Migration : Sanofi-Aventis avale la pilule Windows 7 sans sourciller

Avec Sanofi-Aventis et ses 105 000 postes de travail, Microsoft tient une première référence de poids parmi les grands groupes français. Mais, avant de préciser son calendrier de migration, le groupe pharmaceutique doit encore terminer la revue de ses quelque 6 000 applications afin de détecter les points de blocage en matière de compatibilité. Preuve que, même dans un grand compte où les postes de travail sont très harmonisés (sur XP aujourd'hui), le passage à un nouvel OS n'est pas une promenade de santé.

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 105 000 postes de travail dans le monde, dont 30 000 nomades. Avec Sanofi-Aventis, qui a décidé de faire du couple Windows 7-Office 2010 sa nouvelle plate-forme au niveau du groupe, Microsoft France tient une référence significative dans l'univers des très grands comptes. Tout a pourtant bien failli commencer par un clash. Fin 2007, alors que le groupe pharmaceutique est en pleine renégociation de son contrat de licences Enterprise Agreement, le donneur d'ordre n'est guère enthousiasmé par Vista, le prédécesseur très décrié de Windows 7, pour remplacer sa plate-forme de référence - XP, en place depuis 2002-2003. A tel point que le grand compte étudie alors des alternatives à l'OS de Microsoft. "Nous avons eu alors accès très tôt à des versions préliminaires de Windows 7", raconte Jean-Pascal Cousin, directeur entreprise technologies et services au sein de la structure (GIS) mutualisant les infrastructures IT de Sanofi-Aventis. Une façon pour l'éditeur de rattraper par la manche le grand compte, qui décide finalement, dès le printemps 2008, que la migration de ses postes de travail sera basée sur le nouvel OS de Microsoft. Et d'amener, dans la foulée, son poste de travail de référence sur les dernières versions des outils de Microsoft, soit Office 2010 et Internet Explorer 8.

Une fois cette décision prise, Jean-Pascal Cousin explique disposer maintenant d'une fenêtre suffisamment large - allant de 2010 à 2014, date de la fin de vie de XP - pour assurer les déploiements sur son très large parc. Pour l'instant, sur la base d'un premier master (Windows 7 RTM et Office 2010 RTM) réservé à la communauté des informaticiens, 600 postes seulement ont été déployés.

Freiné par les questions de compatibilité, poussé par le rythme technologique

Car, en préalable aux déploiements massifs, se déroule le processus de qualification des applications, processus aujourd'hui en cours. "Certaines applications ne seront pas compatibles avec le nouvel environnement. Leur virtualisation peut alors être une bonne solution, mais il faut éviter de tomber dans le piège de la virtualisation comme réponse à tous les problèmes. Sinon les responsables applicatifs vont s'installer dans un confort illusoire", explique Jean-Pascal Cousin. Il se fixe une fenêtre de tir d'un an pour réaliser un audit complet sur les quelque 6 000 applications que possède le groupe : "l'objectif est d'aboutir à une grille d'analyse, pour définir les applications qui devront être décommissionnées (arrêtées, NDLR), celles qui seront virtualisées, celles pour lesquelles il faudra étudier une modification, ce qui sera le cas notamment pour les applications HTTP (en raison du passage de IE 6 à IE 8, NDLR). Et calculer les coûts associés".

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Si ce problème de compatibilité ascendante de certaines applications pourrait freiner la migration, il est contre-balancé par les efforts des éditeurs tiers pour suivre le rythme des technologies, avec de nouvelles versions de moins en moins compatibles avec XP et surtout IE 6. "Tout est donc question de timing, analyse Jean-Pascal Cousin. Si une nouvelle version d'un logiciel tiers pleinement compatible avec IE 8 sort dans six mois, mieux vaut alors décaler la migration plutôt que de virtualiser. Entre le quatrième trimestre 2010 et le premier trimestre 2014, nous devrons articuler notre agenda de migration en fonction du cycle de vie de nos applications et des problèmes de compatibilité avec le nouvel environnement." Sanofi-Aventis assure toutefois qu'il n'attendra pas le SP1 de Windows 7 pour entamer les déploiements. "Une première avec un outil Microsoft destiné à des dizaines de milliers de postes", note Jean-Pascal Cousin.

La pression des utilisateurs

Jean-Pascal Cousin présente le projet de migration comme une décision technologique : "nous n'avons pas abordé ce projet par sa justification économique. La justification économique tient plutôt aux coûts qu'aurait engendré une décision de statu quo : 105 000 machines plus maintenues et non patchées, les problèmes croissants de compatibilité applicative, les difficultés créées par les accès aux applications Web dans IE 6..." En revanche, les arguments avancés par Microsoft sur les gains d'efficacité apportés par les outils d'administration fournis avec l'environnement Windows 7 trouvent peu d'écho chez Sanofi-Aventis. "Nous travaillons déjà avec des postes de travail masterisés, homogènes et télé-administrés. Sous XP, nous avons déjà un seul master", détaille Jean-Pascal Cousin. Un cas assez rare chez les grands comptes il est vrai. Même si certains outils d'administration Microsoft (comme System Center Configuration Manager) viendront remplacer des applicatifs d'administration tiers ou maison. Pour le responsable du groupe pharmaceutique, les gains résident plutôt dans l'usage au quotidien par les utilisateurs : "ils veulent retrouver au travail l'ergonomie des logiciels qu'ils utilisent à la maison. Ceci vaut y compris pour notre Pdg". Un allié fort utile pour lancer un projet de cette ampleur.

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Grands comptes : le mystère des tarifs
Comme d'habitude chez Microsoft ou chez d'autres grands éditeurs, il n'est pas question d'évoquer le coût de licence obtenu par Sanofi-Aventis ou par tout autre grand compte. Jean-Pascal Cousin, un des managers au sein de la DSI du groupe pharmaceutique, précise toutefois que sa société possède un contrat Enterprise Agreement depuis 2005, et évolue sous Software Assurance (système d'abonnement aux nouvelles versions de Microsoft, contre une redevance annuelle). "Même entre très grandes entreprises, on n'évoque jamais cette question des coûts de licences, explique Jean-Pascal Cousin. Ce poste budgétaire pèse d'ailleurs très peu dans la facture totale du projet : le diable se niche plutôt dans les services."
Rappelons que, via un accord-cadre signé en 2009, le ministère de la Défense a obtenu un accès à une large partie de la pile logicielle de Microsoft (Windows, Office, etc.) pour ses quelque 190 000 postes à un prix très attractif : 100 € par an et par poste.

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