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Renault et PSA, en quête de PaaS pour le numérique

Les deux constructeurs misent respectivement sur des Paas ou des compétences Paas pour alimenter leur mutation vers de modèles bâtis sur des plateformes de services.

Dans un monde où mobilité et Internet des objets sont deux gros chantiers d’avenir, quoi de plus normal que d’investir dans la plateforme d’intégration. Cette conclusion aurait très bien plu être tirée par les constructeurs automobiles PSA (Peugeot – Citroën) et Renault-Nissan qui ont tous deux décidé de placer les plateformes Cloud au cœur de leur développement. Le Paas comme passerelle vers le changement de modèle.

Le monde des constructeurs automobiles est actuellement aux prises avec une mutation de leur modèle. Historiquement des constructeurs et assembleurs de véhicules, les acteurs de cette industrie doivent aujourd’hui inclure le numérique dans leur équation, et moderniser leur rapport à la clientèle. Si la voiture connectée et électrique est certes au cœur de ces problématiques (elle-même une composante clé du concept de la ville intelligente – Smart City), l’association de bouquets de services, intégrés, mobiles et associés au véhicule devient déterminant pour les clients. D’un modèle de constructeurs, il convient de passer à celui de la plateforme de services à valeur.

Chez PSA, par exemple, cela s’est concrétisé cette semaine par le lancement d’un programme pour développeurs dont la vocation est de favoriser l’émergence d’applications à partir de données fournies par la marque. Ce programme, nommée PSA Group for Developer, s’adosse au Paas Bluemix d’IBM, un partenaire de longue date du constructeur. L’idée est ainsi de fournir un Paas sur lequel développeurs et autres start-ups pourront exploiter les données de PSA, exposées sous la forme d’APIs, et de les conjuguer à certaines APIs contenues dans Bluemix.

Ces données sont collectées par le constructeur via des boitiers placés dans les véhicules du groupe, conçus initialement pour alimenter des services d’alerte d’urgence. Un premier service initié par PSA il y a environ 3 ans lors de la création de la division Véhicule Connecté du groupe. Mais à force de hackatons, et donc de rencontre avec la communauté de développeurs, PSA a choisi de monter d’un cran et de se constituer une communauté d’utilisateurs développeurs.

Ce  programme est le premier du genre pour le groupe. Et celui-ci est aujourd’hui centré sur le thème de la santé et du bien-être du conducteur dans un environnement de voiture connectée. « On pense aujourd’hui qu’il s’agit d’une thème porteur pour rassembler une communauté », explique Thomas Quartier, en charge du développement des services connectés chez PSA. Avec ce programme, qui durera 6 mois, PSA compte fédérer les applications et identifier des cas d’usage type. Ce qui, selon Thomas Quartier, reste le plus compliqué pour le groupe. En la matière, la balle est donc du côté des développeurs.

Passer les données de PSA à la moulinette Watson

Les développeurs ont accès gratuitement à un compte Bluemix pendant la durée du projet. Leur sont proposées certaines briques du Paas, accessibles via APIs, dont celles de Watson – permettant d’injecter le précieux cognitif dans les services qui pourraient émerger.

« Nos boitiers ne font que de la lecture d’informations », résume Thomas Quartier. Des donnés GPS, kilométriques, celles portant état du moteur, comme la température de l’huile sont ainsi remontées. Au total, une dizaine de données basiques sont collectées. Mais l’intérêt est justement de pouvoir les associer à d’autres et « de les combiner à l’analytique proposé par Watson ».

Si l’on en croit l’invitation au meet-up de présentation de la plateforme, celle-ci  donne notamment accès à un kit de démarrage pour l’IoT, composé IoT Foundation d’IBM (et au standard MQTT) et de Watson bien sûr.

Lors de ce même événement, les participants ont pu assister au développement d’une application de démonstration qui avait pour objectif de prévenir le conducteur d'un risque de verglas ou de fatigue, en collectant les données PSA, liées au trajet du véhicule et sa localisation précise en temps réel.  Cette application était également couplée à une montre connectée.

Mais pour PSA, la Paas Bluemix s’inscrit, du moins dans cet exemple, dans une démarche dite d’Open Innovation, inscrite dans un processus collaboratif.

Renault-Nissan se paie des compétences de développement Cloud

De son côté, Renault-Nissan a préféré se doter de ressources en interne en matière de Paas et d’intégration. Pour cela, le constructeur automobile a racheté la société française Sylpheo, dont les 40 ingénieurs et consultants proposent des services d’intégration et de développement d’applications mobiles reposant sur les Paas Salesforce, à savoir Force.com et Heroku.

 L’idée, résume le constructeur dans un communiqué, est bien d’étoffer ses compétences internes en matière d’ingénierie Cloud et de développement logiciel. Ils travailleront sur la « prochaine génération de véhicule connecté et sur d’autres technologies avancées », explique encore le constructeur. En matière de véhicules connectés, les ambitions de Renault-Nissan sont élevées : d’ici 2020, le constructeur prévoit de lancer sur le marché plus de 10 véhicules doués de systèmes de conduite autonome. 

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