Jean-Luc Levergne, Sybase : « la mobilité des cadres dépasse la simple messagerie »

Pour Jean-Luc Levergne, directeur commercial de Sybase iAnywhere en France, et Merlin Yamsi, évangéliste Sybase, le marché français des applications mobiles pour entreprises commence enfin à murir avec, notamment, le développement croissant d’applications pour les cols blancs et la création d’équipes dédiées aux projets mobiles.

LeMagIT : La messagerie électronique mobile d’entreprise semble entrer dans les mœurs. Le marché évolue-t-il vers des applications au-delà de la simple messagerie mobile ?

Jean-Luc Levergne : Oui. Maintenant, on commence à avoir des projets consistant à ajouter des services au dessus du push mail, des workflow assez simples pour les cols blancs. Parallèlement, on observe une adaptation progressive des organisations aux projets mobiles. Il y a encore deux ans, les gens qui géraient les projets mobilité étaient coincés entre l’équipe télécoms et l’équipe qui gérait les serveurs mails ; sans que soit créée une équipe dédiée. Jusqu’ici, les projets étaient tirés par les métiers, très demandeurs. Désormais, on commence à avoir des équipes dédiées capables d’appréhender les plates-formes et de comprendre qu’un projet mobilité se gère comme tout projet d’infrastructure, avec niveaux de services, clusters, etc. Et puis le frein du coût des communications a été levé. Le push mail devient une commodité. Microsoft l’offre avec son infrastructure, RIM a sa solution, nous aussi. Même si Nokia a jeté l'éponge sur les solutions de mobilité pour entreprises.

Merlin Yamsi : Et puis le frein de la sécurité aussi a été levé ! Maintenant, on peut sécuriser la connexion à la plate-forme dans l’entreprise, et les données sur le terminal. La sécurisation du trafic et l’administration du terminal permettent de dire que les outils mobiles sont sécurisés. C’est d’autant plus important que l’on déploie des applications professionnelles sur des appareils conçus pour le grand public.

LeMagIT : Vous faites notamment référence à l’agent de contrôle de configuration du terminal Afaria. Mais celui-ci peut être stoppé en tant que processus ?

JLL : C’est pour cela que nous avons des clients qui nous demandent de placer l’agent directement dans la PROM du terminal. Si vous faites une réinitialisation complète, un « hard reset », l’agent est toujours là, capable de reconfigurer le terminal suivant les politiques définies dans l’entreprise. On travaille avec BrightPoint qui masterise les terminaux pour nous. Et nous garantit d’avoir la même version de PROM pour tout le parc du client, même sur un déploiement échelonné en batchs mensuels.

[A lire aussi : Quelle place pour Windows Mobile en entreprise ?]

LeMagIT : Vous proposez des solutions pour Windows Mobile et Java. Quelle est la place des Blackberry dans les entreprises françaises avec lesquelles vous travaillez ?

JLL : RIM, c’est à 80 ou 90 % du push mail. Et on est plus dans le « hype » parce que, pour les cadres, c’est très à la mode d’avoir son Blackberry. Pour concevoir des applications, c’est principalement Windows Mobile qui s'impose. Nous avons des demandes sur Blackberry, mais sur des volumes très faibles. Je ne connais pas de déploiement de Blackberry chez des cols bleus par exemple. Je me souviens d’une demande d’un client, pour une dizaine de cadres équipés. Ils voulaient pouvoir accéder à un reporting BO sur leur Blackberry. Mais RIM veut changer cela en développant son réseau de partenaires.

LeMagIT : Qu’est-ce qui pénalise RIM ?

JLL : RIM n’a pas notre histoire de base de données embarquée à faible empreinte, en ressources sur le terminal, avec mécanismes de synchronisation. Nous avons porté notre base de données sous Java en ce sens, il s’agit d’UltraLiteJ. Il reste aussi beaucoup d’entreprises dans lesquelles le Blackberry est interdit.

[A Lire aussi, sur notre blog Casualtek : l’iPhone entrerait dans les entreprises au détriment de RIM.]

LeMagIT : Vous avez évoqué le coût des transmissions de données en mobilité. Les opérateurs sont-ils en train de devenir moteurs de la mobilité en entreprise ?

JLL : En termes de maturation du marché, ils ne sont pas très dynamiques. Ils commencent à proposer des services aux entreprises sur les terminaux, comme de l’administration de terminaux. Par exemple, j’utilise un abonnement entreprise : j’aimerais que mon opérateur me propose, pour x euros par mois, de sauvegarder ma configuration régulièrement, comme cela se fait sur mon ordinateur portable. Mais ce type de réflexion est balbutiante. Orange avance sur ce terrain. Par exemple, Orange Business Services vient de retenir Praxedo pour proposer des solutions pour techniciens de maintenance s’appuyant sur notre outil M-Business, en mode SaaS.

Les projets de mobilité sont complexes, mais pas assez complexes pour que, de leur côté, les gros intégrateurs de la place créent des équipes dédiées aux projets mobilité. Ils sont susceptibles de le faire de manière opportuniste, mais pas d’être moteurs. Ces projets mobiles sont souvent développés par des petites entreprises de 10 à 20 personnes, des spécialistes.

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