Cet article fait partie de notre guide: Conteneurs : tout savoir sur Docker & Co

Les technologies de virtualisation de serveur sur la sellette

La combinaison serveurs nus/conteneurs donne du fil à retordre à la virtualisation traditionnelle.

Personne ne se risque à prononcer la mort de la virtualisation, mais certains assurent que sa fin est proche.

Les grands acteurs de la virtualisation commencent déjà à sentir le vent du changement. Ces rafales apportent avec elles diverses technologies de conteneurs ainsi que des façons novatrices d'envisager l'informatique sans système d'exploitation (ou « bare-metal »). Cela a obligé les entreprises telles que VMware, IBM, Microsoft et Red Hat à changer radicalement de cap afin de rester dans la course.

« La virtualisation n'a pas fini d'innover, mais elle est arrivée à un point où l'innovation ne fait plus avancer les choses, explique Carl Brooks, analyste pour 451 Research. L'informatique bare-metal est plus intéressante, car elle permet une orchestration comparable à celle des machines virtuelles. Les avantages en termes de capacité et d'utilisation des ressources sont sans commune mesure avec ceux qu'offre la virtualisation. »

Les utilisateurs engagés dans les technologies de virtualisation traditionnelles, mais désireux d'explorer les concepts de conteneurs ou d'informatique bare-metal, se posent de nombreuses questions. La plupart ont trait à la manière de franchir le pas, ou d'intégrer et gérer un tel environnement hybride. Autrement dit, bien trop de questions et trop peu de réponses.

« Le simple fait d'imaginer faire fonctionner des conteneurs avec des systèmes plus anciens tels que VMware ou les produits IBM et introduire par dessus le marché des serveurs nus a de quoi donner le vertige, avoue un responsable informatique d'un grand constructeur. Comment y parvenir ? Et quels sont les véritables avantages et inconvénients du passage de l'une à l'autre de ces technologies ? »

La vieille garde de la virtualisation espère fournir quelques éléments de réponse avec sa nouvelle génération de produits. Ces derniers doivent permettre de protéger les investissements des utilisateurs dans les plateformes de virtualisation existantes via un environnement de transition pour les tests et le développement.

Une figure emblématique de la virtualisation

Certains observateurs du secteur citent en exemple VMware, la figure emblématique de la virtualisation traditionnelle, comme l'une des entreprises de virtualisation ne se limitant pas à une seule approche. La société a en effet dévoilé son projet de fournir sa propre version allégée de Linux, spécialement conçue pour gérer les conteneurs, ainsi que deux projets open source destinés à encourager les entreprises à adopter les applications Cloud natives.

Ce Linux, ou « projet Photon », est né du constat que les utilisateurs VMware recouraient de plus en plus aux conteneurs conjointement avec vSphere, et qu'ils s'appuyaient très souvent sur des logiciels open source pour créer leurs propres applications. Le projet Photon permet d'exécuter à la fois des conteneurs et des VM en natif, à partir d'une seule et même plateforme.

« Nous avons créé ce SE [Projet Photon] en partant du noyau Linux, car nous savions que les utilisateurs avaient recours à des conteneurs en plus de vSphere, confie Mike Adams, directeur marketing en charge de vSphere chez VMware. C'était pour nous la manière la plus efficace de rebondir sur cette opportunité. »

Certains analystes considèrent l'initiative de VMware et d'autres fournisseurs de solutions de virtualisation comme une évolution nécessaire, ou du moins opportune.

« Nous observons un changement de direction chez les principaux acteurs du monde de la virtualisation, en particulier VMware et Red Hat, qui délaissent la virtualisation classique pour se tourner vers les produits émergents, notamment les solutions de gestion destinées à l'informatique hybride, remarque Andrew Smith, analyste-programmeur chez Technology Business Research. L'érosion du marché [de la virtualisation] est réelle, et les entreprises se voient contraintes de chercher de nouvelles sources de revenus. »

Les bénéfices de VMware au premier trimestre montrent que la société est arrivée à un tournant entre son activité de virtualisation traditionnelle et ses produits novateurs destinés aux Clouds hybrides et aux utilisateurs. En effet, environ 45 % des revenus de VMware sont issus de ses produits vSphere et EXSi, tandis que 55 % proviennent de ses solutions de gestion de Cloud hybride, de mise en réseau et de stockage.

Conteneurs et serveurs nus : un mariage risqué

Pantheon fait partie des entreprises qui ont plutôt bien réussi à marier conteneurs et serveurs nus. Elle gère plus de 250 000 sites Web, dont les sites de gestion de contenu personnalisé de Drupal et WordPress. (Pantheon assure que les sites de Drupal et WordPress sont isolés l'un de l'autre en termes de sécurité et de ressources.)

Pantheon a fait le choix de ne pas adopter le modèle centré sur les VM, estimant qu'un modèle bare-metal/conteneurs créé sur une seule et même plateforme serait à la fois plus simple et plus efficace.

« Grâce au modèle bare-metal/conteneurs, nous exploitons notre infrastructure beaucoup plus efficacement que nos concurrents qui ont choisi l'approche centrée sur les VM, explique Zach Rosen, PDG et cofondateur de Pantheon. Ce gain d'efficacité se retrouve dans notre produit, et c'est à mon avis ce qui fait l'attrait de notre plateforme pour les développeurs. »

Néanmoins, nombre de grandes entreprises qui se sont risquées à intégrer des serveurs nus et des conteneurs à leur infrastructure de virtualisation se retrouvent avec une pile extrêmement complexe et difficile à gérer. Elles finissent souvent par isoler le serveur nu, en le limitant par exemple à une partie de la société, et en conservant les piles de virtualisation traditionnelle dans le reste de l'entreprise afin de les gérer séparément.

« C'est un immense défi que de panacher différentes technologies. Cela exige, pour chaque technologie, des personnes dédiées à tous les niveaux, de la gestion à l'implémentation, surtout dans les grandes entreprises, affirme Steve Brasen, directeur de recherche chez Enterprise Management Associates. Il faut réserver du temps pour la résolution de tous ces problèmes. »

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