intégrer les référentiels pour délivrer de la valeur à nos clients. Ma vision consiste plutôt à fédérer les référentiels. Il n'y a aucune raison de forcer nos clients à migrer. D'autant que, ensemble, IBM et FileNet connaissent une croissance plus forte que lorsqu'ils étaient séparés. Ce qui prouve que les synergies que nous annoncions au moment du rachat se matérialisent.

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