Virtualisation : Sun assemble peu à peu ses briques

La stratégie de Sun en matière de virtualisation de systèmes x86 commence à prendre forme. Avec, d'un côté, un support accru des environnements VMware et, de l'autre, une avancée rapide des travaux de développement autour d'xVM Server, l'hyperviseur intégré à Solaris.

La stratégie de Sun en matière de virtualisation de systèmes x86 commence à prendre forme. Avec, d'un côté, un support accru des environnements VMware et, de l'autre, une avancée rapide des travaux de développement autour d'xVM Server, l'hyperviseur intégré à Solaris. Contrairement à ses principaux concurrents, qui doivent reposer sur des fournisseurs tiers, Sun entend utiliser l'avantage que lui confère la maîtrise de son propre système d'exploitation, Solaris x86, pour proposer sa propre solution Open Source basée sur Xen. Une alternative à VMware, qui, pour les entreprises qui ne sont pas forcément attachés à cet hyperviseur, pourrait permettre à Sun d'offrir des solutions de virtualisation à des tarifs très compétitifs par rapport à ses concurrents.

Un accord renforcé avec VMware...

Après avoir hésité à adopter VMware puis tergiversé quant à son mode de relation avec l'éditeur, Sun s'est enfin décidé à nouer un accord OEM avec la filiale d'EMC. Annoncé lors de VMWorld Europe 2008, cet accord va lui permettre de mieux répondre aux demandes de ses clients tout en étant plus compétitif vis-à-vis de ses grands concurrents Dell, HP ou IBM. Comme l'explique Ben Lenail en charge des partenariats de Sun avec Microsoft et VMWare, jusqu'alors la firme n'était qu'un revendeur de VMware. Cela lui permettait de fournir le logiciel à ses clients, mais dans des conditions économiques moins favorables qu'avec un accord OEM . "Pour offrir un tarif optimal, chaque offre client devait se faire sur une base personnalisée, l'accord OEM nous permet de simplifier nos processus", explique Lenail. Accessoirement, les entreprises devraient y gagner de meilleurs prix, un support plus efficace, et Sun quelques points de marge supplémentaires. Sun devrait aussi renforcer les liens entre ses équipes de développement et celle de VMware, cela permettra par exemple d'optimiser les pilotes et le support de technologies avancées comme la virtualisation d'entrées/sorties. Sun devrait notamment fournir les pilotes pour supporter en mode virtualisé (IOV) sa puce Gigabit et 10Gigabit Ethernet parallélisée Neptune (issue des développements de la puce UltraSparc Niagara 2). Il est à noter que la firme mène un effort similaire pour Solaris, dans le cadre du projet "CrossBow" (voir le site du projet CrossBow ou lire l'excellent papier sur le blog de Nicolas Droux chez Sun)

... qui n'éclipse pas les développements en cours autour de xVM Server

Cet amour pragmatique pour VMware n'empêche pas Sun d'avancer rapidement sur xVM Server pour plates-formes x86, sa propre offre d'hypervision basée sur Solaris et Xen. xVM Server x86 est attendu pour le mois de juin, de même que les outils d'administration associés (xVM Ops Center), et il sera intégré en standard dans Solaris, comme c'est déjà le cas de la version bêta pour les distributions actuelles d'Open Solaris. Comme cela devient une habitude chez Sun, les codes sources de xVM Server et de xVM Ops Center seront rendus publics et les deux logiciels seront gratuits (seul l'offre de support sera payante). xVM Server sur plates-formes x86 sera bien sûr capable de supporter des environnements virtualisés Solaris, mais aussi Windows (du fait des accords d'interopérabilité signés avec Microsoft) et Linux. Sun fournira les pilotes nécessaires pour assurer des performances optimales de Windows et Linux. Cette optimisation des performances est l'une des raisons du rachat récent de l'allemand Innotek, qui dispose d'un vrai savoir faire d'optimisation des performances en environnement virtualisé. Il est à noter que l'arrivée de xVM Server devrait sonner le glas de technologies de compatibilité bancales comme BrandZ (l'aptitude à faire tourner des applications Linux dans un conteneur Solaris). 

XVM Ops Center, un parapluie d'administration signé Sun 

XVM Ops Center est curieusement sorti dans le courant du mois de février dans une version ne supportant pas les environnements virtualisés. Cette mouture 1.0 fournit des outils d'administration de système, de gestion de correctifs et de déploiement. Comme l'explique Vijay Sarathy, le directeur du marketing des produits xVM, "cette mouture fournit un framework solide pour intégrer le support de la virtualisation". Elle inaugure aussi une nouvelle forme d'interface pour Sun. Comme l'avoue Sarathy, "historiquement Sun n'a pas une excellente réputation en matière d'interfaces graphiques et ce produit est pour nous une vraie percée". En termes de calendrier, Sun devrait proposer une version bêta avancée du logiciel aux environs de JavaOne, une version capable de gérer aussi bien les environnements xVM, que VMware. Elle gérera les environnements physiques, les VM dans Sun xVM Server x86 et Sparc ainsi que les environnements systèmes fonctionnant dans les containers de Sun.

Une offre de virtualisation pour le bureau

  Sun entend aussi mettre en avant son offre de virtualisation de postes de travail. Avec les produits issus du rachat de Tarantella, le constructeur dispose d'un broker de sessions qui lui permet de distribuer des postes de travail virtualisés sur un hyperviseur VMware ou prochainement sur son propre hyperviseur. De ce point de vue, Sun est un concurrent direct des offres de Citrix et VMware. Il est à noter que les clients légers Sun Ray peuvent dans ce cadre servir de postes clients pour accéder aux PC virtualisés. En prolongement, Sun compte poursuivre les développements des outils d'Innotek pour offrir une solution complète de virtualisation des postes de travail comparable à VMware workstation. Pour s'assurer par exemple que les postes sous Solaris x86 fassent tourner sans souci des applications Linux ou Windows. S'il reste encore pas mal de travail de développement à Sun, l'été devrait permettre à la firme d'offrir l'une des offres de virtualisation les plus complètes du marché. Restera alors à renforcer l'offre d'outils de gestion des environnements virtualisés pour espérer rivaliser avec VMware. Rien que quelques centaines de millions de dollars judicieusement dépensés en rachat de start-ups ne puissent résoudre…

En savoir plus : OpenxVM, la communauté libre autour de xVM Server et xVM Ops Center

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