Yves Pellemans, directeur technique d'APX : Le cloud redonne ses lettres de noblesse à l'intégration

A l'occasion d'un entretien avec LeMagIT, Yves Pellemans revient sur le lancement par l'intégrateur de vPack, une offre de cloud d'infrastructure privé vendue en mode opex et facturée à la VM.

Vers la fin du mois de mai, l‘intégrateur français APX a dévoilé une offre de cloud privée originale baptisée vPack. L’offre vPack s’appuie sur les composants serveurs et réseaux de Cisco, sur les baies de stockage VNXe et VNX d’EMC et sur l’offre de virtualisation de VMware. Cette offre dimensionnée pour supporter de 25 à 200 machines virtuelles a été pensée pour les PME et constitue un complément aux offres pré-intégrées vBlock qu’APX commercialise par ailleurs.

À l’occasion d’un entretien avec Yves Pellemans, le directeur technique d’APX, LeMagIT a pu faire le point sur cette offre mais aussi sur les raisons qui ont amené la société à la mettre en œuvre.

 yvespellemans
Yves Pellemans, directeur
technique d'APX

LeMagIT : vous avez annoncé fin mai le lancement de l’offre de cloud privé vPack. Quelles sont les raisons qui ont poussé un intégrateur comme APX à se lancer dans des offres de ce type ?

Yves Pellemans : Nous sommes engagés dans la virtualisation depuis 2004, notamment parce qu’elle permet à nos clients de réduire leurs coûts. Chaque année, nous réalisons un tour de France pour rencontrer nos clients et plus de 80 % de nos projets sont des projets de virtualisation.

Notre intérêt pour le cloud privé est simple. Nous sommes un intégrateur, pas un opérateur ou un hébergeur. Nos clients nous consultent pour les aider à simplifier leurs infrastructures. En s’appuyant sur notre expertise, on a donc cherché à concevoir et à mettre en production des infrastructures standardisées chez nos clients, qui sont pour l’essentiel des comptes qui ont de 500 à 5 000 utilisateurs. 

LeMagIT : Pourquoi le choix d’EMC, Cisco et VMware ?

Y.P : Nous avons choisi des technologies éprouvées sur le marché. Il nous fallait des briques adaptées à la vente d’infrastructures en mode service et il fallait que le rapport coût / fonction soit acceptable. Chaque brique doit être efficiente. Nous aurions pu nous satisfaire, comme beaucoup, de fournir des briques en mode capex ou en mode opex via un financement, mais on a été plus loin.

Avec vPack, nous installons l’infrastructure directement chez le client, et nous fournissons les services d’intégration, de maintenance, de support et de help-desk. Le tout est assorti d’un contrat garantissant la disponibilité de l’infrastructure.

Quant à la facturation, elle est simple : nous facturons à la machine virtuelle. Tout est inclus pour que le client puisse créer ses VM et on facture à la VM sur la base d’un engagement minimal. Chaque VM est facturée 130 € par mois pour peu que son taux de disponibilité ait été supérieur à 99,99 % (sinon elle n’est pas facturée, N.D.L.R.).

LeMagIT : ce tarif est valide quelle que soit la taille de la VM ?

Y.P : La seule condition que nous imposons est une utilisation raisonnable, à savoir que nos clients respectent un ratio de 50 % de VM de type « utilities » et 50 % de type « Workload ». Nous avons essayé de rendre l’usage aussi transparent que possible. Par exemple nos clients peuvent allumer des VM de test pour peu de temps. Il faut qu’une VM soit allumée pendant au moins 5 jours pour qu’elle soit facturée.

LeMagIT : Pourquoi avoir choisi Cisco et EMC pour cette offre ?

Y.P : Cisco est venu nous présenter son offre de serveur très tôt, même avant leur lancement, et nous avons cru à leur modèle. Ils ont eu la chance de partir sans avoir à gérer un historique. Force est de constater que le modèle d’architecture qu’ils proposaient nous plaisait beaucoup. On s’est aussi rendu compte qu’il nous faudrait du temps pour l’imposer dans les datacenters. Mais l’intérêt de l’approche « service profile » des serveurs UCS est tel qu’on a poursuivi notre évangélisation.

Pour nous, Cisco est le dernier « pure player » serveur. C’est important pour un intégrateur car cela veut dire que l’on peut associer ses machines à n’importe quel stockage. Tous les autres constructeurs nous poussent à souscrire à leur approche intégrée. Alors qu’avec Cisco et EMC, on peut bâtir nos propres configurations en prenant le meilleur de la brique de stockage et des solutions serveurs innovantes. Cela s’adapte bien à notre métier d’intégrateur qui consiste à proposer des solutions sur mesure pour nos clients. Par exemple, on a avec vPack une option dans laquelle la capacité de stockage du vPack peut être aussi mise à disposition des autres pans de l’infrastructure serveur de l’entreprise. Et facturée à l’usage.

offres vpack apx 2LeMagIT : Comment va évoluer l’offre vPack ? Comptez-vous aller au-delà de l’infrastructure pure ?

Y.P : Les vPack seront le symbole des offres packagées en mode opex d’APX.  D’ici la rentrée, on détaillera une roadmap ambitieuse pour cette offre. Car nous voulons développer nos offres packagées en mode as a service. On proposera par exemple du vPack EU (virtualisation du poste de travail en mode VDI) pour nos clients. Ce n’est pas anodin : APX infogère aujourd’hui près de 1,2 million de postes de travail.

LeMagIT : Cela ne vous éloigne-t-il pas à terme de votre métier d’intégrateur ?

Y.P : Nous sommes et nous restons un intégrateur. Nous ne sommes ni un hébergeur, ni un opérateur. Nous vivons des projets d’intégration chez nos clients qui nous apportent le volume qui nous permet de vivre. D’un autre côté, nos services récurrents permettent de préserver la marge et comptent aujourd’hui pour 45% de nos revenus. Cet équilibre est essentiel si l’on ne veut pas subir les affres qu’ont connus d’autres acteurs trop liés à certains constructeurs et qui ont été victimes de la course au volume.

Ce qui me rassure est qu’il y a encore dix-huit mois, certains voyaient les intégrateurs comme des acteurs de volume avec peu de valeur ajoutée. On nous mettait en concurrence avec des mécanismes d’enchères inversées sans accorder de valeur à nos métiers. Le cloud nous a rerendu « sexy » : parce qu’avant de faire un cloud, il faut les compétences pour le concevoir. Et les mois à venir devraient vite révéler qui se borne à repeindre une offre d’infogérance, et qui est réellement capable de gérer du changement.

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