Nicolas Leroy-Fleuriot, Cheops : « on veut être le n°1 de l’infogérance pour PME en France »

Il y a bientôt deux ans, la SSII régionale Cheops, basée à Bordeaux, s’emparait d’une bonne partie des activités infrastructures d’Arès, en pleine déconfiture. Une aventure particulière pour Nicolas Leroy-Fleuriot, patron de Cheops et ancien haut cadre d’Arès. Aujourd’hui, Cheops a triplé ses effectifs, couvre l’ensemble du territoire et vient d’inaugurer un datacenter de dernière génération.

Il y a bientôt deux ans, la SSII régionale Cheops, basée à Bordeaux, s’emparait d’une bonne partie des activités infrastructures d’Arès, en pleine déconfiture. Une aventure particulière pour Nicolas Leroy-Fleuriot, patron de Cheops et ancien haut cadre d’Arès. Aujourd’hui, Cheops a triplé ses effectifs, couvre l’ensemble du territoire et vient d’inaugurer un datacenter de dernière génération.

 

LeMagIT : Dix-huit mois après le rachat d’Arès, où en est Cheops ?

Nicolas Leroy-Fleuriot : L’idée de départ était de prendre une dimension nationale en une seule opération, mais en intégrant des effectifs portés sur l’infogérance et les infrastructures complexes, notre cœur de métier. On souhaitait aussi avoir une complémentarité. Avec les activités régionales reprises, nous n’avons quasiment aucun recouvrement au niveau des fonds de commerce. De plus, Arès est particulièrement présent sur les grands comptes, les grosses PME mais surtout les marchés publics. Avec le rachat, nous sommes passés de 10 à 20 % du chiffre d’affaires de Cheops réalisé sur ce dernier segment.

LeMagIT : Les conditions du découpage d’Arès ont été pour le moins chaotiques. Comment s’est passé l’acquisition, puis l’intégration ?

N.L.-F. : Il faut savoir que historiquement c’est un groupe que je connais bien pour avoir participé au différents stades de son développement jusqu’en 2004, date à laquelle j’ai quitté la société, en désaccord avec la stratégie mise en place par la nouvelle direction d’alors. J’ai investi dans Cheops peu après, une société nantaise qui proposait des outils d’intégration à haute valeur ajoutée, notamment sur plate-forme HP, que nous avons développée régionalement.
En mars 2008, Arès nous a proposé de reprendre la totalité de l’activité infrastructure de la société. Mais nous tenions à notre identité régionale et cela aurait conduit à créer un groupe dont le centre de gravité aurait été parisien. Nous avons donc refusé.

Lorsqu’Arès a finalement cédé son activité par appartement en isolant la partie parisienne, nous avons rapidement audité le dossier – que je connaissais bien – pour décider de sauter le pas et nous donner une couverture nationale depuis notre siège bordelais. L’idée était alors d’intégrer rapidement les effectifs – avant le 31 décembre 2008 – mais dans les faits ce mouvement a pris plus longtemps pour se concrétiser en juin 2009. Avec le recul nous avions sous-estimé à la fois la résistance au changement et le traumatisme lié au derniers mois de l’activité chez Arès. Aujourd’hui, nous disposons de 11 agences en France (360 personnes, NDLR) et nous comptons courant 2010 procéder à une nouvelle acquisition afin de renforcer notre présence dans la région lyonnaise.

LeMagIT : Vous venez d’inaugurer un datacenter très orienté sur les économies d’énergie. Quels sont les enjeux pour Cheops en matière de Green IT ?

N.L.-F. : En fait il ne faut pas se leurrer, le green est avant tout une affaire d’économie pure et dure. Bien sûr, l’adoption de technologies de dernière génération pour notre datacenter principal (NDLR : voir en encadré ses caractéristiques) nous permet de réduire l'impact écologique, mais la réalité des entreprises aujourd’hui c’est d’abord la recherche de coûts d’exploitation moindres. Avec ces technologies de pointe, nous continuons d’être des infogéreurs classiques mais nous pouvons proposer des coûts attractifs d’hébergement à nos clients tout en restant positionnés sur dla maintenance d’applications critiques.

Côté performance énergétique, on a mis neuf mois à choisir la technologie à déployer avant de se fixer sur APC. Ce sont les seuls à avoir réussi l’intégration de la gestion des flux électriques – notamment celle de la qualité du courant -, du refroidissement – en terme de pilotage des flux d’eau et de l’optimisation des placements physiques – et des logiques de détection incendie. Avec cette approche intégrée, nous pouvons gérer une haute densité de serveurs avec un retour sur investissement rapide et une approche Green. Les onduleurs APC restituent 95 % de la puissance consommée.

LeMagIT : Au-delà des datacenters, le cloud computing est en train de faire considérablement bouger les choses en matière d’offre d’infogérance. Comment gérez-vous ce saut technologique ?

N.L.-F. : En fait, c’est l’arrivée à maturité de la virtualisation et le développement des performances des systèmes Intel - plus de puissance pour un coût de possession moins élevé qu’avec les systèmes Unix jusqu’alors rois - qui vont nous permettre d’étendre notre portefeuille de services aux PME. Nous avons vocation à devenir le numéro un sur les offres d’infogérance complexe pour le mid market. On a lancé une série d’offres Paas (Platform as a service) sous la marque iCode. L’offre Production – notre cœur de métier - permet de fournir de manière mensualisée aux clients la puissance de traitement, la capacité de stockage et le niveau de sécurité dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin en les affranchissant de toute acquisition d’infrastructure informatique. Il s’agit d’une approche modulaire, avec une facturation par unité d’œuvre qui autorise beaucoup de flexibilité à un coût défini par avance en cas de pic de charge. Notre offre Icod PRA est complémentaire, avec la mise à disposition d’un SI de secours et d’un plan de reprise d’activité reposant sur nos deux datacenters – le nouveau et notre site historique - interconnectés en liaison synchrone. Enfin, nous avons une offre orientée sur la virtualisation du poste de travail. Mais ce marché n’en est qu’à ses débuts. Il est tout juste en train de mûrir, nous n’avons pas de projets d’envergure à ce stade. Cette informatique où tout passe par le réseau crée un choc de culture. Selon moi, l’élément déclenchant sera la migration vers Windows 7. Les entreprises vont l’adopter en masse et se poseront la question de la bascule, cela devrait nous aider à faire tomber les barrières psychologiques.

Une paire de datacenters en région bordelaise
 

Fin 2009, Cheops Technology a inauguré au sein même de son nouveau siège social, dans la banlieue bordelaise, un datacenter de nouvelle génération destiné à ses offres d’infogérance. 350 m2 de salle blanche pour – à terme – 3 « pods » de haute densité, supportant les fortes concentrations énergétiques (jusqu’à 15 Kw / rack). Une liaison fibre optique synchrone de 25 kilomètres relie cette structure flambant neuve au centre historique de Cheops, devenu datacenter de secours.

L’interconnexion des deux datacenters et du réseau est assuré au moyen d’équipements DWDM ADVA FSP3000 et de commutateurs HP Procurve. Au niveau stockage, le centre est équipé de baies HP (gamme EVA) et EMC (Clariion CX). La virtualisation du stockage est assurée via la plate-forme HP SVSP (San Virtualization Service Platform). Partenaire traditionnel de HP, Cheops a choisi d’appuyer son infrastructure serveur sur des châssis HP c7000 et sur des serveurs lames de la série Proliant BL.

Pour l’ensemble et la partie administration énergétique – assurée par APC -, un investissement de 3,5 millions d’euros a été nécessaire. A noter, une participation du Conseil Régional à hauteur de 15 %.

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