GSM : la peur des ondes s'étend, le Grenelle des antennes sous pression

Après la condamnation en appel de Bouygues Télécom et celle, plus récente, de SFR, à démonter des antennes relais, l’Académie Nationale de Médecine vient de monter au créneau pour contester ces décisions de justice. Le débat sur la question, promis pour le 26 mars, promet d’être houleux avec, en toile de fond, la réflexion sur l’attribution d’une quatrième licence 3G.

536magit 156 antennesJusqu’ici, il y avait, d’un côté, des riverains de relais de téléphonie mobile, soutenus par les associations les Robins des Toits et Priartem notamment, et, de l’autre, les opérateurs. Récemment, la justice a donné satisfaction aux premiers, au travers de deux jugements, condamnant Bouygues Télécom puis SFR à démonter des antennes relais. Les Robins des Toits n’ont pas manqué de se réjouir de ces décisions de justice, lesquelles ont poussé Nathalie Kosciusko-Morizet à proposer un Grenelle « light » des ondes le 19 mars.

L’Académie Nationale de Médecine vient de jeter un lourd pavé dans la mare, intervenant dans un dossier, ouvert au carrefour des années 1990 et 2000, et sur lequel elle était restée, jusque là, silencieuse. Dans un communiqué, l’Académie s’en prend vivement aux récentes décisions de justice, prévenant « contre une interprétation subjective du principe de précaution » et exprimant ses inquiétudes sur « la prééminence du ‘ressenti’ du plaignant » ainsi que sur l’utilisation « dévoyée du principe de précaution [qui] risque de conduire à une quête illusoire du ‘risque zéro’. »

Une justice incompétente ?

pict2224Développant son propos, l’Académie dénonce des décisions de justice n’ayant « retenu, parmi l’ensemble des études disponibles sur le sujet, que celles allant dans le sens du plaignant. » Et de fustiger un rapport BioInitiative, notamment mis en avant par les Robins des Toits, en citant les commentaires du Health Council des Pays-Bas, lequel estime que ce rapport « n’est pas un reflet objectif et équilibré des connaissances scientifiques disponibles. »

Plus loin, l’Académie accuse la Cour d’Apple de Versailles, qui a condamné Bouygues Télécom en appel, de s’appuyer sur « une erreur scientifique manifeste en prenant en compte le ‘risque démontré’ de champs d’extrêmement basses fréquences émis par ces antennes [relais] », alors qu’elles « émettent exclusivement en hautes fréquences » et que « le risque d’exposition aux champs d’extrêmement basses fréquences n’est pas considéré par le Centre International de Recherche sur le Cancer [Circ] comme démontré. »

Dans ce contexte, et alors que l’indépendance de plusieurs rapports publics sur le sujet a été mise en cause, les résultats définitifs – maintes fois retardés et promis pour 2009 - de l’enquête épidémiologique Interphone, précisément conduite par le Circ, feront probablement l’objet de toutes les attentions.

Un phénomène de société

p10http://beta.lemagit.fr/wp-content/uploads/2010/10/fib6v2ltuuxfphnmyucq42cj4xjei4qc.jpgEn attendant, et alors que la téléphonie mobile s’est développée à grande vitesse dans l’Hexagone, la phobie des ondes des antennes relais semble s’étendre dans la société. Dans les Landes, des parents d’élèves se sont récemment mobilisés contre 9 antennes situées à proximité d’une école ; une démarche à laquelle les opérateurs et de nombreux élus locaux de France ont pu être confrontés avec plus ou moins de vigueur au cours de ces derniers années.

Face à la montée de la défiance à l’égard des ondes radios, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’état à l’Economie numérique, avait promis un Grenelle « light » des ondes pour le 19 mars prochain. Ce sera finalement pour le 26 mars, sous son égide ainsi que sous celle de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. Martin Bouygues, patron de l’opérateur éponyme, a de son côté saisi la balle au bond pour suggérer un moratoire sur l’éventuelle attribution d’une quatrième licence 3G dont il ne veut pas.

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