Jonathan Schwartz, ex-Pdg de Sun : "ce que je ne pouvais pas dire"

L'atypique ex-Pdg de Sun, très porté sur l'écriture, a ouvert un blog pour raconter ce qu'il ne pouvait pas raconter quand il était en poste. Un de ses derniers billets jette une lumière crue sur l'usage des porte-feuilles de brevets par les grands de l'IT. Steve Jobs, Bill Gates et Steve Ballmer n'en sortent pas grandis.

Jonathan Schwartz a quitté l'attelage Oracle-Sun en février, une fois la fusion entérinée par la Commission européenne. Mais il conserve son goût pour l'écriture : l'homme au catogan, qui avait annoncé sa démission sur Twitter, a créé un blog intitulé "Ce que je ne pouvais pas dire" (sous-entendu en tant que Pdg de Sun).

Un de ses derniers billets jette une lumière assez crue sur l'utilisation des porte-feuilles de brevets par les principaux acteurs de l'IT. Ainsi, raconte-t-il ce coup de téléphone de Steve Jobs en 2003. Alors que Sun vient de dévoiler le projet Looking Glass (environnement 3D pour Linux, Solaris et Windows), le patron emblématique d'Apple le menace de poursuites, arguant du fait que Sun violerait la propriété intellectuelle d'Apple sur ce type d'interfaces. Réponse de Schwartz, selon sa propre présentation des faits : "MacOS est maintenant construit sur Unix. Je pense que Sun a quelques brevets sur l'OS aussi".

Gates et Ballmer réclament des royalties sur OpenOffice

Même équilibre de la terreur lors d'une réunion chez Sun, entre trois des principaux responsables de la société (Scott McNealy, alors Pdg, Greg Papadopoulos, alors directeur technique, et Jonathan Schwartz) et le duo à la tête de Microsoft (Steve Ballmer, Bill Gates). "Alors que nous prenions place dans notre salle de conférence de Menlo Park (Californie, ndlr), Bill (Gates donc, ndlr) a zappé les banalités d'usage et a attaqué directement : "Microsoft a la main sur le marché des suites bureautiques et nos brevets couvrent tout OpenOffice (suite bureautique libre soutenue par Sun, NDLR)". Et les dirigeants de Microsoft de proposer à Sun de passer l'éponge contre le paiement de royalties sur chaque téléchargement de la suite bureautique Open Source. Réponse de Sun, selon Jonathan Schwartz qui qualifie le procédé de "racket" : "nous avons examiné .Net, et vous piétinez un grand nombre de brevets déposés pour Java. Donc, qu'allez-vous nous payer pour chaque exemplaire de Windows ?". L'équilibre de la terreur, encore.

Des illustrations d'un système très permissif

Si, dans ce billet, Jonathan Schwartz s'attribue le beau rôle, il n'illustre pas moins sans fard l'utilisation des porte-feuilles de brevets par les grands noms de l'informatique. Des outils utilisés tant comme armes offensives (comme quand Apple lance une plainte contre HTC) que défensives (pour instaurer un équilibre avec un assaillant). Le permissif système de dépôt de brevets américains a été l'objet de nombreuses critiques, y compris de certaines sociétés qui y ont massivement recours.

Jonathan Schwartz prévoit également d'écrire un livre racontant son expérience de dirigeant dans la Silicon Valley.

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