VMworld 2008 : Unisys et NEC dévoilent un serveur x86 à 96 coeurs

Alors que les grands serveurs x86 ont le vent en poupe, NEC et Unisys donnent dans la démesure avec un grand serveur capable d'accueillir jusqu'à 96 coeurs processeurs et 1To de mémoire vive. La nouvelle machine est le fruit d'une collaboration entre les deux constructeurs qui a donné naissance à un nouveau chipset d'interconnection permettant d'assembler plusieurs cellules processeur autonome en un grand système NUMA.

Assiste-t-on peu à peu à l'émergence d'une nouvelle génération de grands serveurs x86 ? Après le grand retour des serveurs à huit socket chez Sun et HP, voici que NEC et Unisys donnent dans le gigantisme avec un nouveau serveur capable d'accueillir jusqu'à 16 puces Xeon « Dunington », soit un total de 96 coeurs. 

Comme a l'accoutumée pour ce genre de machine, le développement du nouveau serveur a nécessité la conception d'un chipset spécifique permettant d'aggréger plusieurs cartes mères à 4 processeurs en un seul et même grand système. Ce chipset permet d'interconnecter jusqu'à quatre noeuds serveurs au travers d'un crossbar. Ce crossbar ne permettant pas d'assurer des liens point à point n à n, l'interconnexion entre deux noeuds se fait en maintenant l'uniformité de la mémoire, tandis qu'au delà de deux noeuds, ce sont des concept de type NUMA qui sont mis en oeuvre. Le chipset assure alors des taches essentielles comme la gestion de la mémoire  et la cohérence de cache à l'échelle du système. 

L'étonnant dans la démarche de NEC et d'Unisys est que l'on attendait plutôt ce genre de grand système pour 2009 avec l'arrivée des Xeon « Nehalem EP », les successeurs des Xeon « Dunington » utilisant le bus point à point QuickPath (QPI). L'architecture de QPI permet en effet de simplifier le développement de grands serveurs en insérant un commutateur QPI entre les différents noeuds (une approche que devrait utiliser Bull pour ses futurs serveurs Itanium, mais aussi dans le monde HPC pour la constitution de « fat nodes » à base de puces x86 et que pourrait aussi utiliser HP pour ses futurs systèmes Itanium). NEC et Unisys ont fait le choix de développer un chipset utilisant le bus partagé des Xeon, un bus qui devrait s'éteindre fin 2009. Des représentants du constructeurs rencontrés lors de VMworld ont toutefois indiqué que le fabricant travaille sur une future version de son système. Selon toute vraisemblance, cette prochaine génération, qui pourrait arriver en 2010, s'appuierait sur un chipset assurant la commutation entre plusieurs systèmes à bus QPI. Unisys s'est toutefois refusé à confirmer de façon ferme cette information, se contentant d'indiquer que c'était une voie qui "faisait sens".

Des caractéristiques dignes de certains serveurs Unix

Côté NEC, le nouveau serveur hérite de l'appelation NEC Express5800/A1160, tandis qu'il s'appellera ES7000 modèle 7600R chez Unisys. Concrètement chaque cellule de quatre processeurs peut accueillir indifféremment des puces Xeon 7300 « Tigerton » ou Xeon 7400 « Dunnington » avec pour seule contrainte, l'uniformité des processeurs par cellule. Chaque cellule supporte pour l'instant un maximum de 128 Go - 256 Go en 2009 avec l'arrivée de barettes mémoire de 8 Go – et dispose de 6 connecteurs PCI Express pour les entrées/sorties. Il est également possible d'ajouter un cabinet optionnel disposant de 32 slots PCI-Express additionnels. Ces caractéristiques permettent aux deux constructeurs d'aligner un grand système x86 à 96 coeurs disposant de 512 Go à 1 To de mémoire et de 56 connecteurs d'extensions, ainsi que de fonctions de partitionnement avancées (à l'échelle du coeur CPU). De quoi faire face aux applications les plus exigeantes et aux besoins de consolidation les plus "farfelus", mais aussi de quoi concurrencer bien des grands serveurs Unix.

Le tout fonctionne sous Windows Server 2008, avec le support de certaines fonctions prévues pour la R2 de l'OS notamment l'ajout et le retrait de ressources à chaud, mais aussi sous VMWare ESX Server 3.5 Update 2 (avec correctifs), Red Hat Server, Novell SLES 10 et Windows 2003 Server (sans les fonctions d'ajout de ressources à chaud). Bien sûr certaines limitations s'appliquent. Par exemple, ESX Server ne sait pas gérer plus de huit sockets processeurs, il faut donc partitionner physiquement le serveur avant d'installer l'hyperviseur. Même problème avec Suse ou Red Hat : les deux OS sont supportés sur l'ensemble des 96 coeurs, mais les fonctions de virtualisation ne peuvent supporter qu'un maximum de 64 coeurs. Quant à Hyper-V il plafonne aujourd'hui à 16 coeurs...

Les tarifs annoncés par Unisys vont de 26 430 $ à 135 000$ selon la configuration, plus cher qu'un serveur x86 traditionnel, mais sensiblement moins cher qu'un serveur Unix équivalent...

En savoir plus :

la présentation de l'ES 7000 Modèle 7600 R sur le site d'Unisys

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