Quand la NSA pratique le cyberespionnage économique

L’agence avait démenti, en septembre dernier, utiliser ses capacités de renseignement à des fins d’intelligence économique. Un mensonge selon les dernières révélations de WikiLeaks.

Rapporter sur les contrats en cours de négociation ou études de faisabilité concernant des ventes internationales, « ou des investissements dans les projets majeurs ou des systèmes d’intérêt significatif pour l’autre pays, ou de plus de 200 M$ ». Et cela dans des secteurs d’activité aussi variés que les télécommunications et systèmes d’information, l’électricité, le gaz naturel, le pétrole, le nucléaire, les énergies renouvelables, mais aussi les transports en commun, les aéroports, l’environnement, la santé, les biotechnologies… C’est ce que commande un ordre de renseignement daté de 2012 et adressé à la NSA par le directeur du renseignement américain. Les informations recueillies ont vocation à être partagées avec l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande.

Selon WikiLeaks, qui révèle cet ordre de renseignement, ce document « montre que l’agence du renseignement américain […] conduit une politique d’espionnage économique créée par le directeur américain du renseignement ». Et cela de longue date : un premier ordre d’espionnage daté de 2002 porte sur l’intelligence économique à long terme visant la France.

Ces révélations surviennent moins d’une semaine après que WikiLeaks a publié plusieurs documents montrant que la NSA a surveillé les communications électroniques de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.

Surtout, elles arrivent près de 6 mois après que la NSA a affirmé ne pas utiliser ses capacités de renseignement à des fins d’intelligence économique. Toutefois, une étude prospective datée d’avril 2009 et issue du bureau du directeur du renseignement américain, se penchait sur les perspectives d’évolution de l’équilibre des forces d’ici à 2025, suivant quatre scénarios allant de l’émergence d’un bloc regroupant Chine, Russie, Inde et Iran qui défie la suprématie américaine, jusqu’à un monde d’Etats impotents, où le pouvoir est passé entre les mains de multinationales et de mégacités.

Dans deux de ces scénarios, le renseignement américain s’alarmait du risque de perte de l’avancée technologique des Etats-Unis et de leurs entreprises. Les auteurs proposaient alors le développement de certaines capacités afin de réduire le risque de voir de telles perspectives se concrétiser. Toutes relevaient d’une même logique : « un effort systématique de collecte d’informations ouvertes et propriétaires via des moyens manifestes, l’infiltration clandestine (physique ou cyber) et le contre-renseignement. »

Confronté à cette étude, un porte-parole du bureau du directeur du renseignement américain affirmait en septembre dernier que « les Etats-Unis – contrairement à nos adversaires – ne volent pas d’informations d’entreprise propriétaires » pour aider leurs entreprises. Selon lui, cette étude « n’a pas vocation à être et n’est pas le reflet de la stratégie et des opérations actuelles ».

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