Microsoft revient plus tendrement à l’assaut de Yahoo

Nouveau rebondissement dans le feuilleton Yahoo/Microsoft : après avoir joué le méchant dans le premier acte, Microsoft se pare presque de la tunique du chevalier blanc. Et rabaisse ses prétentions pour proposer au portail - malmené par ses actionnaires et en position de faiblesse dans ses discussions avec Google – un partenariat sans rachat total.

[Article mis à jour le 20 mai 2008 - Des détails ont finalement filtré sur le projet proposé par Microsoft qui apparait encore plus improbable que les scenarii que nous évoquions dans l'article ci-dessous que nous conservons cependant en y apportant les précisions ci-dessous.

En fait il ne s’agirait pas d’une prise de participation minoritaire et d’un partenariat fort sur la publicité mais bien d’une cession partielle d’actifs demandée à Yahoo croit savoir le Wall Street Journal ! Proposée de manière peu formelle quoique pressante – aucune proposition écrite n’a été envoyée – l’idée repose sur la séparation des activités de Yahoo autour d’une part de la recherche et d’autre part de la monétisation publicitaire. Microsoft récupérerait la totalité d’une des deux activités et investirait de manière minoritaire dans la seconde. Problème : difficile de voir quel pourrait être l’intérêt tant de la direction que des actionnaires de Yahoo, dont certains sont pourtant en désaccord avec la stratégie du groupe. Selon le WSJ l’accueil de la proposition a d’ailleurs été plutôt frais… Reste que la direction est peut-être plus déstabilisée qu'elle ne le laisse croire]

Mais à quoi jouent Microsoft et Yahoo ? En relançant l’idée d’un rapprochement par l’intermédiaire d’un rachat partiel d’actifs, l’éditeur semble de nouveau souffler le chaud autour du portail en situation de plus en plus précaire.

Officiellement, il s’agit toujours de contrer Google en envisageant « avec Yahoo une alternative prévoyant une opération qui ne serait pas une acquisition de l'ensemble du portail ». Aussitôt ce dernier s’est dit ouvert… à toutes alternatives favorables à ses actionnaires.

Quelques semaines après un échec retentissant qui n’aura servi aucun des deux protagonistes, tout le monde aurait donc mis de l’eau dans son vin. Microsoft revient pour partie sur son engagement à tourner la page et Yahoo ne fait plus de Microsoft un partenaire inenvisageable.

Un accord commercial plutôt que capitalistique

Et Google a peut-être involontairement apporté la solution ! Au plus fort de l’offensive de Microsoft, le numéro un des moteurs de recherche avait signé une promesse de partenariat commercial avec Yahoo. Il s’agissait de tester la distribution des liens publicitaires contextuels de Google sur 3% du trafic lié au moteur Yahoo. L’opération aurait bien permis l’optimisation des revenus pour le portail et les discussions se poursuivent pour aller très vite plus avant. Reste que les autorités protégeant la concurrence sont en alerte et que l’on voit mal une association commerciale des numéro un et deux de la recherche aux Etats-Unis passer sans encombre sous les fourches caudines de celles-ci.

En revanche, en terme de parts de marché, le même montage alliant cette fois Yahoo à Microsoft serait sûrement envisageable, à l'ombre du mastodonte Google ! Et c’est sans doute – en sus du lien capitalistique – ce à quoi songent Microsoft et Yahoo en reprenant langue.

Ambiance délétère au conseil d'administration

Nombre d’obstacles subsistent cependant. En premier lieu au sein du conseil d’administration de Yahoo. Une partie des investisseurs reproche à Jerry Yang une position dogmatique, qui a eu pour conséquence de fermer la porte à toute négociation. Du coup certains – et pas des moindres – s’organisent.

C’est le cas de Carl Icahn, milliardaire mécontent, qui envisage de se lancer dans un "proxy fight", bataille des mandats ayant pour but de convaincre les actionnaires de modifier le rapport de force au sein du conseil d’administration du groupe. Il a déjà racheté 59 millions d'actions Yahoo et proposera 10 nouveaux administrateurs pour remplacer le board actuel lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires du portail, le 3 juillet. Il pousse donc à une reprise des négociations de rachat avec Microsoft. Mais certainement pas en vue d’une cession partielle !

Pour Microsoft, la nouvelle donne apparaît comme une forme dégradée de la précédente puisqu’il s’agit de parler de rachat partiel, là où l’offre initiale portait sur la totalité de l’actif. Pas vraiment une attitude de numéro un mondial du logiciel que l’éditeur est pourtant depuis de longues années. Reste que cette ouverture représente un double avantage : d’un côté, en se montrant respectueux et souple sur la forme de l’accord, Redmond tord le cou à l’idée qu’il souhaite dépecer Yahoo de sa culture et rassure actionnaires et effectifs du portail ; de l’autre il jette le trouble chez Yahoo - et surtout auprès ses actionnaires - en proposant une alternative aux dangereuses discussions avec Google.

Né un 3 juillet ?

Tout se jouera sans doute au moment de l’assemblée générale du portail. La lutte pourrait même être à front renversé, avec d’une part Microsoft et la direction de Yahoo proposant un partenariat stratégique fort sans fusion et de l’autre Carl Icahn poussant à une solution de cession de Yahoo dans un ensemble favorable à Google.

Un pari : Icahn agissant comme un repoussoir et Google apparaissant trop puissant, Ballmer et Yang s’entendraient pour un accord commercial stratégique qui, s’il s’avérait profitable, valoriserait au delà de l’offre initiale un Yahoo qui accepterait alors de se vendre dans quelques mois.

En reformulant sa proposition Microsoft a ainsi pris soin de préciser qu’il « se réservait le droit de reconsidérer (ndlr : son renoncement à un rachat pur et simple de Yahoo) en fonction du tour que prendraient les futurs discussions avec Yahoo ou ses actionnaires ou des tiers ». La saga est encore loin de son épilogue.

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