eBizcuss/ICLG réclame 60 M€ de dommages et intérêts à Apple

Le principal partenaire Apple Premium Reseller français va vraisemblablement disparaître dans les semaines qui viennent. Mais il ne compte pas se laisser abattre sans réclamer le prix de son éviction.

Apple m’a tuer ! Comme il l’avait annoncé, le principal partenaire Apple Premium Reseller français a déclenché le 11 avril dernier deux procédures, l’une devant le tribunal de commerce pour concurrence déloyale, abus de position dominante et abus de dépendance, l’autre devant l’Autorité de la concurrence pour abus de position dominante et abus de dépendance. Dans le cadre de la première, il réclame 60 M€ de dommages à Apple essentiellement pour la perte de la valeur de son fonds de commerce.

Car la société, acculée au dépôt de bilan, accuse Apple d’être responsable de sa débâcle. Lors d’une conférence de presse tenue ce jour, François Prudent, son PDG, et ses avocats n’ont pas mâché leurs mots : ils ont parlé de « comportement parasitaire » à propos d’Apple, de multiples procédés « d’exclusion » et de « pratiques s’apparentant à du détournement de clientèle ». Ils ont ainsi dénoncé ses « défauts d’approvisionnement », mais également les « effets de ciseaux sur les prix » ou ses « libertés prises en matière de communication ».

Interpelé sur la question de savoir s'il avait suffisamment anticipé l’arrivée des magasins Apple en France, François Prudent a expliqué que le rachat l’année dernière de l’enseigne belge MacLine avait justement été conçu dans le dessein de financer le rédéploiement d’ICLG en France. Non encore soumise à la concurrence directe des stores Apple, l'enseigne affiche en effet un résultat de l’ordre de 5% du chiffre d’affaires et une activité qui suit la courbe de celle d'Apple (contrairement à ICLG, dont les ventes ont chuté de 30% au troisième trimestre 2011).

« Nous sommes conscient qu’il y a une articulation à trouver entre Apple Premium Resellers (APR) et Apple Retail Stores (ARS) et que certains de nos magasins en concurrence trop frontale avec ceux d’Apple auraient pu fermer ». Encore aurait-il fallu qu’Apple accepte que l’enseigne ouvre de nouveaux points de vente pour compenser les fermetures. Or elle assure que la dizaine de projets qui lui ont été soumis au cours des dix-huit derniers mois ont tous essuyé un refus.

Evidemment, ces procédures vont prendre du temps : environ deux ans et demi pour le tribunal de commerce, estiment les avocats d'eBizcuss, cinq mois pour les mesures conservatoires pour l’Autorité de la concurrence et un an et demi sur le fond. D’ici là l’enseigne aura vraisemblabement disparu. Privée d’encours et lâchée par les banques, elle est insolvable. Elle déposera un dossier de cessation de paiements avant la fin de la semaine.

Sa trésorerie devrait néanmoins encore lui permettre de tenir quelques semaines, le temps de trouver espère-t-elle un repreneur. « On va demander que la procédure collective soit orientée vers une solution de reprise du fonds commerce et des salariés par un candidat », glisse François Prudent, qui convient que l’éventuel repreneur « ne pourra être qu’un candidat agréé par Apple et travaillant étroitement avec ce dernier ». Ce qui limite évidemment le champ des possibles.

Néanmoins, un repreneur devrait rapidement se manifester car la probabilité qu’Apple laisse fermer les magasins d’un groupe qui pèse 90 M€ de CA et emploie 190 salariés est faible. Cela peut paraître paradoxal tant elle semble s’acharner sur ses partenaires mais la marque à la pomme continue d’œuvrer en coulisse pour préserver le réseau existant d’APR (il y en a actuellement une soixantaine) et même le développer.

« Son ambition affichée est d’atteindre 75 à 80 APR », assure un connaisseur. Mais Apple entend décider de tout y compris de ceux qui auront le privilège de poursuivre leur route au côté de la marque. eBizcuss paye peut-être aujourd’hui la trop grande indépendance qu’elle a pu lui marquer par le passé.

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