Yahoo : Microsoft pressant et de nouveau éconduit

Microsoft et Icahn veulent dépecer Yahoo ; Yahoo propose de se faire racheter totalement par Microsoft ; Icahn promet de se calmer contre un hochet au conseil d’administration : Yahoo est toujours au cœur d’un imbroglio de plus en plus opaque. Seule certitude : le portail s’en sortira difficilement indemne.

Fin de semaine riche pour Microsoft et Yahoo, toujours dans leur jeu du chat et de la souris. La bataille des mandats qui ne dit pas son nom fait pourtant rage à quelques jours maintenant de l’assemblée générale qui doit décider de l’avenir du portail, l’un des acteurs historiques du web. Vendredi, une nouvelle offre a été formulée par Microsoft cette fois clairement attelé à Carl Icahn, le milliardaire actionnaire mécontent de Yahoo.

Offre et contre-offre

Le plan est toujours le même, mais avec quelques précisions. Microsoft lorgne plus que jamais sur l’activité recherche du portail et son audience mirifique – la première aux Etats-Unis quoique talonnée par Google ces derniers mois. Elle recelle en effet un important potentiel publicitaire et offre aussi des débouchés aux futurs produits et services en ligne de l’éditeur.

Pour ce qui est du « reste » de l’activité de Yahoo, Microsoft prendrait une participation et prévoirait une réorganisation… sous l’égide de Carl Icahn. L’énième plan à peine connu, a été une nouvelle fois rejeté par Yahoo par l’intermédiaire d’un Roy Bostock – président du groupe – moins polémique mais tout aussi déterminé que Jerry Yang.

Selon la direction, l’alliance Ballmer/Icahn n’est qu’opportunisme et n’apporterait rien à Yahoo. Tout au contraire, le portail affirme avoir re-proposé à Microsoft une discussion sur la vente totale du groupe à 33$ l’action (une valorisation de 47,5 milliards de dollars), soit la dernière offre de Microsoft en mai au moment de renoncer. Yahoo serait aussi prêt à ne céder que la partie recherche mais pour un prix plus important. Autant de « mains tendues » promptement repoussée par Microsoft qui fait désormais du départ de la direction une condition à toute tractation.

Tout ce jouera donc début août, au moment où les actionnaires de Yahoo auront à se prononcer sur le mandat  à donner à leur conseil d’administration. Deux lignes s'opposeront : celle de la direction – le canal historique - qui souhaite poursuivre l’aventure autonome, quitte à s’adosser à Google et celle de Carl Icahn qui veut renouveler le conseil pour pouvoir reprendre les négociations avec Microsoft.

Des tractations permanentes

Reste que selon le Wall Street Journal, ces dernières n’ont jamais vraiment cessé. Les avocats des deux sociétés continuent de se parler directement et d’échanger des documents tant sur le niveau des offres que sur des éléments futurs  de gouvernance. L’agenda est également clé.

Selon le quotidien économique, Yahoo s’est plaint du peu de temps qui lui a été donné pour analyser la dernière offre, sachant qu’entre le rachat partiel, les revenus garantis pour l’avenir sur la partie restante ainsi que le niveau de la participation capitalistique de Microsoft et son engagement opérationnel le résultat pourrait être particulièrement compliqué.

De son côté Microsoft ferait le forcing pour pouvoir annoncer une opération avant l’annonce de ses résultats annuels 2008, prévus le 17 juillet. Par ailleurs, tout en s’impliquant dans la dernière offre de Microsoft, Icahn aurait également proposé à la direction de Yahoo un retrait de son offensive contre quatre sièges au futur conseil d’administration. Sans succès.

Au final, Yahoo aura sans doute perdu énormément de choses durant ce premier semestre 2008. Et ce n’est sans doute pas fini. Si la direction est défaite, le portail passera sous la coupe de Microsoft. Mais si elle est confirmée les choses ne seront pas pour autant réglées. L’accord signé avec Google place Yahoo dans une position de dépendance vis à vis du moteur de recherche et surtout de suspect au yeux de l’antitrust américain qui s’est sérieusement emparé du dossier. Il reste donc beaucoup à perdre pour l’ex-fleuron du web.

Pour approfondir sur Editeurs

Close