Power 7 : Et si la concurrence venait des puces x86 de nouvelle génération ?

IBM a enfin abattu ses cartes avec le lancement de ses premiers serveurs à base de Power7. Et le moins que l'on puisse dire est que les premiers benchmarks publiés par Big Blue impressionnent. Suffisamment pour douter de ce que pourront être les ripostes d'HP et Sun. D'autant que les caractéristiques de l'Itanium "Tukwila", récemment annoncé, laissent songeur et que la prochaine riposte de Sun ne pourra se faire que sur l'entrée/milieu de gamme avec l'UltraSparc T3.

Les premiers benchmarks du Power7 illustrent l’avance technologique prise par Big Blue sur ses grands concurrents en matière de processeurs. Sur un benchmark basique comme SPEC CPU, qui mesure la performance brute d’une machine en calcul entier et en calcul en virgules flottantes, le Power7 explose tous ses rivaux. Ainsi, un système quadri-sockets équipé de puces Power7 octo-coeurs à 3,55 GHz affiche un score SpecInt Rate de 1060, soit l’équivalent d’un système Unisys utilisant 16 processeurs Intel Xeon 7460 (avec un score de 1049) ou d’un système Numa SGI à base de 4 noeuds serveurs bi-processeurs Xeon 5570 (score de 999). A titre de comparaison, il faut 64 puces Itanium 2 à 1,6GHz pour obtenir un score de 1648, soit 16 fois plus de processeurs pour un score à peine 60% meilleur.

Et les résultats sont similaires en virgules flottantes. En fait, si l’on s’intéresse au rapport performances/prix/consommation, la vraie menace pour le Power7 devrait être le futur Opteron 6100 et les puces Xeon 75xx d’Intel, tous deux attendus pour la fin mars. Un système octo-sockets Opteron actuel affiche en effet un score de 735 SpectInt Rate, un score que devrait logiquement améliorer l’Opteron 6100, mais sur un système à 4 sockets. Or, un serveur Power 750 avec quatre puces à 3,55 GHz devrait coûter aux environs de 200 000$, alors qu’il ne faut dépenser que 64 000 $ pour un système octo-sockets Opteron comme le Proliant DL785. Une comparaison injuste ? Peut-être, quoique le DL785 n'a plus vraiment les caractéristiques d'un serveur x86 basique et qu'un certain nombre de ses capacités rappellent celles d'un serveur Unix d'entrée de gamme. De plus, le Power7 écrase tellement les puces Risc (et Epic) concurrentes, que les projecteurs se braquent naturellement sur les seuls systèmes encore capable de rivaliser en performances, le haut de gamme des serveurs x86.

 

spec cpu

Seuls les serveurs octo-socket à base de puces Opteron "Istanbul" et les système Numa de SGI soutiennent encore un peu la comparaison en matière de rapport performances/prix avec le Power 750 aux tests SPEC CPU

Performances Java : le Power750 laisse ses concurrents RISC loin derrière

Cette impression de performances est confirmée par un benchmark tel que SPECjbb 2005, qui  met en lumière la performance des systèmes pour l’exécution de workloads Java. Encore une fois, le serveur Power 750 avec 4 puces Power7 à 3,55 GHz affiche un score sans concurrence de 2,47 millions d’opérations par seconde, contre 841 380 pour un Sparc Entreprise T5440 à base de puces UltraSparc T2+. Encore une fois, les plus proches concurrents en matière de rapport performance sont les serveurs octo-processeurs x86 comme le Proliant DL 785 d’HP,  dont la dernière mouture à base de puces Opteron hexa-coeurs «Istanbul» obtient un score de 1,98 millions d’opérations par seconde, pour un coût trois fois inférieur à la machine d’IBM.  Dans trois mois, il y a fort à parier qu’un score similaire, sinon meilleur, sera obtenu par les systèmes quadri-sockets à base de puces dodeca-coeurs Opteron 6100 «Magny-cours». Et les systèmes quadri-sockets à base de puces Xeon 7500 ne devrait pas être en reste.

 spec jbb
Seul le Proliant DL785, un serveur octo-socket Opteron "Istanbul", parvient à s'approcher du Power 750 sans donner dans le gigantisme. Ses performances sont environ 20% inférieures mais au tiers du prix.

Notons enfin que l’écart entre système x86 et Power 750 reste impressionnant au benchmark SAP SD. Big Blue affiche ainsi un score de 85220 SAPS pour son dernier serveur quadri-socket, alors que le premier concurrent crédible dans sa catégorie, un Sun Fire X4640 Sous Solaris et Oracle 10g a besoin de huit puces Opteron 8435 de génération «Istanbul» pour atteindre 55070 SAPS. Un écart sans doute suffisant pour justifier son coût sur ce type d’application critique.

 

sapsd

Le Power 750 affiche des résultats impressionnants au benchmark SAP SD

Bien sûr HP devrait répondre prochainement au lancement du Power7 avec de nouveaux systèmes à base d’Itanium quadri-coeur «Tukwila» et Sun fourbit son UltraSparc T3 pour le second semestre. A en juger par les premières caractéristiques de Tukwila, HP devrait toutefois avoir toutes les peines du monde à rivaliser en performances avec Big Blue.  Comme le souligne HP, il n’y a pas que la performance brute, l’environnement d’exploitation et l’expertise des utilisateurs sur une plate-forme jouent aussi un rôle important dans le choix des utilisateurs.

Quelle sera la réponse d'HP et Sun ?

Mais pour la première fois depuis longtemps, l’écart en matière de rapport performance/consommation devrait être tel qu’HP devra déployer des trésors d’intelligence et d’architecture pour enrayer la progression de Big Blue. A ce sujet, on devrait en savoir bien plus au printemps, HP ayant promis d’annoncer ses systèmes à base de puces Itanium «Tukwila» dans les 90 jours suivant le lancement de la puce. Sun, de son côté, peut espérer contrer Big Blue sur le rapport performance/prix/watt avec l’UltraSparc 3, mais faute de plus d’informations, il est difficile de spéculer sur ce que vaudront vraiment les serveurs à base de cette puce.

De même, Fujitsu va sans doute devoir mettre les bouchées doubles sur le développement de ses puces Sparc64, si l’alliance Sun/Fujitsu entend riposter à IBM sur le terrain des performances en milieu et haut de gamme. Sun conserve en outre un atout dans son jeu par rapport à HP et IBM, du fait de l'existence même de Solaris x86, qui pourrait lui permettre de contrer Big Blue sur l’entrée/milieu de gamme avec des offres combinant ses serveurs x86, son OS Unix et la pile logicielle d’Oracle.

Une chose est sûre : le lancement du Power7 remet la pression sur l'ensemble des concurrents d'IBM et devrait les forcer à clarifier leurs stratégies. On devrait sans doute y voir un peu plus clair d’ici l’été ou l'automne.

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