La cybersécurité, enjeu d’une nouvelle politique industrielle

Les enjeux d’un continuum sécurité/défense sont nombreux. Et bien sûr économiques. Mais la volonté exprimée de développer une «véritable politique industrielle» soulève la question de ses éventuels principaux bénéficiaires : tout un écosystème ou quelques poids lourds ?

C’est Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, qui l’explique à l'occasion du Forum International de la Cybersécurité (FIC) qui se déroulait à Lille les 28 et 29 janvier : il faut que «la cybersécurité se structure davantage. La France souffre d’une véritable politique industrielle dans ce domaine ». Selon elle, les acteurs du domaine sont «trop dispersés» et les efforts de recherche et développement «insuffisants ». Ce qui n’a pas empêché la ministre de faire la promotion de champions nationaux - Thales, Morpho, Safran, Bull, ou encore EADS dont la filiale Cassidian a justement racheté Netasq à l’automne dernier - et des compétences hexagonales dans des domaines technologiques «clés» tels que le chiffrement et l’analyse de trafic réseau. Et s’il faut, pour Fleur Pellerin, aider les acteurs français de la cybersécurité à créer de la valeur et à exporter «dans le respect des valeurs fondamentales de notre république», la question du contrôle des exportations des solutions d’analyse du trafic réseau n’a pas manqué d'être soulevée lors d’un point presse. Et ce, même alors que la solution d’écoute réseau Eagle d’Amesys (Bull) a été vendue à la Libye de Mouammar Kadhafi.  «Nous réfléchissons à modifier la liste des biens dont l’exportation est soumise à autorisation pour inclure certains équipements dont ceux d’interception des communications électroniques, de filtrage et de surveillance des réseaux. C’est une réflexion sur laquelle nous nous penchons », a ainsi indiqué la ministre, tout en précisant, qu’à «titre personnel», elle n’y serait pas opposée. 

Création d’un cluster de cybersécurité à Lille 

Un cluster cybersécurité et confiance numérique dans le Nord-Pas de Calais devrait permettre d’avancer, justement, dans le sens d’une plus grande structuration du secteur français de la cybersécurité. Annoncé par Pierre de Saintaignon, premier vice-président du Conseil général Nord-Pas de Calais, en ouverture du FIC, ce cluster doit «fédérer l'ensemble des énergies et des acteurs régionaux : RDSSI, Euratechnologies, les universités et centres de recherche ». Et l’édile d’affirmer sa «volonté de le mettre en oeuvre rapidement ». Selon lui, l’organisation du FIC 2013 a déjà permis d’avancer. Le cluster «s’appuiera sur des structures existantes, notamment sur le pôle ubiquitaire et le pôle numérique, sous la coordination d’Euratechnologies ». Ce cluster apparaît comme une alternative à la création d’un pôle d’excellence pour la lutte contre la cybercriminalité que Pierre de Saintaignon appelait de ses voeux début 2010. Concrètement, il devrait être actif au second semestre 2013. 

Dans cette perspective, le retour du FIC avec cette édition 2013 apparaît comme un événement promotionnel de soutien de ce cluster. Côté Gendarmerie Nationale et Conseil Général, on assure d’ailleurs qu’il s’agit «d’affirmer le FIC comme un événement chaque année dans notre région, à Lille, coeur de l'Europe du Nord ». Un événement «institué de manière définitive [...] porté conjointement et très solidairement par le Conseil Régional et la Gendarmerie, à parité, avec Euratechnologies et le CIES ». Et tant pis si, selon nos confrères de l’Informaticien, «les crédits pour la prochaine édition de 2014 n’étaient toujours pas débloqués ».

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