L'INPI et la Cité des Sciences censurent un texte sur le libre

L'Institut national de la propriété industrielle (INPI) voit, semble-t-il, le libre d'un mauvais oeil.

L'Institut national de la propriété industrielle (INPI) voit, semble-t-il, le libre d'un mauvais oeil. Cet établissement public, placé sous la tutelle du ministère de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi s'est ainsi opposé à l'affichage d'un texte sur le logiciel libre, dans le cadre de l'exposition « Contrefaçon, la vraie expo qui parle du faux », qui s'est ouverte à la cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette.

A l'origine, Isabelle Vodjdani, artiste et maître de conférence à l'UFR d'arts plastiques et sciences de l'art de l'Université Paris I, avait été chargée par une commissaire de l'exposition de rédiger un texte présentant le libre, ses enjeux et ses perspectives. Mais∞ quatre jours avant l'exposition, la commissaire en chef l'a informé que le texte ne serait finalement pas diffusé : « notre partenaire principal, l’INPI, est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du "libre". Nous avons essayé de discuter et d’argumenter avec eux mais l’INPI reste intransigeant sur sa position. Nous sommes donc obligés, avec grand regret, de ne pas présenter votre parole que vous aviez, aimablement, accepté de rédiger et d’enregistrer. ».

« La vraie expo qui parle du faux » se soucie peu du parler vrai, explique Isabelle Vodjani dans un billet publié sur le site transactiv-exe.org. Et l'artiste de fustiger le fait qu’un établissement public cède aux desiderata de ses partenaires financiers et renonce à sa liberté de parole : "prétendre informer le public sur la question de la Propriété Intellectuelle sans jamais évoquer le modèle du Libre, pourtant en plein développement, est tout simplement malhonnête et relève d’une entreprise de désinformation" explique ainsi Vodjani.

Rappelons que, sur son site, l'INPI indique participer activement à l’élaboration et à la mise en œuvre des politiques publiques dans le domaine de la propriété industrielle et de la lutte anti-contrefaçon. Les concepts communautaires du libre sont donc sans doute aux antipodes de sa raison d'être. Et puis, l'INPI a sans doute mal digéré le bras de fer perdu au niveau européen contre la communauté du libre sur la question des brevets logiciels. Reste que l'on peut s'étonner que deux établissements publics puissent, de concert, pratiquer la censure des idées. A moins qu'il ne s'agisse d'une (mauvaise) contrefaçon des idées de la République...

L'April s'est d'ailleurs offusquée de la censure opérée par la Cité des Sciences à la demande de l'INPI et a demandé un rendez-vous avec sa présidente, l'ancienne astronaute et ex-ministre à la recherche et aux nouvelles technologies Claudie Haigneré.

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