France Télécom : Stéphane Richard se taille un état major sur-mesure

Le jeu des chaises musicales, au sommet de l’exécutif de France Télécom, vient de toucher à son terme. Les personnalités et leurs fonctions sont désormais officiellement connues. Avec, bien sûr, la nomination de Christine Albanel à la communication et aux contenus. Mais, globalement, sans trop secouer l’organigramme, Stéphane Richard semble avoir placé ses pions à certaines fonctions stratégiques.

« Revigorer l’entreprise avec la promotion des talents internes – Thierry Bonhomme, Jean-Paul Cottet, Delphine Ernotte – et l’intégration de talents externes – Christine Albanel, Pierre Louette, et Bruno Mettling. » Ce sont deux des ambitions affichées par Stéphane Richard avec son casting pour la direction du groupe France Télécom. Mais l’affiche peut laisser dubitatif.

Pour Thierry Bonhomme, la nomination en tant que vice-président exécutif en charge des réseaux, opérateurs, et de la recherche et développement, ressemble effectivement à une simple promotion : depuis 2006, il dirigeait la R&D du groupe. Même chose pour Jean-Paul Cottet, directeur de l’activité Entreprise du groupe France Télécom, en France, depuis 2008 : il est nommé vice-président exécutif en charge du marketing et de l’innovation. Mais il quitte le domaine des entreprises pour se consacrer sur le résidentiel et le mobile (Cottet, ancien directeur de la région Ile de France, a aussi occupé précédemment le rôle de DSI de France Télécom, puis des fonctions internationales). Delphine Ernotte, quant à elle, vient du terrain, de la direction régionale Centre Val de Loire. Mais elle occupe le poste de directrice des ventes France depuis 2008. Elle s’apprête à devenir vice-présidente exécutive déléguée au marché français.

Dans cette logique de promotion interne, la surprise peut venir de Jean-Philippe Vanot, dont certains pourraient même craindre un léger contre-emploi : ancien diplômé de Polytechnique, Vanot a majoritairement occupé, jusque là, des fonctions techniques ou opérationnelles, liées notamment aux réseaux et aux systèmes d’information. Désormais, il est chargé de la qualité et de la responsabilité d’entreprise. Une fonction à spectre large recouvrant tant la qualité de service que la relation client et même l’éthique d’entreprise : Jean-Philippe Vanot dirigea en effet le comité d’éthique du groupe.

L’ombre des cercles du pouvoir politique

Du côté des talents externes, on ne peut s’empêcher de relever une forte présence d’anciens des cercles du pouvoir politique – à l’instar de Stéphane Richard, précédemment directeur de cabinet de Christine Lagarde, à Bercy. Il y a bien sûr, et très évidemment, Christine Albanel, ancienne ministre de la culture qui s’est notamment illustrée dans sa défense malheureuse du projet de loi dit Hadopi sur les droits d’auteurs et droits voisins à l’heure d’Internet. Mais il faut aussi compter avec Jean-Yves Larrouturou (48 ans). Sorti de l’ENA et de l’IEP, le nouveau vice-PDG en charge de l’international, a rejoint le groupe France Télécom en 2003, après 15 ans passés au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, d’abord au Trésor, puis en tant que directeur de la communication à partir de 2001. Pierre Louette (47 ans), un autre ancien de l’ENA et de l’IEP, patron de l’AFP depuis 2005, fut conseiller d’Edouard Balladur, Premier Ministre de 1993 à 1995. Bruno Mettling (51 ans), également passé par l’IEP, et aujourd’hui nommé vice-président exécutif du groupe France Télécom, est passé par plusieurs ministères. Avant de devenir inspecteur des finances en 1991, au moment où Stéphane Richard quittait cette fonction pour rejoindre le cabinet de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’industrie et du commerce extérieur. Pour mémoire, Stéphane Richard, aujourd’hui âgé de 49 ans, a fait partie de la promotion 1987 de l’ENA.

Mais est-ce vraiment une surprise que celui que nos confrères de Challenges qualifiaient en septembre dernier de « pur produit de l’excellence à la française » ne veuillent s’entourer que de personnes au parcours comparable ? Dans les colonnes de nos confrères, le 10 septembre dernier, Stéphane Richard reconnaissait d’ailleurs sans ambages avoir organisé son atterrissage à la direction de France Télécom avec Nicolas Sarkozy, soulignant, pour sa défense, se « flatter de quelques compétences autres que mon amitié avec le chef de l’État. »

Les autres forces vives du casting

Reste que la direction de la communication de France Télécom oublie de mettre en exergue quelques autres recrues de ce casting qui n’en présentent pas moins un profil intéressant. Mais peut-être était-il de bon ton de ne pas trop insister sur des personnalité peut-être porteuses d’un certain héritage Lombard. On relèvera ainsi Gervais Pellissier, qui conserve ses fonctions de directeur financier. Mais aussi Vivek Badrinath, ancien de Thomson India, et directeur technique depuis 2004. Dans la nouvelle équipe, il sera chargé des activités entreprises de l’opérateur. Après, il sera affecté à l’intégration des filiales à l’étranger. Ancien de Sagem Communication, Georges Penalver va notamment s’occuper des opérations de co-innovation, et de leur vitrine : les Orange Labs de Pékin, San Francisco et Tokyo. Olaf Swantee, ancien directeur des ventes EMEA chez HP, entrée chez France Télécom en 2007, se chargera de l’Europe et du sourcing.

Raoul Riverato, vice-président exécutif en charge des nouvelles opportunités de croissance, ancien de Global One et d’Equant, mais aussi bras droit de Didier Lombard, gardera ses fonctions. Enfin, Olivier Barberot, un autre ancien de Thomson, qui rejoint France Télécom en 2003, va devoir continuer de gérer les négociations avec les syndicats jusqu’à la fin de l’année.

Sans s’en prendre nommément à qui que ce soit, le syndicat CFE-CGC/UNSA déplore, dans un communiqué, « le maintien […] des principaux responsables de la crise sociale », ce qui, selon lui, « ne facilitera pas la reconstruction avec les personnels de l’entreprise. » Et de s’interroger, en outre, « sur la capacité de l’équipe dirigeante à mettre en œuvre le droit d’inventaire que [Stéphane Richard] réclame. »

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