Bull lance un nouveau châssis lames optimisé pour le monde du HPC

Le Français, seul constructeur à afficher une croissance sur le marché européen des serveurs au premier trimestre, entend surfer sur la demande en serveurs optimisés pour le monde du calcul. Il lance pour cela sur une nouvelle architecture de serveurs lames optimisée spécifiquement pour les besoins du HPC. Une première étape dans une offensive plus large s'appuyant sur les architectures Xeon d'Intel et sur les puce GPU Tesla de Nvidia

Tout à sa stratégie de développement sur un marché qu'il juge stratégique, celui du HPC, le dernier constructeur informatique européen indépendant, Bull, a annoncé hier le lancement de Bullx, "une nouvelle famille de supercalculateurs éco-efficaces, ultra denses et ultra performants". Que ceux qui s'imaginent que le constructeur français a construit une nouvelle architecture de calcul type Cray se rassurent, le constructeur s'est montré bien plus pragmatique.

Le cœur de l'offre Bullx n'est en effet rien d'autre qu'un nouveau châssis pour serveurs lames dont les caractéristiques ont été optimisées pour répondre aux besoins de densité et de performance des architectures de calcul – Bull revend par ailleurs les châssis BladeCenter d'IBM sous la marque Bull Blade Chassis. Cette offre matérielle est épaulée par une gamme complète de logiciels d'administration et de gestion de cluster, développé au fil des années par le constructeur sur la base de composants Open Source.

Optimisé pour les architectures de calcul

Connu à l'origine sous le nom de code Inca, Bullx est un châssis compact (7U) capable d'accueillir 18 lames demi-hauteur ainsi que l'ensemble des composants nécessaires à leur fonctionnement (module de ventilation, alimentations électriques, commutateurs Ethernet et Infiniband, module de supervision). Pragmatique, Bull a fait en sorte que son châssis puisse s'installer dans n'importe quel rack 19 pouces standard. Un rack pleinement configuré peut ainsi accueillir jusqu'à 216 puces Xeon 5500 (864 cœurs physiques) et tous les éléments nécessaires à les interconnecter. Dans une configuration optimale, chaque châssis consomme un maximum de 8,2 KW et pèse 126 Kg, soit près de 50 KW par rack et un total de plus de 750 Kg d'électronique par rack 42U, pour une puissance de l'ordre de 10 Tflops par rack (en architecture CPU traditionnelle).

Une consommation et un refroidissement optimisés

Pour faire face aux besoins de refroidissement d'une telle architecture, Bull a conçu sa propre porte réfrigérée, une porte qui permet de réduire de près de 3/4 la consommation nécessaire au refroidissement d'un rack. La porte incorpore 12 turbines et s'installe en remplacement d'une porte arrière de rack. La vitesse des turbines s'adapte dynamiquement en fonction de la température et de la pression d'air dans les différentes zones du rack, de façon à minimiser le risque d'apparition de points chauds.

Bull a aussi bien fait les choses en matière de protection électrique avec l'insertion possible dans chaque châssis d'un module bourré de condensateurs, permettant non seulement d'améliorer l'efficacité de distribution de l'énergie (en éliminant le besoin d'UPS) tout en protégeant les lames contre les micro-coupures électriques (jusqu'à 250 ms). Signalons aussi des détails d'importance comme l'architecture de commutation Infiniband non bloquante avec 18 ports pour connexions internes et 18 ports vers l'externe. Cette architecture est intégrée au châssis.

Des lames Xeon classiques et des lames hybrides alliant Xeon et Nvidia Tesla

Du côté des lames, Bull a opté pour la simplicité avec une lame demi-hauteur bi-socket à base de Xeon 5500, la Bullx B500, et une lame hybride pleine hauteur couplant 2 CPU Intel Xeon 5500 et 2 GPU Nvidia Tesla T10.

Disponible immédiatement, la lame Bullx B500 est une lame Xeon 5500 classique capable toutefois d'accueillir les plus voraces des Xeon "Nehalem" et notamment les modèles à 130 W. Elle s'appuie sur le chipset Tylersburg d'Intel et dispose de 12 emplacements pour modèles DIM DDR-3 (soit une capacité mémoire maximale de 96 Go avec les très coûteuses barettes 8 Go). Comme les cartes orientées HPC de Sun, la Bullx B500 peut accueillir un adaptateur InfiniBand Mellanox Quad Data Rate (QDR). Elle dispose en outre en standard de deux ports Gigabit Ethernet et peut accueillir un disque S-ATA ou SSD.

La lame Bullx B505 est plus originale et a pour vocation de répondre aux besoins des clients à la recherche de capacités de calcul hybrides couplant CPU traditionnels et GPU. Attendue à l'automne, cette lame pleine hauteur a une architecture plutôt originale puisqu'elle dispose de deux chipset Tylersburg et de deux GPU Nvidia Tesla, en plus des deux puces Intel Xeon 5500. En mettant en œuvre deux Tylersburg, Bull s'assure que les GPU disposeront d'une bande passante optimale, un point intéressant avec les actuels Tesla T10 ; mais qui sera encore plus important lorsque Nvidia sortira ses puces Tesla T12, sans doute au cours du premier trimestre 2010. Nous en saurons sans doute plus à ce sujet le 24 août prochain, le patron de Nvidia devant présenter son architecture lors de la conférence Hot Chips.

Ce catalogue de lames pourrait se renforcer dans l'avenir avec des équipements plus orientés stockage et peut-être des lames plus généralistes (disposant de plus de mémoire). Rien n'empêche en effet d'imaginer que le châssis conçu par Bull puisse être utilisé pour des applications plus généralistes au cœur de datacenters d'entreprise.

Une première étape dans la constitution d'une gamme HPC

Notons pour terminer que Bullx n'est que la première vague d'une série de systèmes conçus par Bull pour les besoins du calcul. Si ce châssis et ses lames répondent bien aux besoins des centres de calcul en termes de nœuds de calcul fin, Bull travaille encore au développement de nœuds plus performants basés sur les futurs Xeon Nehalem-EX, attendus pour le premier trimestre 2010. Ces serveurs, connus sous le nom de code "Mesca" (voir à ce propos notre article sur les architectures Intel de nouvelle génération) devraient notamment équiper le futur supercalculateur petaflopique du CEA, Tera 100, aux côtés de nœuds Bullx, traditionnels et hybrides.

Pour approfondir sur Green IT

Close