Grand Emprunt : le numérique devient l’une des cinq priorités nationales d’investissement

Un peu plus de dotation que prévu et surtout une réaffirmation de son importance pour l’avenir : Nicolas Sarkozy a choisi de faire du numérique l’une des priorités en matière d’investissement lié au Grand Emprunt. Comme le lui avait soufflé la commission Juppé-Rocard. Une promotion qui fait la part belle au très haut débit, à la numérisation du patrimoine et aux partenariats public/privé.

Les jeux sont faits concernant le Grand Emprunt, avec finalement peu de différences entre les décisions d’investissements poussées par le Président de la République et les propositions de la commission Juppé/Rocard il y a quelques semaines. Au total, la participation publique se montera à 35 milliards d’euros (13 milliards en provenance des remboursements d’aide aux banques, 22 milliards empruntés par le Trésor sur les marchés). Il s’agit donc de la fourchette basse envisagée au début de l’opération, mais Nicolas Sarkozy compte sur un effet de levier des aides publiques sur les investissements privés pour porter l’effort à 60 milliards d’euros.

Cinq domaines d’intervention ont été définis : l’enseignement et la formation, la recherche, l’industrie et les PME, le numérique, le développement durable. Seule différence par rapport aux préconisations de la commission Juppé/Rocard : la répartition des fonds est légèrement plus favorable à la dimension numérique avec 4,5 milliards d’euros, contre 4 milliards dans les recommandations initiales.

L’avenir est au haut débit et à la numérisation du patrimoine

Sur ce montant, 2 milliards seront consacrés au déploiement d’un réseau très haut débit. Et ils seront vite dépensés, si l’on en croit Nicolas Sarkozy, qui a affirmé qu’un plan d’aménagement du territoire lié au haut débit serait présenté dans les prochains jours en conseil des ministres, un plan qui sera « l’équivalent du plan téléphone mis en place dans les années 70 ».

Autre poste important du développement numérique selon Nicolas Sarkozy : la numérisation du patrimoine (musées, bibliothèques, cinéma…), qui se verra allouer 750 millions d’euros. Surtout le Président de la république – sans le nommer – a coupé l’herbe sous le pied de Google qui se fait fort de numériser livres et autres ouvrages gratuitement. Nicolas Sarkozy a martelé que ce patrimoine numérique devait demeurer en France, en faisant du sujet une question « d’identité nationale ». Pour ce faire, les organismes dotés devront privilégier les partenariats public-privé. De manière générale pour le numérique, 1 euro apporté par l’Etat devra être abondé de 2 euros par les partenaires privés, par exemple les opérateurs pour ce qui concerne le très haut débit.

Rien d'apparent pour le logiciel

Reste un grand absent pour le secteur : l’industrie logicielle. Certes cette dernière est potentiellement concernée par les investissements promis au plateau de Saclay et à ParisTech – partie importante des 11 milliards prévus pour l’enseignement – ou encore par les efforts de numérisation, mais n’apparaît pas nommément dans la bouche du Président de la République. Le logiciel était déjà absent du plan numérique 2012 – qui trouve dans le Grand Emprunt matière à financement. A l’époque, les représentants du secteur s’en émouvaient. Depuis, ils ont, semble-t-il, reçu quelques garanties sur l’existence d’un effort, même peu visible. En réaction aux préconisations de la commission Rocard/Juppé, Patrick Bertrand, le président de l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), estimait récemment dans nos colonnes qu’avec « le cumul innovation, éducation et numérique, on retrouve un niveau tout à fait satisfaisant ».

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