Finatech se rêve en héraut des services marocains

Un back-office pour la France, mais pas seulement. Quelques hommes d'affaires marocains tentent, en agrégeant des PME locales, de mettre sur pied un acteur local des services, Finatech. Un acteur capable de toucher les marchés européens en direct.

rsefrioui2Le Maroc avait ses centres de services implantés par des prestataires occidentaux avec l'aide du gouvernement (dans le cadre du plan Emergence), il rêve maintenant d'avoir ses propres SSII. A l'image de son rival et modèle indien et de ses Infosys, Wipro et autre TCS. C'est en tout cas l'ambition de Othman Benjelloun, président de FinanceCom, un important conglomérat local présent dans la banque (BMCE Bank), l'assurance et les télécoms, associé à Rachid Sefrioui (en photo ci-contre) et Abdou Bensouda. Après avoir lancé un fonds d'investissement à Los Angeles en 2000, Finaventures - activité qu'ils conservent -, ces deux derniers tentent désormais de mettre sur pied, à coup de rachats, un groupe de services informatiques dont le barycentre se situerait de l'autre côté de la Méditerranée : Finatech.

L'ambition d'opérer des rachats en Europe

Depuis la fin 2007, le groupe Finatech a racheté des participations majoritaires dans 18 sociétés du royaume, des PME spécialisées dans les infrastructures réseau, les systèmes de paiement et les applications Internet et de gestion de la relation client. "Notre ambition est de créer un groupe marocain multimétier qui pourra se développer à l'international", explique Rachid Sefrioui, le Pdg de Finatech, par ailleurs ex directeur général de la banque d'affaires Wafatrust. Finatech Group a également pris des participations dans neuf sociétés américaines spécialistes des semi-conducteurs et des nanotechnologies, toutes implantées dans la Silicon Valley. Le groupe emploie aujourd'hui quelque 600 personnes (pour un chiffre d'affaires annoncé de 60 à 65 millions d’euros en 2008).

Au-delà de la constitution de ce back-office au Maroc - et de sa rationalisation, le groupe prévoyant de regrouper ses métiers dans 4 ou 5 filiales -, Finatech vise aussi une implantation en Europe. "Nous sommes en train d'acquérir des SSII occidentales pour renforcer le groupe avec des front-office européens sur deux activités, les services aux entreprises, notamment au secteur financier, et le B2C", explique Rachid Sefrioui qui dit étudier quatre cibles en parallèle, dont une employant 500 ingénieurs. Avec l'espoir de conclure un voire deux rachats d'ici à la fin de l'année.

Un salaire de 1 100 euros par mois chargé

Finatech est aujourd'hui capitalisé à hauteur de 40 millions d'euros, apporté à 70 % par FinanceCom. Ce dernier avait déjà investi dans une coentreprise avec Steria, initiative débouchant sur l'ouverture d'un centre de services à Casablanca, Medshore. Finatech entend réaliser un second tour de table à la rentrée, essentiellement auprès d'autres institutionnels du royaume. Avec l'espoir de lever 50 à 100 millions supplémentaires. Rachid Sefrioui visant in fine une introduction en bourse (à Casablanca) en 2009.

Le Maroc forme aujourd'hui quelque 1 500 ingénieurs par an, avec l'ambition de porter ce total à 10 000 d'ici trois ans afin de se positionner comme une plate-forme de services (BPO et ITO) offshore à l'image de l'Inde. "Les besoins en compétences IT sont énormes. Si le Maroc n'en récupère que 10 %, c'est déjà colossal pour le pays", estime Rachid Sefrioui. Aujourd'hui, un ingénieur est payé localement quelque 1 100 euros charges comprises.

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